Le groupe Etat islamique (EI) a affirmé avant-hier qu'une otage américaine avait été tuée lors d'un raid de la coalition internationale dans le nord de la Syrie. Des frappes aériennes ont tué dans cette zone au moins 30 djihadistes, selon une ONG. Dans un communiqué publié sur des sites djihadistes, l'EI a annoncé qu'une otage américaine - identifiée comme "Kayla Jean Mueller" - a été tuée par des frappes de la coalition "sur une position en dehors de la ville de Raqa", le principal bastion de l'EI en Syrie. Le groupe djihadiste n'a pas fourni de photo du corps.
Washington affirme ne pas avoir de preuve de la mort de l'otage La Maison- Blanche a indiqué vendredi ne pas disposer pour l'instant de signe tangible de la mort d'une otage américaine en Syrie lors d'un raid de la coalition contre l'Etat islamique, annoncée par l'EI. Nous sommes évidemment très préoccupés par ces informations. Nous n'avons pas, pour l'instant, de signe tangible confirmant les affirmations de l'EI sur la mort de cet otage, a déclaré Bernadette Meehan, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC).
Sa famille s'adresse aux ravisseurs Les parents de l'otage américaine, qui aurait été tuée selon le groupe Etat islamique (EI) lors d'un raid de la coalition internationale en Syrie, ont dit être "pleins d'espoir" qu'elle est toujours en vie. Ils ont appelé ses ravisseurs à prendre contact avec eux. "Cette nouvelle nous préoccupe mais nous restons pleins d'espoir que Kayla soit vivante. Nous vous avons envoyé un message privé et vous demandons de nous répondre en privé", ont réagi tard vendredi soir Carl et Marsha Mueller, dans un communiqué publié sur NBC News. Ils précisent avoir été en contact avec les ravisseurs par le passé. "Vous nous avez dit que vous traitiez Kayla en invitée. En tant qu'invitée, sa sécurité et son bien-être sont de votre responsabilité", ont ajouté les parents de la jeune femme, enlevée par le groupe EI à Alep en Syrie en août 2013.
Au moins 30 morts L'armée jordanienne s'est contentée d'indiquer que ses avions avaient effectué des raids contre l'EI vendredi et "détruit des positions de cette organisation terroriste". Amman a promis d'"éradiquer" l'Etat islamique après l'exécution d'un de ses pilotes, fait prisonnier et brûlé vif, selon une vidéo diffusée mardi. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des frappes menées vendredi dans le nord de la Syrie par la coalition ont coûté la vie à "au moins 30 djihadistes, mais certainement plus". Cette ONG basée à Londres dispose d'un large réseau de sources civiles, militaires et médicales en Syrie.
L'ONU veut tarir les sources de financement de l'EI Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait adopter la semaine prochaine une résolution visant à tarir toutes les sources de financement du groupe Etat islamique (EI), qu'elles proviennent du pétrole, du trafic d'antiquités ou de rançons, selon un diplomate. La première mouture de ce texte, élaborée par la Russie, a été complétée après des discussions avec Américains et Européens avant d'être distribuée aux 15 pays membres. Ceux-ci en ont discuté pour la première fois à huis clos vendredi et leur réaction a été très positive, selon l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine. Il table sur une adoption dès mardi prochain. Son homologue britannique Mark Lyall Grant a indiqué qu'aucun pays n'avait élevé d'objection formelle et que le texte devrait être adopté avant jeudi. Cette résolution, a-t-il expliqué, n'apporte pas de changement fondamental mais elle montre une nouvelle fois que le Conseil est uni dans la lutte anti-terroriste et est prêt à prendre des mesures pour resserrer l'étau autour de l'EI. Le texte s'inspire largement d'une série de décisions déjà prises par l'ONU dans le cadre de sanctions (gel d'avoirs, embargo sur les armes notamment) imposées aux organisations et individus affiliés à al-Qaïda. Le Conseil avait aussi adopté en août 2014 une résolution visant à couper les fonds aux djihadistes en menaçant de sanctionner les pays qui leur achèteraient du pétrole. La résolution devait également endiguer le flux de combattants étrangers partant rejoindre l'EI en Irak et en Syrie. Ces obligations imposées aux Etats membres et reprises dans le nouveau texte sont déjà solides et contraignantes, mais l'objectif de la nouvelle résolution est de les étendre et de clarifier ce qu'elles impliquent, en particulier dans le domaine de la contrebande de produits pétroliers, explique un responsable américain impliqué dans les discussions. S'exprimant sous couvert d'anonymat, il prévoit lui aussi l'adoption du texte la semaine prochaine. Il reconnaît que faire appliquer dans les faits cette résolution juridiquement contraignante sera un défi étant donné la multitude d'intermédiaires qui font affaire avec les djihadistes. Nous espérons que ces normes et dispositions auront un véritable impact. L'une des principales nouveautés de la résolution, souligne-t-il, est une interdiction spécifique du trafic d'œuvres d'art et d'antiquités dérobées en Syrie, dont l'EI contrôle une partie du territoire. Une telle interdiction s'applique déjà à l'Irak. Tous les Etats membres, indique le projet de résolution, devront prendre les mesures nécessaires pour prévenir le commerce de biens culturels irakiens et syriens qui auraient été sortis illégalement d'Irak depuis août 1990 et de Syrie depuis mars 2011 (début de la crise syrienne) et pour assurer leur retour éventuel dans leur pays d'origine. En ce qui concerne le pétrole, le texte rappelle que les Etats membres sont tenus de ne pas commercer directement ou indirectement avec l'EI. Le Conseil leur demande de signaler à l'ONU lorsqu'ils saisissent du pétrole brut ou raffiné venu de zones tenues par les djihadistes. La résolution souligne que le trafic routier en provenance de zones tenues par l'EI permet également aux jihadistes de faire commerce d'autres richesses comme l'or, les produits agricoles ou de marchandises pillées (produits électroniques, cigarettes). Elle recommande aux Etats voisins des contrôler ce trafic, une disposition qui vise en particulier la Turquie, important point de transit pour ces livraisons pétrolières. Un rapport de l'ONU publié en novembre dernier recommandait, de manière plus radicale, de bloquer les camions citernes en provenance des territoires contrôlés par l'EI. Selon ce rapport, les djihadistes gagneraient de 850 000 à 1,65 million de dollars par jour en vendant du pétrole à des intermédiaires privés. Ces revenus ont toutefois nettement diminué récemment, à la suite des bombardements menés par la coalition et surtout de la baisse du prix du brut sur les marchés. Dans sa résolution, le Conseil recommande par ailleurs aux Etats membres de ne pas verser de rançon en cas d'enlèvement ou de prise d'otages, comme il l'avait fait en janvier 2014.
L'UE mobilise 1 milliard d'euros en plus pour la Syrie et l'Irak L'Union européenne va débloquer un milliard d'euros supplémentaires sur deux ans pour faire face aux crises en Syrie et en Irak, ainsi qu'à la menace posée par l'organisation Etat islamique (EI), a annoncé son service diplomatique. Ces fonds doivent permettre de financer une stratégie globale faite de mesures politiques, sociales et humanitaires ciblant la Syrie et l'Irak, mais aussi le Liban, la Jordanie et la Turquie, a expliqué la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini. Rassemblant des initiatives en cours et planifiées de l'UE et de ses Etats membres, ce paquet renforcera nos actions afin de restaurer la paix et la sécurité dans une région (...) dévastée par le terrorisme et la violence depuis trop longtemps, a-t-elle ajouté. La nouvelle stratégie va de l'engagement diplomatique et la fourniture de services de base jusqu'au renforcement des capacités pour développer des programmes anti -radicalisation, la lutte contre le financement du terrorisme, la prévention contre les combattants étrangers et un meilleur contrôle aux frontières, détaille un communiqué. Cette feuille de route avait été réclamée par les Etats membres, à qui elle doit être présentée en mars. Après le sursaut international provoqué par les attentats de Paris, elle a été enrichie d'un volet plus spécifiquement axé contre le jihadisme, via le renforcement de la coopération politique et sécuritaire avec les pays arabes et la Turquie, a précisé une source européenne. Les ministres européens des Affaires Etrangères s'étaient entendus en janvier pour mobiliser ces partenaires dans une lutte commune. Le seul fait d'avoir un dialogue contre le terrorisme avec l'Arabie saoudite est en soi un succès, qui permet l'échange de messages, a relevé la même source. Environ 40% de la nouvelle enveloppe financière ira à la gestion humanitaire des crises syrienne et irakienne et à la prise en charge des réfugiés, le cœur de la réponse européenne à la situation dans la région. L'UE est le premier donateur pour les victimes de la crise en Syrie, avec déjà plus de 3,2 milliards d'euros d'aide. Un effort supplémentaire sera aussi fait pour prévenir l'effet +domino+ de ces crises, en aidant les pays voisins, qui accueillent au total quelque 3,8 millions de réfugiés, à faire face à cet afflux, à assurer leur sécurité et à soutenir la résilience de leurs communautés locales. Le reste de l'enveloppe doit aller à la lutte contre le terrorisme, en renforçant notamment les actions des Etats membres et de l'UE pour endiguer le flot des combattants étrangers et aider les pays de la région à lutter contre l'extrémisme violent.
Propagande criminelle "Nous sommes très sceptiques, a indiqué le porte-parole du gouvernement jordanien. Ce n'est pas logique. Comment peuvent-ils identifier un avion jordanien d'aussi loin ? Qu'est-ce que l'Américaine faisait dans un dépôt d'armes ? Cela fait partie de leur propagande criminelle." L'armée jordanienne s'est-elle bornée à indiquer que ses avions avaient bien effectué vendredi de nouveaux raids contre l'EI et "détruit des positions (...) de cette organisation terroriste", sans préciser leur localisation.
Manifestation à Amman En Jordanie, où l'émotion est toujours à son comble après la mort du pilote Maaz al-Kassasbeh, brûlé vif dans une vidéo diffusée par l'EI mardi, des milliers de personnes ont convergé après la prière hebdomadaire musulmane pour appeler à punir le groupe djihadiste. Dans le nord de la Syrie, les combattants kurdes se sont emparés de plusieurs dizaines de villages autour de Kobané, tenus jusque-là par l'EI. Ils ont ainsi une nouvelle fois étendu leur contrôle territorial, s'emparant d'un total de 101 villages depuis qu'ils ont gagné fin janvier la bataille de Kobané face à l'EI. Par ailleurs, l'Union européenne (UE) va débloquer un milliard d'euros supplémentaires sur deux ans pour faire face aux crises en Syrie et en Irak, ainsi qu'à "la menace" posée par l'EI.