La publication, avant-hier, d'une liste nominative des bénéficiaires de 2.200 logements sociaux locatifs, dans la commune de Laghouat, a suscité une grande liesse, a-t-on constaté. La liste des bénéficiaires, rendue publique à travers le site électronique de la wilaya et l'affichage dans certaines places publiques, concerne des logements localisés dans les sites de Boukhenfous, El-Mahafir El-Alouiya, "la zone de haute tension" et Bordj Senouci, a précisé le chef de la daïra de Laghouat, Kamel Mâatouk. L'étude minutieuse et la finalisation de la liste nominative des bénéficiaires ont duré plus de cinq mois pour traiter un total de 27.000 dossiers, dont près de 7.000 ont été rejetées pour des raisons réglementaires, a précisé M. Mâatouk. L'établissement de la liste des bénéficiaires a été suivie par l'animation, à l'initiative des services de la daïra, de rencontres de proximité à travers les différents quartiers pour expliquer les critères d'éligibilité au logement et faire connaître le reste des programmes d'habitat, de type social locatif, projetés à travers la wilaya de Laghouat. L'affichage de la liste des bénéficiaires a suscité une ambiance de joie et de liesse à travers les quartiers de la ville de Laghouat qui a été parée aux couleurs nationales et de banderoles, exprimant leur satisfaction des conditions ayant entouré cette attribution. Le chef de la daïra a fait part d'un programme de 2.000 logements de même type en cours d'exécution dans différents sites de la commune de Laghouat, et d'un autre de 400 unités à lancer prochainement après localisation de son terrain d'assiette. Source de la plupart des émeutes qui marquent le pays depuis maintenant des années, sans répit, cette distribution pose un sérieux problème d'attribution. Mais qui est chargé de cette opération si délicate? Au fait, cela dépend de la nature du logement qu'il soit social, locatif aidé ou rural. Dans le cas du logement social, c'est une commission au niveau de la daïra composée d'élus locaux et renforcée par quelques notables ou comités de quartiers à titre consultatif. Pour le logement socio-locatif aidé, il y a l'intervention du promoteur. La loi donne le droit à ce dernier de disposer de 10% de la liste de logements. Le reste des appartements est distribué de la même manière que les logements sociaux. C'est-à-dire une commission au niveau de la daïra, des élus locaux et des comités de quartiers. Pour le logement rural, l'Etat n'intervient que par une aide financière. Le reste est à la charge de l'acquéreur comme la main-d'œuvre, l'assiette foncière et les travaux. Il convient de faire remarquer que pour le logement rural le problème ne se pose même pas. En effet, on a rarement entendu parler d'émeutes pour la mauvaise distribution du logement rural. Quelles que soient les réponses qu'on peut donner, cet état de fait est à méditer dans un pays où la société s'embrase pour quatre murs et un toit. Ensuite, il faut relever aussi la composante qui établit les listes des logements, l'administration représentée par le personnel de la daïra, les élus locaux censés être l'émanation directe du peuple et le comité de quartier ou les notables qui représentent la société civile. Comment imaginer la moindre contestation avec un pareil attelage? C'est qu'il y a une faille dans la cuirasse. Le véritable problème est donc au niveau du mode de gouvernance de la représentativité locale. N'est-ce pas parce que les élections sont truquées que la société civile n'est pas représentative? Depuis ces dix dernières années, le clientélisme et l'opportunisme sont érigés en culture nationale. Tant que cette culture n'est pas bannie, cette situation de fragilité sociale régnera à tous les niveaux.