Les " petits métiers " sont nombreux en Algérie. Agent de saisie, ou bien maître-nageur, ou encore animateur de vacances…. Désormais le jeune Algérien ne cherche plus un travail dans sa spécialité. Le seul but est d'éviter le chômage. Mais le métier qui connaît un engouement sans précédent, essentiellement parmi les jeunes diplômés, est le métier de " téléopérateur ". Le jeune Algérien souffre le martyre avant de trouver un emploi. Le taux de 9.3% du chômage touche essentiellement cette frange sociale de la société. Afin d'échapper au cauchemar de ce fléau social, ces jeunes, plus précisément les diplômés s'orientent vers les centres d'appels afin d'acquérir une petite expérience. Hélas cette expérience n'est pas toujours bénéfique pour eux, parce qu'à la fin ils n'apprennent rien. En effet, certains centres d'appels ne recrutent que les gens qui maîtrisent parfaitement le français, pour faire des ventes en Europe. La tâche n'est guère facile peur eux. Et les gens qui maitrisent le français vont juste apprendre un peu de commercial. Au moment où les pays industrialisés sombrent dans des crises, qui portent le nombre de chômeurs à des chiffres record, l'Algérie affirme, par la voix de ses responsables, que le taux de chômage a été réduit à 9% en 2012. A en croire les déclarations du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, 2 343 000 postes d'emploi ont été créés depuis 2010 à ce jour, soit plus de 80% du "programme de création de 3.000.000 d'emplois" pour la période 2010-2014. Ces chiffres positifs sont dus en grande partie aux centres d'appels qui recrutent massivement. Nous nous sommes rapprochés de certains jeunes qui ont déjà travaillé dans des centres d'appels pour en savoir plus sur leur expérience. C'est le cas d'Ania qui a affirmé que " pour éviter le chômage je me suis vu obligée de travailler dans un centre d'appel ". Avant de poursuivre, " au début c'était intéressant, j'ai fait une petite formation de 5 jours, pour connaitre un peu le produit et les techniques de travail ". Ania continue de se confier à nous en disant " il fallait prendre un max de rendez-vous avec des particuliers en France, pour qu'un expert en assurance se présente chez eux pour essayer de les baratiner et leur faire signer des contrats d'assurances-vie ". " Après ça commençait à devenir fatigant et stressant surtout beaucoup de pression, 5 h d'appels sans arrêt, seulement une pause de 10 minutes toutes les 2 heures pas le droit d'utiliser son portable ni de parler, il fallait même demander la permission pour aller aux toilettes, et surtout il n'y avait pas de répit pas de congé ni durant l'Aïd ni les jours fériés " a-t-elle regretté. Quant au salaire qu'elle touchait Ania a affirmé que ce dernier dépend du nombre de rendez-vous et des heures, et chaque heure est payée à 130 DA. Sur un autre sillage, l'interlocutrice a indiqué " et encore il faut dire aussi que ces appels causent beaucoup de dérangement aux gens, ça les fatiguent ils en reçoivent une dizaine par jour ". " On nous criait souvent dessus, sans oublier les insultes " a-t-elle poursuivi. Quant à Djamel, il était sur la même longueur d'onde qu'Ania. Sauf que celui-ci travaillait au profit d'un centre d'appel dépendant d'un opérateur de téléphonie mobile. " Je travaillais 6 heures par jour, 6 jours par semaine pour un salaire mensuel de 18 000 DA seulement ", a-t-il dit. " Mais je n'avais pas le choix, j'avais besoin d'argent " a-t-il soutenu. Par ailleurs, il s'est dit content de cette expérience parce qu'il a appris à surmonter le stress et à être patient. Bas salaires, primes amputées, harcèlement moral, mutations forcées, beaucoup d'employés sont des gens dans le besoin qui ont des crédits sur le dos, alors ces centres d'appels ne font que les aider temporairement. Mais " télé-conseiller " ou bien " téléopérateur " n'est certainement pas un métier d'avenir comme nous l'ont affirmé de nombreux interlocuteurs. Toutefois ils permettent à de nombreux jeunes de rentrer dans la vie active.