Depuis quelques années, la crise du logement s'approfondit, les prix ont entamé leur retournement tandis que les marchés se contractent, la construction neuve régresse, les stocks gonflent, quoique modérément, et l'offre foncière continue à poser problème, en proie au classique. Bien que globalement disponibles à travers le territoire national, les assiettes foncières qui devront recevoir plus de 1,6 million de logements, durant le prochain quinquennat (2015-2019), manquent cruellement dans certaines wilayas. Si dans le Sud et les Hauts-Plateaux les terrains sont généralement disponibles, les wilayas du Nord, notamment la Capitale, déjà saturées, ont du mal à satisfaire toutes les demandes exprimées en la matière. C'est pour cela que le ministère de l'Habitat a lancé des enquêtes pour déterminer les superficies constructibles dans chaque wilaya, et transformer, si possible, des terrains agricoles moins fertiles en zones urbanisables. De ce fait, l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (AADL) a mis les bouchées doubles pour identifier les assiettes foncières pour la réalisation de logements. C'est dans cette optique que le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville a assuré que l'AADL a finalisé l'opération d'identification des assiettes foncières sur lesquelles seront bâtis les projets restants de son programme de 230.000 logements. Pour définir le foncier nécessaire à l'achèvement de son deuxième programme de location-vente lancé en 2013, cette agence a dû recourir aux fichiers du foncier urbanisable établis récemment au niveau des wilayas à l'issue d'une enquête menée, depuis 2014, sur le potentiel foncier national destiné au logement. C'est ainsi que les équipes locales de l'AADL travaillent actuellement en collaboration avec les directeurs de l'urbanisme, de l'architecture et de la construction (Duac) pour réserver définitivement le foncier à bâtir à travers l'établissement des procès-verbaux de choix de terrain, a indiqué la même source. Cette nouvelle démarche de l'AADL s'explique par le fait que dans ses programmes de logements, elle peine souvent à lancer certains de ses projets en raison, essentiellement, de la non disponibilité du foncier. Jusqu'à fin décembre 2014, sur les 230.000 logements prévus par le programme lancé en 2013, elle n'a pu entamer la réalisation que de 96.000 logements seulement dont 76.000 en 2013 et 20.000 en 2014, soit seulement 41% du programme. De surcroît, elle a dû renoncer à certains terrains qui lui ont été attribués en raison de leur nature accidentée ou carrément inconstructible sans compter les lignes d'électricité de haute tension et les réseaux d'assainissement qui traversent certains lots alors que d'autres font l'objet de litiges avec des occupants illicites. C'est pourquoi les fichiers du foncier urbanisable auxquels elle a, désormais, accès ont été conçus de façon qu'ils indiquent non seulement la délimitation des assiettes mais aussi leur état d'occupation et leur nature géologique, lui permettant d'avoir au préalable un aperçu sur les caractéristiques des terrains disponibles et d'y opter plus rapidement.
Faible offre des entreprises algériennes de réalisation En dépit de la priorité accordée à elles, l'offre des entreprises algériennes reste faible. Il est observé qu'outre le problème du foncier entravant son programme, l'AADL fait également face à une faible offre des entreprises de réalisation. En 2013 et 2014, elle a enregistré 1.522 appels d'offres déclarés infructueux avec un faible nombre de soumissions des entrepreneurs algériens pour ces projets. Ce qui l'a même amenée, en 2014, à recourir aux entreprises de la 2ème short-list établie par le ministère de l'Habitat mais sans grand résultat. Cette short-list comprend 106 entreprises dont 49 algériennes et 9 groupements mixtes regroupant des entreprises algériennes et étrangères, intéressés par la réalisation d'ensembles intégrés de 400 à 2.000 logements par projet. Sur un total de 414 consultations menées par l'AADL auprès de ces entreprises algériennes et groupements mixtes de la short-list, il y a eu 306 consultations où les entreprises n'ont émis aucune réponse, 71 cas où elles ont répondu négativement en invoquant leur plan de charge saturé alors que dans les 33 cas restants, elles ont exigé des prix jugés "excessifs". En conséquence, l'agence n'a finalement retenu que quatre (4) entreprises algériennes pour la réalisation de 10.000 logements, et se voit obligée de faire appel aux entreprises étrangères pour lancer ses autres projets. Outre les logements restants de son programme de 230.000 unités, l'AADL prévoit le lancement de 400.000 logements dans le cadre du programme quinquennal 2015-2019. Son plan de charge passe, alors, à 630.000 logements avec une moyenne de 105.000 logements à lancer annuellement durant le quinquennat 2015-2019. Pour réaliser ces objectifs, elle déléguera les Offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI) de certaines wilayas pour prendre en charge ses projets de logements en location-vente. Elle mise, par ailleurs, sur une nouvelle organisation qui prévoit la création de huit à neuf directions régionales et des directions de projets dont les compétences territoriales sont étendues aux limites de la wilaya. En outre, l'agence est habilitée à prendre des participations dans des entreprises publiques économiques ou à créer des filiales pour certaines activités relevant de ses missions. Ces nouvelles modifications du cadre organisationnel ont pour objectif principal d'améliorer son efficacité et d'atténuer la pression sur cette agence qui représente l'outil le plus important des pouvoirs publics pour la résorption de la crise de logement, et ce, particulièrement pour la classe moyenne. Il est constaté que ce potentiel foncier se compte davantage dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux que dans les autres régions. En sachant que, par exemple, le foncier dans le Grand-Alger, où est concentrée une bonne partie de la population, ne représente que 1% du potentiel identifié. En effet, les projets de logements ne seront pas forcément implantés dans les zones à forte demande, en matière de logements, observe la même source, ajoutant que l'enquête vise aussi à aider les promoteurs publics à choisir les terrains nécessaires pour lancer leurs projets. Par ailleurs, pour faire face à la rareté du foncier urbanisable dans le Nord, le ministère compte entamer incessamment la seconde étape de cette enquête, à l'issue de laquelle il sera procédé à l'extraction des terres agricoles. Une opération qui vise à créer un potentiel foncier puisque la programmation des projets de logements dans la nouvelle stratégie sectorielle se base sur l'identification de la demande au niveau local.