L'érosion des bénéfices s'est poursuivie en 2014 et continuera cette année pour RWE, numéro deux allemand de l'énergie qui peine à se réinventer. Le bénéfice net récurrent de la société a reculé de 45% par rapport à l'année précédente, à 1,28 milliard d'euros, selon des chiffres publiés mardi, et l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 10%, à 7,13 milliards d'euros. Depuis 2010, année de la catastrophe de Fukushima qui a accéléré le tournant énergétique pris par l'Allemagne, le premier a été divisé par trois et le second a chuté de près de 50%. La concurrence des énergies renouvelables subventionnées, en Allemagne mais aussi au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, pèse fortement sur la rentabilité des centrales au gaz et au charbon de RWE, l'un des plus gros producteurs d'électricité d'Europe. L'an dernier le groupe a dû procéder à de nouvelles dépréciations de 600 millions d'euros sur son parc de centrales; un certain nombre de centrales ont déjà été arrêtées, parce qu'elles ne rapportaient plus d'argent, et il y aura d'autres mises à l'arrêt, a prévenu lors d'une conférence de presse Rolf Martin Schmitz, chef de la division de production d'électricité. Notre objectif premier est de ramener RWE sur le chemin de la croissance, a asséné le patron de RWE, le Néerlandais Peter Terium. Mais il y a encore des années difficiles devant nous, qui se traduiront par des résultats à nouveau en baisse cette année, et à moyen terme un recul du nombre de salariés. RWE, qui a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 48,5 milliards d'euros, emploie un peu moins de 60 000 personnes. M. Terium, qui vient d'être reconduit dans ses fonctions jusqu'à 2021, veut mettre l'accent sur les services à haute valeur ajoutée dans l'énergie, par exemple autour des réseaux intelligents ou de la maison connectée. Mais là où son grand concurrent EON, soumis aux mêmes défis, veut en finir avec la production fossile, avec une scission en deux à l'horizon 2016, RWE entend rester fidèle à ses activités traditionnelles, aussi au nom de la sécurité de l'approvisionnement en Allemagne. Nous assurerons que la lumière reste allumée, a dit M. Terium dans une pique au rival. Celui-ci doit publier ses résultats mercredi, et devrait annoncer une grosse perte annuelle. Chez RWE les premiers efforts portent leurs fruits, a assuré M. Terium, mais le groupe est bridé dans ses efforts entre autres par son énorme dette - 31 milliards d'euros à fin 2014. Pour dégager des liquidités, RWE vient de céder pour 5 milliards d'euros ses activités d'exploration de gaz et de pétrole, RWE Dea, à un fonds luxembourgeois. Le groupe essaie aussi de réduire la charge des dividendes: jusqu'ici celui-ci était calculé à partir du bénéfice net publié (1,70 milliard d'euros en 2014, contre une perte de 2,8 milliards en 2013), ce qui conduit pour l'an dernier à un dividende de un euro par titre. A partir de 2015, RWE veut corréler le dividende au bénéfice d'exploitation, à l'endettement et aux chances qui se présentent pour des investissements. Un changement de stratégie qui ne devrait pas ravir les communes de la Ruhr qui sont ses actionnaires de référence. Beaucoup sont dans une situation financière critique et pour elles le dividende de RWE a longtemps constitué une manne précieuse. Les autres investisseurs faisaient d'ailleurs la moue aussi: à Francfort l'action RWE perdait 0,88% à 24,14 euros à 10H50 GMT.