Les cours du pétrole ont baissé jeudi à New York, en dépit du léger repli du dollar, continuant à souffrir de la surabondance de l'offre. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril a perdu 1,12 dollar à 47,05 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du baril de Brent a également baissé, perdant 46 cents à 57,08 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "C'est une déception vu le repli du dollar", a commenté Phil Flynn, chez Price Futures Group, en notant toutefois que les cours se maintiennent dans une fourchette étroite depuis plusieurs jours. Habituellement le dollar en baisse rend le pétrole plus intéressant pour les acheteurs, car les échanges sont libellés en billets verts. Jeudi le dollar a fléchi après avoir franchi un nouveau seuil en hausse face à l'euro, à 1,05 dollar pour un euro. Dans les premiers échanges, le pétrole échangé à Londres comme à New York s'est d'ailleurs provisoirement inscrit en hausse. Certains analystes comme Carl Larry chez Frost & Sullivan se risquaient déjà à prédire la fin du sentiment baisser, alors que "nous allons bientôt voir les raffineries revenir en activité" après les opérations de maintenance saisonnières. Mais rapidement le marché est revenu à ses inquiétudes sur le niveau élevé des stocks. Selon M. Flynn, le marché new-yorkais du pétrole a ainsi souffert d'une estimation des réserves au terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud) publiées jeudi par la firme Genscape. La firme affirme que le terminal est de plus en plus près d'arriver à capacité, affichant un pessimisme qui pourrait "surcompenser" l'optimisme qu'elle avait manifesté la semaine dernière, et qui avait surpris. Pour sa part le département de l'Energie avait indiqué mercredi que les réserves de brut ont monté de 4,5 millions de barils à 448,9 millions la semaine dernière, marquant un nouveau record depuis 84 ans qui n'a guère surpris les analystes. Concernant Cushing, le gouvernement avait également jugé que l'abondement des réserves, ralenti la semaine précédent, avait repris un rythme soutenu. Autre facteur baissier, a noté M. Flynn, le trafic reprend dans le chenal de Houston (Texas, sud), qui avait été paralysé pendant trois jours par le brouillard et une collision entre pétroliers. Des bateaux restés coincés au large vont désormais pouvoir décharger leur cargaison, mettant encore un peu plus de barils sur le marché. Parallèlement à l'encombrement de l'offre, le marché trouve de nouvelles raisons de s'inquiéter pour le niveau de la demande. Des doutes ont émergé jeudi sur la croissance américaine, vu le mauvais chiffre des ventes de détail, qui contre toute attente ont reculé en février. "Les marchés ont de quoi s'inquiéter qu'il y ait un ralentissement de la demande aux Etats-Unis et potentiellement au niveau mondial", a déclaré Bart Melek, chez TD Securities. L'indice des ventes des détaillants et restaurants américains a reculé en février de 0,6% par rapport à janvier, en données corrigées des variations saisonnières, après avoir déjà glissé de 0,8% le mois précédent. Ce recul a déjoué les prévisions des analystes qui avaient au contraire tablé sur un rebond de 0,4%. Reste que les mouvements restaient limités, tant à Londres qu'à New York. "En restant au-dessus de 47 dollars le baril nous gardons le niveau auquel nous évoluons depuis que nous avons abandonné les alentours de 44 dollars", le niveau duquel se rapprochaient les cours en janvier, soulignait Phil Flynn. "Nous sommes juste dans le bas de la fourchette d'évolution de ces derniers temps", ajoutait-il. En Asie, le pétrole s'affichait en légère hausse jeudi dans les échanges asiatiques, freiné par une nouvelle hausse des stocks américains qui ajoute au surplus d'offre mondiale. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril prenait deux cents, à 48,19 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance s'appréciait de 25 cents, à 57,79 dollars.