Une offensive terrestre d'envergure des forces irakiennes se dessine en Irak pour déloger le groupe Etat islamique des régions qu'il occupe au nord et à l'ouest de Bagdad, où deux attentats suicide ont fait près de 40 morts en trois jours. La capitale irakienne est à l'abri d'une attaque majeure des djihadistes mais des attentats suicide, qui sont souvent le fait d'extrémistes sunnites tels les djihadistes de l'EI, continuent de la secouer, comme celle qui a tué 14 personnes lundi dans un quartier chiite. Trois jours plus tôt, samedi, 23 personnes étaient mortes à Bagdad lors d'un attentat semblable, qui n'avait pas remis en cause la levée, le soir même, du couvre-feu nocturne en vigueur pendant des années dans la capitale, mesure que les habitants avaient fêté comme une libération. Après six mois de pilonnage aérien en Irak, d'abord en août par les Etats-Unis puis par d'autres membres de la coalition internationale, et quelques succès sur le terrain, significatifs bien que géographiquement limités, l'armée irakienne s'apprête à lancer une nouvelle offensive terrestre contre les djihadistes. Il y aura une contre-offensive terrestre majeure en Irak, a annoncé le coordinateur américain de la coalition, John Allen, à l'agence jordanienne officielle Petra. Dans les prochaines semaines, quand les forces irakiennes commenceront la campagne terrestre pour reprendre l'Irak, la coalition fournira une puissance de feu importante en soutien (de cette opération), a-t-il dit en balayant les accusations de retard dans la livraison d'armes et l'entraînement de l'armée irakienne.
Plus de 2 000 frappes Le groupe ultra-radical sunnite de l'EI a profité de la guerre en Syrie et de l'instabilité en Irak pour s'emparer de pans entiers de territoire dans ces deux pays, où il commet des atrocités dénoncées comme des crimes contre l'Humanité par l'ONU. Selon le secrétaire d'Etat John Kerry, la coalition mise en place par Washington avec l'objectif de détruire ce groupe djihadiste, a mené depuis août plus de 2 000 frappes en Irak et en Syrie et a permis de reprendre un cinquième du territoire dont l'EI s'était emparé. Les raids ont privé les insurgés de l'utilisation de plus de 200 infrastructures gazières et pétrolières, perturbé leur chaîne de commandement, mis sous pression leurs finances et éparpillé leur personnel, a-t-il dit à la conférence de Munich (Allemagne) sur la sécurité. En Syrie, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé que les combattants kurdes avaient repris à l'EI plus d'un tiers des villages autour de Kobané depuis l'expulsion fin janvier du groupe de cette ville syrienne frontalière de la Turquie. Plus de 200 villages de la région restent aux mains des djihadistes. Membre de la coalition, la Jordanie a intensifié ses raids depuis l'annonce le 3 février de l'exécution par l'EI dans des circonstances particulièrement horribles d'un de ses pilotes, capturé en décembre après une frappe en Syrie.
'Charniers' Amman a affirmé avoir détruit 56 cibles de l'EI en trois jours de frappes aériennes alors que le chef d'état-major jordanien a prétendu que ses chasseurs avaient supprimé 20% de ses capacités de combat, un chiffre invérifiable. D'abord uniquement impliqué en Syrie, la Jordanie bombarde désormais les djihadistes en Irak. Le royaume est le premier pays arabe de la coalition à frapper en Irak, en tout cas officiellement. Les Emirats arabes unis ont dépêché en Jordanie un escadron d'avions F-16 pour soutenir ce pays frère, qui a promis d'éradiquer l'EI en représailles à la mort terrible de son pilote, brûlé vif dans une cage selon une vidéo du groupe. Outre l'exécution d'otages étrangers, l'EI, fort de dizaines de milliers de combattants, a aussi recours aux décapitations, crucifixions, viols et nettoyage ethnique dans les territoires sous son contrôle. Depuis le début février, deux charniers remplis chacun d'une vingtaine de corps de membres de la minorité yazidie -hommes, femmes et enfants- ont été découverts dans le nord de l'Irak. Enfin, l'incertitude demeure sur le sort de l'otage américaine de 26 ans Kayla Jean Mueller. L'EI affirme qu'elle a été tuée dans un raid jordanien sur Raqa, son fief en Syrie, mais les Etats-Unis ont dit ne disposer d'aucune preuve de sa mort.