Après deux jours de discussions "constructives" à Genève, les protagonistes du conflit armé en Libye sont tombés d'accord pour mettre fin aux hostilités et former un gouvernement d'union nationale, dans le but de sortir ce pays du chaos dans lequel il s'est enfoncé depuis fin 2011. Dans un communiqué publié vendredi par l'ONU qui parraine ces négociations, la force des Nations unies pour la Libye (Minsul) a annoncé que les 14 parties prenantes du conflit libyen, réunies depuis mercredi à Genève, étaient parvenues à un accord sur un agenda en vue de former un "gouvernement d'unité". Au cours de ce premier cycle de discussions, les participants ont appelé aussi toutes les parties à "cesser les hostilités pour créer un environnement positif pour le dialogue" et "permettre à l'Etat d'affirmer son autorité sur les infrastructures vitales du pays", selon le document. Ils ont demandé notamment la "libération des détenus illégalement, que la question des déplacés et des réfugiés soit traitée, la réouverture des aéroports et la liberté de mouvement dans le pays", ajoute la même source. D'après le communiqué de l'ONU, les discussions de Genève ont été "constructives" et ont été menées dans une "atmosphère positive". Ces négociations visent à mettre fin au chaos sécuritaire et à l'anarchie institutionnelle qui règnent en Libye depuis la chute de Maamar El-Gueddafi en octobre 2011. Depuis, le pays est passé sous la coupe de milices d'ex-rebelles qui se disputent les territoires de ce pays et la manne pétrolière. La situation s'est aggravée ces derniers mois avec deux gouvernements et deux Parlements parallèles, et les deux plus grandes villes du pays, Tripoli et Benghazi (Est), sont tombées entièrement ou partiellement aux mains de milices. En conséquence, l'économie libyenne a été durement touchée par l'effondrement de la production de pétrole, passée à plus de 1,5 million de barils par jour avant la révolte de 2011 à quelque 350 000 en décembre après des attaques contre des terminaux pétroliers dans l'Est. La banque centrale a fait état cette semaine d'un déficit budgétaire de 18,6 milliards de dollars pour l'année 2014.
Fajr Libya annonce une trêve sous condition Les participants à la réunion de Genève ont regagné vendredi la Libye pour des consultations. Ils doivent se retrouver la semaine prochaine sans doute mardi. Ceux qui avaient été invités et n'ont pas participé à ce cycle sont encouragés par l'ONU à se joindre aux discussions, a-t-on indiqué de source proche du dossier. Peu après la fin du premier round de négociations, une importante coalition de milices libyennes, Fajr Libya, qui contrôle notamment Tripoli, a annoncé un "cessez-le-feu" sur tous les fronts à condition que "les autres parties respectent la trêve". Cette milice fait notamment référence aux forces du général Khalifa Haftar, alliées au gouvernement reconnu par la communauté internationale, contraint de se réfugier dans l'est du pays quand Fajr Libya s'est emparée en août de la capitale Tripoli et dont l'autorité est contestée par un gouvernement parallèle. Fajr Libya, qui ne participe pas aux négociations de Genève, s'est engagée vendredi "à ouvrir des couloirs de sécurité pour la fourniture d'une aide humanitaire", tout spécialement pour Benghazi, la deuxième ville du pays qui échappe au contrôle du gouvernement reconnu par la communauté internationale. Fin août, Fajr Libya avait propulsé Omar al-Hassi Premier ministre, à la tête d'un gouvernement parallèle au gouvernement reconnu par la communauté internationale. Le Parlement sortant, le Congrès général national (CGN), basé à Tripoli et qui a approuvé le gouvernement d'Omar al-Hassi, n'a toutefois pas participé aux négociations à Genève. Bernardino Leon, le Représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Misnul, avait précisé que "toutes les parties qui sont engagées dans une Libye stable et démocratique à travers des moyens pacifiques" avaient été invitées à Genève.
L'armée annonce à son tour un cessez-le-feu L'armée libyenne a annoncé dimanche un cessez-le-feu, comme l'a fait il y a deux jours la milice Fajr Libya, pour soutenir les négociations de Genève en faveur d'un règlement du conflit qui déchire ce pays livré aux milices depuis la chute de Kadhafi. L'état-major de l'armée libyenne annonce un cessez-le-feu sur tous les fronts, qui est entré en vigueur dimanche à minuit (22H00 GMT), selon un communiqué. Elle souligne toutefois que cette trêve ne concerne pas les opérations menées contre les terroristes, en référence aux groupes islamistes radicaux armés qui opèrent dans l'est et le sud du pays. Le porte-parole de l'état-major, le colonel Ahmed Mesmari, a indiqué que cette décision avait été prise pour soutenir les négociations de Genève, affirmant que l'armée se tient à égale distance de tous les groupes politiques en Libye et qu'elle n'est pas partie prenante dans les négociations. L'armée s'engage à poursuivre son devoir de protéger le peuple libyen, à assurer la sécurité et la stabilité du pays et de combattre le terrorisme et l'anarchie quelle que soit l'issue de ces négociations, a ajouté le colonel Mesmari. Fajr Libya avait annoncé vendredi un cessez-le-feu sur tous les fronts. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait salué dans une déclaration auparavant la décision de cessez-le-feu de Fajr Libya. Dans cette déclaration, le Conseil de sécurité a fait part de son soutien à la tenue la semaine prochaine à Genève d'une deuxième session des pourparlers de l'ONU sur la paix en Libye et demandé instamment à tous les belligérants d'y prendre part. A l'issue de la première session, l'ONU avait annoncé que les participants étaient parvenus à un accord sur un calendrier en vue de former un gouvernement d'union. Ces annonces de cessez-le-feu doivent conforter les efforts de l'ONU en vue de persuader les principaux acteurs du conflit de négocier la fin des combats.
L'impératif d'une solution politique souligné au Caire La crise libyenne a été évoquée lors d'une réunion, jeudi au Caire, du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères, en présence du chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra. Lors de l'examen du rapport du secrétaire général de la Ligue Arabe sur "le phénomène du terrorisme et son impact sur la sécurité régionale arabe", le Conseil avait souligné l'impératif d'"une solution politique pour le règlement de la crise en Libye, à la faveur d'un dialogue inclusif entre belligérants libyens, à l'exclusion des groupes terroristes". Dans ce contexte, Ramtane Lamamra s'est dit "satisfait" du résultat de la réunion du conseil sur la Libye et de la qualité des débats qui ont démontré le caractère complexe de la crise libyenne. Il a, en outre, appelé les parties libyennes à conjuguer leurs efforts "dans le cadre d'une approche pacifique pour accélérer la solution consensuelle tant escomptée par le peuple libyen frère".