C'est aujourd'hui qu'aura lieu, en Sardaigne, le premier sommet entre l'Algérie et l'Italie, pour discuter des moyens de renforcer la coopération entre les deux pays. "Une coopération qui se renforce de jour en jour, à la faveur de la signature, en 2003, d'un traité d'amitié et de bon voisinage entre l'Algérie et l'Italie", a déclaré, hier, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, dans une interview accordée à l'agence de presse italienne ANSA. "Les choses évoluent dans le sens de l'instauration d'un véritable partenariat économique. Cette évolution est favorisée par le retour de la paix et de la stabilité en Algérie où les entreprises italiennes sont de plus en plus nombreuses à s'installer", affirme Bouteflika. La coopération bilatérale entre les deux pays a été, notamment, impulsée lors de la visite en Algérie, en novembre 2006, du président du Conseil italien, Romano Prodi, qui a fait du développement des relations avec les pays de la Méditerranée, et en particulier avec l'Algérie, une priorité. Plus de 120 entreprises italiennes sont, en effet, implantées en Algérie qui , de son côté, est l'un des principaux partenaires de l'Italie, notamment dans le domaine énergétique. Entre 2002 et 2006, le chiffre d'affaires des entreprises italiennes les plus importantes a augmenté de 400 %. Leur participation dans la réalisation de projets en Algérie s'est faite pour un montant de 3,5 milliards de dollars. L'Algérie a enregistré des flux d'investissements directs de 40 millions d'euros dans les hydrocarbures et par le biais de la participation italienne dans les programmes algériens de privatisation. L'Italie occupe ainsi la cinquième place en tant que "pourvoyeur" de l'Algérie en investissements directs, et la seconde place en tant que client et fournisseur. Cependant, l'Algérie demeure le premier fournisseur de gaz de l'Italie, notamment à travers le gazoduc Galsi devant relier l'Algérie à l'Italie à partir de 2009. Ce deuxième gazoduc sous-marin, qui s'ajoutera au premier gazoduc Enrico-Mattei, doit acheminer 8 milliards de m3 de gaz par an du champ gazier de Hassi R'mel, dans le Sahara algérien, vers la Sardaigne, pour aboutir ensuite en Toscane, dans le centre de l'Italie et qui constituera, selon le président Bouteflika, "le deuxième cordon ombilical qui reliera les deux pays et qui scellera leur communauté de destin". Par ailleurs, en ce qui concerne l'émigration clandestine, un problème que vivent les pays de l'UE mais aussi l'Algérie, pays de transit, origine mais aussi destination de l'immigration clandestine, le président de la République a déclaré que ce phénomène "doit être traitée dans la sérénité, à travers une coopération saine entre les Etats concernés, dans le respect de la dignité humaine et de la souveraineté de chacun. C'est ce que l'Algérie a entrepris avec un certain succès avec ses partenaires africains et qu'elle envisage de poursuivre avec ses partenaires de la rive nord". Néanmoins, cela n'a pas empêché l'arrivée de nombreux émigrants clandestins algériens en Italie, par voie maritime surtout depuis l'est du pays, au cours des derniers mois. S'il est vrai que les raisons en sont évidemment connues et identifiées, les solutions envisagées, selon Bouteflika, sont encore loin de répondre à la complexité et à la sensibilité d'une problématique aux dimensions multiples. "La solution à ce phénomène ne peut naturellement bénéficier d'un traitement exclusivement sécuritaire. Le lien à établir entre émigration clandestine et développement me semble évident et il y va de notre intérêt à tous d'œuvrer ensemble pour donner à ce lien sa pleine mesure" expliquera Bouteflika. Le développement économique et social constitue, de ce point de vue, la réponse la plus pertinente à ce phénomène mondial. Mais les résultats n'en seront ressentis que dans une perspective à long terme. "Dans l'immédiat, il me parait sage de conjurer les perceptions irrationnelles de cette question et qui conduisent parfois à son instrumentalisation politique" ajoutera-il. A une question concernant la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, ainsi que la fusion annoncée du GSPC avec Al-Qaïda Maghreb, et sur le risque d'un retour aux violences du terrorisme, le président a affirmé que "les résultats de la politique que j'ai menée depuis lors sont aujourd'hui visibles, en particulier en ce qui concerne le recul de la menace terroriste ainsi que l'amélioration continue de la situation sécuritaire avec ce qu'elle a entraîné comme incidences positives sur le plan social, le climat des affaires et le retour des investissements". Néanmoins, la menace d'une résurgence du terrorisme est toujours là et, selon les explications du président, elle s'étend non seulement à l'ensemble du Maghreb, mais en fait à l'ensemble de la planète. Concernant les élections locales, et la situation politique en Algérie, le président Bouteflika a déclaré à ce sujet que "cette participation s'exerce au quotidien dans le cadre d'institutions élues démocratiquement où siègent légalement diverses tendances politiques". C'est dans ce cadre que s'inscrivent les prochaines élections locales qui constituent, selon lui, "une étape importante dans le renouvellement des institutions élues et contribuent à la consolidation des acquis de la démocratie dans notre pays".