Les prix du pétrole ont baissé jeudi après l'annonce d'une nouvelle hausse des réserves américaines, attendue par le marché mais décourageante quant à l'excès d'offre. A New York, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars a perdu 98 cents à 51,16 dollars le baril, après avoir déjà cédé près de 1,40 dollar la veille. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour avril, le plus actif, a fini à 60,21 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 32 cents par rapport à sa clôture de mercredi. En forte baisse à l'ouverture à New York, avec un passage sous les 50 dollars le baril pour le WTI, les cours du pétrole ont limité leur déclin après l'annonce par le département américain de l'Energie (DoE) d'une hausse hebdomadaire de près de huit millions de barils des réserves de brut aux Etats-Unis. "Manifestement, on s'y attendait, comme l'a montré hier la nette baisse des cours, et le marché essaie maintenant de s'accorder sur un prix", a expliqué Carl Larry, de Frost & Sullivan. Même si les réserves sont toujours à leur plus haut niveau depuis 1930, et que leur hausse a dépassé les attentes des analystes de Bloomberg News, leur progression est deux fois moins importante que ce qu'avait annoncé la veille l'American Petroleum Institute, fédération américaine du secteur, dans ses propres estimations. Pour autant, les chiffres du DoE peuvent difficilement être perçus comme une bonne nouvelle, d'autant qu'ils témoignent d'un "nouveau record de production aux Etats-Unis malgré une baisse du nombre des puits de forage et des investissements réduits" dans les grands groupes, a souligné Carl Larry. "Le niveau des réserves explose les compteurs à l'échelle du pays, mais surtout à Cushing (Oklahoma, sud)", a de son côté souligné Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. Surveillées de près par les courtiers, les réserves du terminal pétrolier de Cushing, qui servent de référence au pétrole échangé à New York, le WTI, ont bondi de 3,7 millions de barils, à 46,3 millions. "Si les stocks continuent d'augmenter à cette vitesse à Cushing, les réserves pourraient atteindre leur capacité maximale à la mi-avril ou fin-avril, ce qui exercera encore plus de pression sur le WTI", a jugé Abhishek Deshpande, analyste chez Natixis. Parmi les derniers effets en date de la chute des cours, qui ont perdu jusqu'à 60% de leur valeur depuis juin, le groupe d'énergie britannique Centrica a annoncé qu'il allait tailler dans ses dépenses, et la compagnie pétrolière publique du Mexique, Pemex, va suspendre des projets d'exploration en eaux profondes et licencier du personnel. "Tant que l'on ne voit pas d'amélioration des fondamentaux, en premier lieu une baisse de la production en Amérique du Nord, et tant que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) conservera sa politique de défense de ses parts de marchés, on restera sous pression", a jugé Gene McGillian, de Tradition Energy. En décidant en novembre de maintenir son plafond de production à 30 millions de barils par jour, l'Opep a accéléré la chute des prix du pétrole, dans un marché qui espérait des gestes de la part de cet influent cartel pour endiguer leur plongeon. En Asie, le cours du baril de pétrole coté à New York se rapprochait des 50 dollars dans la matinée dans un marché qui se préparait à une nouvelle hausse des réserves de brut aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars perdait 1,46 dollar dans les échanges électroniques, à 50,68 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril cédant 98 cents, à 69,55 dollars.