C'est peut-être trop tard pour Morsi mais, maintenant, tous les régimes islamistes arabes qui ont accédé au pouvoir suite à ce qu'ils nomment la «révolution» vont tout faire pour que n'existent plus jamais des «places Tahrir». C'est de là que les foules les ont amenés au pouvoir, c'est de là que les foules les délogeront du pouvoir. Les foules qui voudront obtenir le changement feront de ces «places Tahrir» les instruments de changement des régimes en place. A ceux qui agissent comme si le pouvoir serait issu des manifestations sur cette place, les régimes nés des manifestations auront à vouloir dynamiter cette sorte de stratégie de renversement. Les opposants veulent dynamiser tandis que les pouvoirs émergents (islamistes) veulent dynamiter. Les régimes veulent empêcher que ne s'instaure une nouvelle tradition, à savoir que tombe le régime en place, c'est-à-dire le leur, dès que l'opposition veut se créer une «place Tahrir». Il faudrait également empêcher que ne s'instaure une nouvelle tradition, à savoir qu'interviennent les forces occidentales pour renverser le régime, c'est-à-dire le leur, en place dès que l'opposition s'avère déterminée à faire chuter ce dernier. Comment devraient-ils faire pour empêcher qu'à chaque fois que les populations sortent manifester leur mécontentement dans la rue, il n'y ait pas la propension étrangère et aussi nationale à croire que vont se reconstituer des «places Tahrir» ? La «place Tahrir» existera-t-elle dans chaque pays et à chaque manifestation durable, surtout si celle-ci est réprimée et que s'en suit un lot de victimes ? Comment devraient-ils procéder également pour qu'en absence de solution arabe, les puissances occidentales n'en saisissent pas l'opportunité pour des interventions militaires qui ne font qu'aggraver la situation intérieure avec pour implication des menaces de guerres civiles ?