Impératif - Ces métiers, longtemps considérés comme réservés aux femmes sans aucun niveau intellectuel, attirent, de nos jours, même les diplômées universitaires. Face au chômage qui menace les jeunes filles ayant fait des études supérieures, ces dernières acceptent d'effectuer ces travaux, au moins de façon temporaire, en attendant de décrocher un emploi stable en adéquation avec leurs diplômes. Ces dernières se sont ainsi résignées à se débrouiller comme elles le peuvent pour assurer leur argent de poche, particulièrement, celles issues de familles démunies. «Il n'y a pas de sot métier, selon le dicton bien connu. Je suis titulaire d'une licence en sociologie depuis plus de trois ans. J'ai frappé à toutes les portes pour trouver un emploi dans les administrations, en vain. Je suis, donc, femme de ménage dans trois entreprises privées afin de gagner dignement ma vie et surtout aider ma famille», avoue Lila, 26 ans, originaire d'une ville de l'intérieur du pays. «J'ai fait croire à mes parents que j'étais téléopératrice, car ils n'auraient jamais accepté que je fasse le métier que j'exerce actuellement », ajoute cette jeune fille qui affirme avoir reçu des promesses d'embauche de la part d'un responsable dans l'une des entreprises où elle travaille actuellement. Meriem, 25 ans, est une autre jeune diplômée universitaire qui s'occupe, elle, de la garde des enfants d'une famille aisée sur les hauteurs d'Alger. «Je n'ai jamais souhaité faire ce métier, mais je préfère me débrouiller comme ça plutôt que de rester oisive. Je ne m'occupe pas seulement des enfants, mais je fais aussi le ménage et la vaisselle. Il est vrai que je suis bien rémunérée, mais je tente toujours de trouver un emploi dans mon domaine même pour un salaire beaucoup plus bas», témoigne cette jeune fille. «Je me suis retrouvée dans cette situation à cause du chômage. Je n'ai même pas pu décrocher un contrat de préemploi, car je n'ai pas de connaissances. C'est malheureux, parfois je regrette même d'avoir fait des études supérieures», déplore, les larmes aux yeux, cette diplômée en sciences de gestion. Il faut dire que certaines familles ou organismes privés exigent des diplômes universitaires pour des métiers qui ne nécessitent, pourtant, aucun niveau d'instruction. Parfois, certaines annonces de recrutement comportent la mention : «Envoyez CV à l'adresse... »! C'est dire que tout le monde tente de mettre à profit le spectre du chômage qui frappe de plein fouet les diplômés universitaires. Même ces diplômes n'ont plus aucune valeur aux yeux des «recruteurs», ce qui est, en soi, désolant. Et parfois, un travail que l'on croirait temporaire s'éternise et ces jeunes filles universitaires finissent par perdre la plupart des connaissances acquises à l'université. «Nous risquons de devenir illettrées», s'accordent à dire, sur un ton d'amertume, nos deux interlocutrices.