Les dangers de l'exploitation des gaz et des huiles de schiste par fracturation hydraulique dans les pays qui en ont fait l'expérience, ainsi que la quasi-unanimité des scientifiques et de nombreux experts nationaux et internationaux à ce sujet, suscitent l'inquiétude, légitime, des populations du Sud algérien, notamment les habitants de In Salah, ainsi que la préoccupation de la majorité des Algériens. Nouvel eldorado énergétique et économique pour les uns, fléau écologique avec une pollution catastrophique pour les autres. En pleine inquiétude sur la perte énergétique de l'Algérie suite à la baisse des prix des hydrocarbures, sur les enjeux économiques et les risques pour l'environnement d'une source d'énergie très controversée… le gaz de schiste. L'Algérie est à un tournant décisif de son histoire, celui de la deuxième indépendance économique, qui risque d'être compromise par des décisions précipitées et pas assez concertées. Les citoyennes et les citoyens, au nom de la responsabilité, doivent imposer l'ouverture d'un champ de réflexion à toutes les bonnes volontés du pays, pour sauver l'Algérie du péril. Ainsi, l'Algérie dispose de 4.940 trillions de pieds cubes (TCF) de réserves de gaz de schiste, dont 740 TCF sont récupérables sur la base d'un taux de récupération (TR) de 15%, selon des évaluations réalisées par Sonatrach avec des compagnies pétrolières internationales sur cinq bassins sahariens, précise à l'APS une source près du groupe pétrolier national. Ces réserves récupérables ont été calculées pour les prospects d'Ahnet, Timimoun, Mouydir, Illizi et de Berkine. Avec un TR de 15%, l'Algérie occupe la 4ème position mondiale en termes de ressources techniquement récupérables, juste après les Etats-Unis (dont le TR varie entre 20 et 50% selon les gisements), la Chine et l'Argentine, ajoute la même source, citant le rapport 2013 de l'Agence internationale de l'énergie sur le gaz de schiste. Pour ce qui concerne les réserves à l'état liquide (pétrole, condensat...) dans les cinq bassins cités, elles s'élèvent à 248 milliards de barils. La même source fait savoir que ces estimations de réserves d'hydrocarbures non conventionnels ont été obtenues grâce à un plan d'action pour l'évaluation du gaz de schiste, entamé en 2009 et devant s'étaler jusqu'à 2018-2020. Ces études d'évaluation du potentiel de gaz de schiste ainsi que la conception et l'exécution des opérations de fracturation et de la stimulation des réservoirs de ce gaz non conventionnel ont été réalisées avec le concours des compagnies de service américaines. Durant la première phase de ce plan, étalée entre 2009 et 2010, le groupe Sonatrach a réalisé une évaluation régionale en exploitant les données disponibles (cartographie sismique, diagraphies, indices de forage...). En 2009, Sonatrach a réussi à consolider sa base de données en matière de schiste en acquérant des données complémentaires qui l'ont aidée à affermir les volumes en place le long des sections ciblées.
Une industrie coûteuse La phase exploitation des hydrocarbures non conventionnels "nécessite des technologies de pointe et de grandes capacités opérationnelles et financières dont dispose un nombre réduit de compagnies", indique encore la même source. C'est pour cette raison que l'exploitation du schiste appelle, généralement, à une "démarche prudente" qui consiste à faire appel à des sociétés spécialisées sous la forme d'un partenariat ciblé avec des compagnies qui ont un savoir-faire avéré, à l'instar de ce qui a été fait par de grandes compagnies comme Exxon Mobil avec XTO, Eni avec Quicksilver, BG avec Exco Ressources et Statoil avec Cheasapeake, explique-t-on. En effet, les coûts estimés pour l'exploration et le développement de schiste, en dehors des Etats-Unis, restent plus élevés en raison du manque d'équipement et des chaînes d'approvisionnement, relève-t-on de même source. A titre d'exemple, un puits vertical de 3.200 m avec un drain horizontal de 1.200 m dans les gisements de Haynesville (Etats-Unis) coûte environ 8 millions de dollars contre 14 à 16 millions de dollars pour un même forage en Pologne où l'industrie de schiste est encore immature. Evaluer ses potentialités en gaz de schiste qu'il faudrait valoriser pour les générations futures reste une bonne chose mais se tirer une balle dans le pied pour concurrencer son gaz conventionnel au moment même où les différents Etats américains et occidentaux multiplient les moratoires contre l'utilisation de la technique très controversée de la fracturation hydraulique n'est pas du tout raisonnable et surtout contreproductif. La preuve : depuis le début de ce débat, il y a eu plusieurs découvertes et pas de moindre importance en gaz conventionnel. Cette même région d'In Salah où se pratique un puits test de gaz de schiste n'a pas encore livré tous ses secrets en ressources conventionnelles. Alors pourquoi chercher ailleurs ? Dernier point, les menaces de pollution qui pèsent sur les nappes phréatiques et les nappes souterraines de l'Albien en Algérie, sont synonymes de crime contre l'Humanité. Comment peut-on prendre le risque de polluer toutes ces eaux, alors qu'elles sont les véritables richesses de l'Algérie? La technique de fracturation hydraulique, qui nécessite l'utilisation de 20 000 litres m3 par puits, mélangés à plus de 500 produits chimiques, en plus de la silice, est dangereuse. La dispersion des eaux usées une fois la fracturation de la roche, mettra en péril les nappes. Donc, on ne peut espérer le lancement de projets agricoles dans les Hauts-Plateaux, les plaines steppiques et l'extension des oasis avec des eaux polluées. Notons que ces produits chimiques sont en partie cancérigènes et provoquent diverses maladies.