Samsung Electronics, numéro un mondial des Smartphones, a annoncé la première baisse de son bénéfice net annuel en trois ans dans un marché saturé où le sud-coréen se heurte à la concurrence d'Apple et à la montée en puissance des fabricants chinois.
Le géant sud-coréen, qui a averti que l'année qui commence serait aussi délicate que l'année écoulée, a annoncé un résultat net annuel en chute pour la première fois depuis 2011. Celui-ci est ressorti à 23 400 milliards de wons (18,9 milliards d'euros) en 2014, en baisse de 23,2% sur un an. Le résultat opérationnel a baissé de 11,7%, à l'instar du chiffre d'affaires (-10%, à 206 000 milliards de wons). Pour le quatrième trimestre, le bénéfice net chute de près de 27% sur un an, à 5 300 milliards de wons (4,3 milliards d'euros) mais l'industriel a limité les dégâts grâce au secteur hautement rentable des puces mémoires. Le bénéfice opérationnel de la division des semi-conducteurs est en hausse de 35,7%. Ces résultats moroses n'ont pas empêché le groupe, qui est soumis à de fortes pressions de la part de ses actionnaires, d'annoncer une hausse de son dividende, à 19 500 wons contre 13 800 l'année précédente. Samsung Electronics est en difficulté sur le marché des Smartphones, où il est pris entre le marteau de l'iPhone 6 d'Apple s'agissant du haut du panier et l'enclume des fabricants chinois pour ce qui est du moyen et de l'entrée de gamme. Le grand rival de Samsung vient d'ailleurs d'annoncer un bénéfice trimestriel historique de plus de 18 milliards de dollars grâce aux ventes record de l'iPhone. Boosté qui plus est par l'engouement du marché stratégique chinois, l'iPhone représente désormais plus de deux tiers (68%) du chiffre d'affaires de l'américain. Le Sud-Coréen avait déjà annoncé une chute de près de 50% de son bénéfice net au troisième trimestre et de près de 20% pour le second trimestre. L'industriel, qui est en pleine restructuration avant une succession au sommet, connaît de sérieux revers après des années de croissance insolente. La série phare des téléphones intelligents Galaxy n'a pas connu les fortunes espérées auprès des consommateurs. De l'autre côté du spectre, les fabricants Huawei, Xiaomi et Lenovo ont le vent en poupe.
Samsung s'attend à une nouvelle année difficile Pour faire face, le géant coréen va considérablement réduire son offre en 2015 pour se positionner sur une gamme moins chère, plus accessible dans les pays émergents et mieux à même de faire pièce aux appareils chinois. L'industriel veut réduire d'un quart à un tiers le nombre de Smartphones qui seront lancés sur le marché en 2015 tout en augmentant la production des appareils les moins chers. Robert Yi, chargé des relations avec les investisseurs, a expliqué que Samsung avait vendu 95 millions de téléphones mobiles au dernier trimestre 2014, dont 70% de Smartphones. La rationalisation en cours devrait permettre d'accroître les ventes de téléphones au premier trimestre 2015 et de porter la part des Smartphones à 80%, a prédit M. Yi. L'année sera encore pleine de défis, a-t-il averti. "Quand on regarde 2015 globalement, nous nous attendons entièrement à ce que l'environnement soit aussi difficile que 2014". Le secteur de la téléphonie mobile sera porté par la croissance dans les marchés émergents comme l'Inde et la Chine, a commenté Park Jin-Young, vice-président de cette division chez Samsung. Les ventes de tablettes devraient également croître, poussées par le bas et le moyen de gamme. Samsung Electronics est le navire amiral du "chaebol" Samsung, vaste empire diversifié constitué de dizaines de divisions, générant au total un revenu équivalant à 20% du produit intérieur brut de la Corée du Sud. Ces dernières années, le groupe dirigé par le fils de son fondateur, Lee Kun-Hee a fusionné, scindé ou introduit en Bourse des entités en vue d'assurer la succession. Les héritiers ont besoin d'argent frais pour acquitter l'impôt sur la succession estimé par les analystes à plus de quatre milliards d'euros. Le fils de Lee Kung-Hee, Lee Jae-Yong, devrait prendre les rênes de Samsung Electronics. La valorisation boursière de Samsung avoisine les 163 milliards d'euros et le groupe compte pour près de 17% du Kospi, l'indice composite de la place de Séoul, où l'action baissait jeudi de 0,36% à 1 374 000 wons. Le groupe est en train de procéder à un rachat d'actions pour 1,7 milliards d'euros dans l'espoir de calmer des actionnaires mécontents de la chute des cours en 2014.