L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui fournit plus d'un tiers du pétrole consommé dans le monde, se réunit aujourd'hui à Vienne. Les opérateurs guettent le verdict de la réunion, qui devrait, selon toute vraisemblance, laisser inchangés les quotas de production. "Tous les commentaires qui nous viennent de l'Opep semblent indiquer que le cartel n'a pas l'intention de modifier ses quotas de production", a commenté Simon Wardell, analyste au cabinet Global Insight. En effet, les premières déclarations des protagonistes de la réunion sont conformes à ce que répète l'Opep depuis l'été, en dépit de la pression des pays consommateurs. Les niveaux de production de l'Organisation devraient demeurer inchangés. "Pour le moment, les chiffres (...) n'orientent pas vers une hausse de production", a par exemple déclaré le ministre du Pétrole koweïtien par intérim, Mohammad al-Olaim, à son arrivée dans la capitale autrichienne. Répéter des propos tenus quelques jours plus tôt dans une conférence de presse à Téhéran, le ministre du Pétrole iranien, Gholam Hossein Nozari, a affirmé que "Il y a actuellement suffisamment de pétrole sur le marché", écartant ainsi une hausse de la production. Quant au président de l'Opep, le ministre des Emirats arabes unis, Mohammed ben Dhaen Al Hamli, il a jugé la production actuelle suffisante mais il a ajouté que le cartel était "déterminé à assurer aux marchés mondiaux un approvisionnement pétrolier suffisant". Si la plupart des ministres du Pétrole de l'Opep ont réaffirmé que la production de l'organisation suffisait à répondre à la demande, l'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial, est, cependant, restée silencieuse avant la réunion d'aujourd'hui. Son ministre du Pétrole, Ali Al Naimi, s'est refusé à tout commentaire depuis son arrivée à Vienne vendredi. Il n'a pas réagi à une étude du cabinet spécialisé PFC Energy selon laquelle Riyad est favorable à une augmentation de la production de l'Opep de 500 000 à un million de bpj. Ce mutisme saoudien fait que nombre d'observateurs jugent que sa position pourrait être déterminante. Le royaume a produit 8,65 millions de barils par jour (bpj) en août, selon une enquête récente de Reuters, sur une production Opep globale de 30,37 millions de bpj. Et il détient la majeure partie des capacités de production disponibles de l'organisation. Pour Olivier Jakob, directeur du cabinet Petromatrix, l'Opep pourrait décider d'un statu quo en ce qui concerne les quotas de production, et laisser à l'Arabie Saoudite le loisir d'augmenter, si nécessaire, son offre à moyen terme au-delà de son quota officiel. "L'Opep pourrait affranchir ses membres des quotas, et les laisser produire du pétrole à leur convenance. Ce qui veut dire que l'Arabie Saoudite pourrait augmenter sa production si elle le juge nécessaire, sans y être obligée", estime M. Jakob. Toutefois, cette option ne semble pas aller dans le sens des déclarations, notamment du ministre qatari de l'Energie, Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah, qui explique les prix élevés de l'or noir par la présence de spéculateurs sur le marché, et non par l'insuffisance de l'offre, confirmant les propos qu'il avait tenus la semaine dernière, en marge d'une conférence sur le gaz à Doha. "Le marché ne (souffrait) d'aucune pénurie", avait-il déclaré. "Qu'est-ce qui se passe si j'augmente la production et que personne ne l'achète", a-t-il demandé. Il est, par ailleurs, revenu sur les craintes de l'Opep de voir la demande reculer, notamment en partie à cause de l'actuelle crise financière, et des signes de faiblesse de l'économie américaine. "Nous considérons les Etats-Unis comme le plus grand consommateur mondial. Nous savons bien que lorsque les Etats-Unis s'enrhument, le monde entier commence à tousser", a-t-il conclu.