Bien avant que les urnes ne se (re?) mettent à parler, et en dehors des coups d'Etat " soft ", des aspirants au pouvoir dans les pays arabes ne trouveront plus l'équivalent de la place "Tahrir". Plus personne ne tente cette aventure. Il y en a qui ont essayé mais les populations refusent de les écouter, quelles que soient les raisons. En Algérie comme ailleurs du moins pour le moment. Il est toujours tentant que les oppositions y voient un nouveau mécanisme de légitimation de l'accès au pouvoir, à savoir être porté par les populations, mais, il ne suffit pas de l'espérer. C'était une nouvelle forme de dé légitimation des pouvoirs en place qui devait s'inscrire ainsi dans la tradition. Quand bien même que le pouvoir en place fut porté par des élections et qu'il ne pouvait nullement souffrir de la moindre des causes de son " renvoi ", son mandat étant loin d'être épuisé, il suffisait que l'opposition batte le rappel de ses électeurs ou de ses militants pour effectuer un coup d'Etat sous le prétexte de la volonté populaire. De tels changements, on l'a vu, ne se traduisaient pas seulement par l'arrivée de nouvelles équipes , mais aussi par le passage d'une dictature non islamiste, à une dictature islamiste en attendant une autre forme de coup d'Etat. Rien ne garantit que cette nouvelle forme d'accès au pouvoir fasse triompher la démocratie. Pratiquement, il en est ainsi pour tous les pays arabes qui ont connu ce genre de changement. Pourrons-nous admettre que la sortie massive et durable des populations dans la rue ne sera plus renouvelée dans les pays arabes ? Il semble qu'il n'y a plus de " place Tahrir " qui jouera le rôle de rampe de lancement vers l'appropriation du pouvoir. Ce n'est plus la peine de tenter à faire sortir les populations. Pour les oppositions, ni les places " Tahrir " ni les meetings ne rapporteront gros. On avait bien cru avec la chute de Moubarak que la place " Tahrir " allait remplacer tous les bataillons du monde, car il s'agirait de manifestations non violentes et quand les mouvements sont non violents, le gouvernement ne saura quoi faire car on ne réprime pas un mouvement non violent.(du moins cela devrait-il être ainsi). C'est l'interminable durée de manifestations non violentes qui met les pouvoirs dans l'embarras et renforce leur inquiétude. Quelle parade opposer à la non violence ? Les pouvoirs en place sauront bien légitimer la répression contre des mouvements qui incitent à la violence, aussi leur faudrait-il " télé commanditer " quelques actions de violence pour enfin justifier la répression. La tendance était celle de construire une place " Tahrir " dans chaque pays arabe. A l'examen du cas égyptien, on pourrait dire que tous les régimes arabes qui ont accédé au pouvoir suite à ce qu'ils nomment la "révolution " vont tout faire pour que n'existent plus jamais des places " Tahrir ". De toute façon, dorénavant, il y aura une " place Tahrir " dans la tête de chaque citoyen arabe. Uniquement dans la tête.