Au moment où le mouvement de protestation se poursuit contre l'exploitation du gaz de schiste dans le sud du pays, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, reste rassurant en affirmant que l'Etat doit continuer dans sa politique énergétique, et ce, dans le but d'assurer son développement économique. Ainsi, auditionné, avant-hier, par la commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification au niveau de l'APN sur le programme de l'exploitation du gaz de schiste, le ministre de l'énergie a insisté sur la nécessité d'assurer l'avenir énergétique du pays. "Nous devons garantir notre autonomie énergétique pour les années à venir. Avoir de l'énergie supplémentaire est nécessaire pour garantir le développement économique et social de notre pays". C'est en ces termes que le ministre a tenté de justifier le recours à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels. L'exploitation du gaz de schiste, dira Yousfi, est un choix inéluctable pour garantir la politique énergétique de l'Etat à long terme, d'autant que le pays ne dispose pas d'autres alternatives sur lesquelles s'arcboute le développement économique. " Ce choix a été fait pour ne pas mettre le pays dans une situation difficile ", a-t-il ajouté avant de souligner qu'il est " hors de question d'amener le pays vers un endettement extérieur, ou bien vers l'importation d'un produit que nous pouvons produire aisément chez-nous ". Ce choix porté sur le schiste est également justifié, ajoute M. Yousfi, par le coût élevé des énergies renouvelables. " L'exploitation de ces hydrocarbures est 20 fois moins chère que le solaire ou l'éolien pour la production de l'électricité ", a-t-il encore expliqué, rappelant toutefois un programme de production 12000 MW d'énergie verte d'ici 2030. S'agissant de l'impact du schiste sur l'environnement, le ministre a mis en garde contre les " rumeurs " qui courent sur cette question et il a assuré que toutes les énergies issues des hydrocarbures sont extraites des roches.
L'Algérie n'est qu'en phase d'évaluation de ses réserves Egalement, le ministre a indiqué que l'Algérie n'était qu'en phase d'évaluation de ses réserves de gaz de schiste, une étape qui va s'étaler sur quatre années. "Actuellement, nous sommes en phase d'évaluation des techniques d'extraction et d'étude de rentabilité commerciale du bassin d'Ahnet", a déclaré M. Yousfi. Le ministre a précisé, à ce propos, que Sonatrach n'a procédé au forage des deux puits pilotes d'Ahnet (In Salah) qu'après avoir obtenu l'autorisation de l'Agence nationale de valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft). Ces puits ont été forés conformément à la réglementation relative à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, prévue par la nouvelle loi sur les hydrocarbures, a-t-il expliqué. A ce titre, le ministre a déclaré "ne rien cacher" sur ces forages expérimentaux qui ont provoqué une vague de contestations des populations de certaines villes du sud du pays. Il a, toutefois, fait savoir que Sonatrach produit du gaz non conventionnel dans le bassin d'Ahnet depuis presque trois ans, mais qu'il s'agit, selon lui, d'une "production expérimentale" entamée en 2012 avec un volume de 40.000 m3/jour pour passer à 200.000 m3/jour en 2014, et qui va doubler incessamment pour atteindre 400.000 m3/jour. Sonatrach va maintenir cette production qui sert à alimenter une centrale électrique à In Salah, pendant quatre (4) ans, le temps qu'elle achève l'évaluation des techniques d'extraction du bassin d'Ahnet et l'étude de sa rentabilité commerciale, a-t-il affirmé.
Augmentation de la production pour l'année 2014 La compagnie nationale des hydrocarbures a réussi, pour la première fois depuis 2006, à augmenter sa production en 2014, a affirmé le ministre sans pour autant donner de détails sur le volume de la hausse. Yousfi a également déclaré que durant l'année écoulée, Sonatrach a réalisé 101 découvertes d'hydrocarbures et ce sans compter les champs dont l'exploitation n'a pas encore démarré. " Toutes ces découvertes ont permis d'augmenter les réserves d'hydrocarbures à un niveau supérieur de ce que l'Algérie a consommé durant plusieurs années", a-t-il indiqué.