Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) vont se réunir aujourd'hui à Ryad. Les grands pays consommateurs de pétrole espéraient que ce sommet pourrait être l'occasion pour le cartel d'annoncer des augmentations de production. Mais l'Opep restait plus que réticente à augmenter ses quotas de production, hier, à la veille du sommet. En d'autres termes, les prix élevés du pétrole ne devraient pas être abordés frontalement, d'autant plus que les prix de l'or noir ont baissé jeudi en raison de la hausse inattendue des stocks de brut américains. Même s'ils s'inquiètent des niveaux des prix du baril, les ministres de l'Opep estiment qu'"il y a suffisamment de pétrole sur le marché mondial et qu'une hausse de la production n'aurait que peu d'impact sur les prix". Les prix du pétrole devraient rester à leur "niveau actuel" jusqu'à la fin du premier trimestre 2008 environ puis diminuer ensuite, a indiqué hier le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, en marge du Sommet de Riyad. "Je doute que les prix aillent au-delà des 100 dollars", a-t-il dit devant un groupe de journalistes, car "il y a abondance de pétrole et des craintes de récession" aux Etats-Unis. Il a aussi noté "un affaiblissement de la demande en Chine et aux Etats-Unis, voire une baisse". "Au deuxième trimestre, nous attendons un affaissement voire une baisse des prix à cause d'un repli de la demande", a poursuivi le ministre. Au cours de la réunion ministérielle de l'Opep, entamée mercredi et consacrée à la préparation du sommet des chefs d'Etat, M. Khelil a indiqué qu'il n'y a pas d'inquiétudes sur le marché du pétrole du fait que les réserves de l'Opep sont suffisantes pour répondre à la demande mondiale à long terme. "L'étude faite par l'Opep a montré que les réserves de pétrole des pays membres peuvent répondre à la demande mondiale en pétrole pour de longues années encore, mais la question est de savoir comment va évoluer cette demande". L'Opep "fait toujours de son mieux pour répondre à la demande de pétrole et assurer l'équilibre même dans les périodes les plus difficiles", a ajouté M. Khelil, rappelant qu'en 2003, et en dépit d'une chute brutale de sa production, l'Organisation a su maintenir un certain équilibre pour éviter une hausse spectaculaire des cours. Les experts de l'Opep ont affirmé que l'Organisation a la capacité de répondre, à long terme, à la forte demande du pétrole dans le monde eu égard à ses capacités de production et à ses importantes réserves. "Quelle que soit la santé de l'économie mondiale, à court, moyen ou long termes, la demande en pétrole va augmenter de façon inexorable, en moyenne de 15 millions de baril-jour (b/j) au cours des 10 prochaines années, et l'Opep a les moyens de répondre à cette demande", ont affirmé les analystes. Selon eux, la capacité de production des pays non-Opep augmentera de 2 millions b/j seulement au cours de la même période et par conséquent, "la charge supplémentaire sera supportée par l'Opep, dont le rôle dans la croissance économique mondiale ira crescendo", ont-ils souligné. Néanmoins, la perspective de supporter une demande croissante en pétrole va exiger des pays producteurs de l'Opep, des investissements colossaux. "Or, il est demandé aux pays de l'Opep d'investir davantage à un moment où, de plus en plus, les gouvernements occidentaux veulent réduire leur dépendance vis à vis du pétrole en encourageant, l'utilisation d'énergies nouvelles comme le nucléaire, le solaire et l'éolien, il s'agit d'un dilemme pour l'Opep", ont expliqué les panélistes lors des débats. La façon dont l'Opep va réagir dans le futur face à ce dilemme intéresse particulièrement les analystes du fait que la réaction de l'Organisation aura des effets immédiats sur la croissance économique mondiale. Les principaux dirigeants de l'Opep ont affirmé ici à Riyad que l'Opep réagira de "façon responsable" et que ces investissements seront "bel et bien réalisés". Les pays membres de l'Opep demandent en contrepartie aux pays consommateurs de faire de même, c'est à dire d'investir car en fait, "la sécurité énergétique mondiale est un système à deux volets", ont affirmé les dirigeants de l'Opep.