Les Algériens l'ont attendu avec impatience. Le procès Sonatrach 1, un des plus grands scandales financiers du pays, s'est ouvert hier au tribunal criminel d'Alger. Le procès, ouvert à 10h, a été marqué par l'empêchement de Me Amara Mohsen, qui s'est présenté comme l'avocat de Mohamed Meziane et de ses deux fils d'accéder à la salle d'audience par la police étant donné qu'il a été suspendu par le conseil de discipline. Au début du procès les avocats de la défense ont réfuté la constitution de partie civile de l'expert judiciaire du Trésor public en ce sens qu'il n'est pas habilité du fait que Sonatrach était une SPA, c'est-à-dire une entreprise commerciale qui est assujettie au code du commerce uniquement. Ils ont reproché au représentant du Trésor de ne pas s'être montré plutôt. Là, ils sont déboutés par le parquet que suivra le tribunal criminel en ce sens que l'article 2 du code de procédure pénale prévoit que toute personne se sentant lésée dans une affaire peut demander réparation. La séance a été levée à 11h45 pour statuer. A la barre, ils sont 19 prévenus. Des hauts responsables de Sonatrach, dont l'ancien P-DG, Mohamed Meziane, deux de ses fils et quatre entreprises, qui doivent répondre notamment des accusations de l'association de malfaiteurs, corruption, passation de marchés publics contraires à la règlementation. Parmi les chefs d'accusation retenus contre eux, figurent "l'association de malfaiteurs", "la passation de marchés contraires à la loi pour accorder des privilèges injustifiés à des tiers", "le blanchiment d'argent", "l'augmentation de prix dans des contrats avec une entreprise publique" et " le détournement de deniers publics et corruption". Ce procès concerne trois gros dossiers. En premier lieu, celui relatif aux cinq marchés, d'une valeur de 1100 milliards de centimes, conclus par la Sonatrach avec le groupe allemand Contel Algérie Funkwerk Pletarc. Il s'agit d' "un projet d'acquisition d'équipements de télésurveillance et de protection électronique des complexes du groupe national à travers le pays". L'enquête a révélé que le marché a été accordé de gré à gré en contrepartie d'actions dans le groupe allemand au profit des fils de l'ex-P-DG, Fawzi et Réda Meziane. Le deuxième dossier concerne un marché "douteux" conclu par la compagnie nationale avec Saipem Algeria (Italie). Le projet porte sur la réalisation du gazoduc Algérie - Sardaigne. D'après les conclusions de l'enquête, l'un des deux fils de Mohamed Meziane sus-cités travaillait comme conseiller auprès du P-DG de Saipem Algeria depuis 2006. Le dernier dossier prévu lors de ce procès concerne la "réfection de l'immeuble de Sonatrach, situé à Ghermoul, attribué à l'entreprise allemande IMTECH". Le principal accusé, Mohamed Meziane en l'occurrence, a laissé entendre, dans un entretien accordé récemment au quqotidien 'El Watan', que "rien ne pouvait se faire sans l'aval du premier responsable du secteur", à savoir le ministre de l'Energie. A l'époque, c'est Chakib Khelil qui était à la tête de ce département ministériel. Cependant, celui-ci n'a, faut-il le souligner, jamais été convoqué par les autorités judiciaires.