Des membres des deux Parlements rivaux libyens ont repris jeudi des discussions indirectes au Maroc, avec l'espoir de former à terme un gouvernement d'unité nationale dans le pays, en proie au chaos. Cette rencontre, qui se tient à Skhirat, station balnéaire proche de Rabat, se déroule dans un état d'esprit positif et constructif, a déclaré devant la presse l'émissaire de l'ONU en Libye, Bernardino Leon, qui tente depuis des semaines de rapprocher les deux parties. Elle s'est poursuivie hier. Les deux parties sont pleinement conscientes de l'urgence de la situation, a-t-il poursuivi en référence aux membres du Congrès général national (CGN), le Parlement sortant que le gouvernement autoproclamé de Tripoli a réhabilité, et au Parlement reconnu par la communauté internationale, qui siège à Tobrouk (est) depuis la prise de la capitale par Fajr Libya, une coalition de milices. Les deux délégations se trouvent dans des salles différentes et M. Leon effectue la navette. Plusieurs ambassadeurs de l'Union européenne sont par ailleurs présents, en tant qu'observateurs. Samir Ghattas, un porte-parole de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), a affirmé que la rencontre devait aborder prioritairement l'aspect sécuritaire. L'arrêt des combats préparera le climat à la désignation de la personnalité qui va conduire le gouvernement d'unité nationale, ses adjoints et les membres du gouvernement, ce qui va faciliter les consultations pour l'élaboration de la Constitution, a-t-il ajouté. Livrée aux milices depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est le théâtre de combats entre les différentes milices mais aussi entre des milices et les forces pro-gouvernementales. Toutes les parties sont (...) déterminées à trouver une solution définitive, a déclaré Morsi El Kouani, un député du Parlement siégeant à Tobrouk. Il y a des forces à l'intérieur et à l'extérieur de la Libye qui cherchent à faire échouer le dialogue, mais nous sommes déterminés à réussir, a déclaré pour sa part un ancien membre du CGN. Des représentants des deux Parlements avaient déjà tenu le 11 février à Ghadamès, dans le sud libyen, des discussions indirectes sous l'égide de l'ONU, les premières du genre depuis le lancement du dialogue national fin septembre 2014. Outre les violences impliquant les milices et les forces gouvernementales, la Libye est le théâtre depuis plusieurs semaines d'une série d'attaques revendiquées ou attribuées au groupe Etat islamique (EI), qui contrôle des pans entiers de territoire en Syrie et en Irak. Le gouvernement libyen reconnu a de nouveau demandé mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU d'assouplir l'embargo sur les armes afin de lui permettre de mieux lutter contre les djihadistes. Selon des diplomates, les membres du Conseil de sécurité sont réticents à lever l'embargo, de peur que les armes livrées ne tombent entre de mauvaises mains, mais ils n'excluent pas un certain assouplissement des conditions d'exemption. Ils souhaitent cependant que soit d'abord constitué un gouvernement d'union nationale. La solution n'est pas de fournir plus d'armes car il y en a assez sur le terrain, a toutefois indiqué Christian Mokh, ambassadeur d'Allemagne en Libye, également présent à la rencontre en tant qu'observateur.