Comme il était attendu, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé de ne pas se prononcer sur un relèvement ou non de son plafond de production lors du troisième sommet des chefs d'Etat de l'organisation, qui s'est ouvert samedi à Riyad, et s'est terminé hier. Le sommet a renvoyé toute éventuelle décision à sa prochaine réunion ministérielle prévue le 5 décembre à Abou Dhabi. Cependant, l'Opep s'est engagée à continuer d'approvisionner les marchés mondiaux du pétrole de manière "suffisante et fiable", selon le texte du communiqué final du sommet. "Nous avons décidé de continuer à assurer l'approvisionnement du marché du pétrole d'une manière qui soit suffisante et fiable pour répondre aux besoins mondiaux", indique ce texte, rendu public à l'issue du sommet des 13 pays de l'Opep à Riyad. Ce sont donc les mêmes préalables qui conditionneront le relèvement ou non du plafond de production de l'organisation. Le cartel n'a guère de raisons de répondre aux pays consommateurs qui lui demandent de produire plus, a estimé le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, à la veille de ce sommet. "Il y a assez de pétrole sur le marché, d'autant qu'on assiste à un fléchissement de la demande", avait-il expliqué jugeant ainsi peu probable que le baril crève rapidement le plafond des 100 dollars, même s'il ne voit pas de recul des cours avant le 2e trimestre 2008. Par ailleurs, la déclaration finale du sommet ne fait pas mention de la faiblesse du dollar américain, se limitant à une allusion indirecte à la proposition iranienne d'étudier la possibilité de fixer les prix mondiaux du pétrole en d'autres devises que la seule monnaie américaine. Alors que le baril évolue près de ses niveaux record, l'Opep a affirmé le droit des producteurs "à des revenus acceptables, stables et équitables". Le secrétaire général du cartel, Abdallah Al-Badri, a indiqué, lors de la cérémonie de clôture du sommet, que l'Opep allait "étudier les moyens de renforcer la coopération financière entre les pays membres de l'Opep, y compris une proposition faite par certains chefs d'Etat". Il n'a, toutefois, pas précisé si celle-ci était la même que celle présentée par les Iraniens vendredi d'inclure dans le communiqué final une référence aux conséquences de la dépréciation du dollar sur les revenus des pays de l'Organisation. En effet, dans une proposition écrite aux autres membres de l'Opep, le ministre des Affaires étrangères iranien, Manouchehr Mottaki, avait demandé que "la dépréciation continue du dollar" soit incluse dans le communiqué final. Celle-ci, appuyée par les Vénézuéliens, avait suscité l'opposition des Saoudiens qui craignaient qu'une telle référence n'accentue la baisse de la devise américaine. Même si le roi Abdallah a constaté samedi qu'une fois ajustés de l'inflation, les prix du pétrole sont encore en deçà de leur niveau du début des années 80 où ils avaient dépassé, en dollars actuels, les 100 dollars, certains membres de l'Opep s'inquiètent publiquement des conséquences d'un maintien prolongé des prix de l'or noir autour de 100 dollars. Le ministre nigérian du Pétrole, Odein Ajumogobia, a estimé, en marge du sommet samedi, que "les craintes sont significatives" sur l'impact potentiel de la cherté du pétrole sur la demande des pays consommateurs. Selon la déclaration finale, l'Opep a également affirmé l'importance de la paix mondiale pour la stabilité des marchés de l'énergie et les investissements dans ce secteur. Enfin, concernant l'environnement, l'Opep dit être favorable au développement des technologies du "pétrole propre", et notamment celle de la séquestration du carbone qui consiste à capter les émissions de dioxyde de carbone (Co2) dégagées par la combustion des hydrocarbures.