Les initiatives menées par l'Algérie pour trouver une plate-forme consensuelle à même d'enrayer la chute des cours de brut se multiplient en direction de pays producteurs de pétrole, y compris ceux non membres de l'Opep. Oui, l'impact est très variable selon les producteurs d'or noir du continent, selon qu'ils ont une population importante ou pas. Comparons le Nigeria et l'Angola, les deux plus gros producteurs africains. On voit que le Nigeria est beaucoup plus fragilisé. Il est beaucoup plus touché par la baisse des importations des Etats-Unis, parce qu'il produit du pétrole léger, concurrent des pétroles de schiste américains, alors que l'Angola produit du pétrole plus lourd, dont les raffineries américaines peuvent encore avoir besoin. Et puis, le Nigeria est beaucoup plus peuplé que l'Angola. Il a donc des dépenses sociales et en subventions beaucoup plus importantes à faire. Or la baisse des prix du brut va occasionner une baisse des revenus de l'Etat, qui jouera moins son rôle de redistribution. Tout cela dans un contexte politique délicat : attaques de Boko Haram et prochaines élections. Et alors que la production nigériane de brut décline, sujette aux vols et faute de loi pour les nouveaux investissements pétroliers. De ce fait, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, s'est réuni, hier à Alger, avec le ministre angolais du Pétrole, Jose Maria Bothelo de Vasconcelos, et l'ambassadeur du Nigeria en Algérie, Haruna Ginsau, pour l'évaluation de la situation du marché pétrolier marqué par la forte chute des prix du brut. Cette rencontre "entre dans le cadre de l'initiative du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui consiste à renforcer le dialogue et la concertation entre tous les pays exportateurs de pétrole membres ou non membres de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole)", a déclaré M. Yousfi à la presse à l'issue de cette réunion tenue à huis clos au siège du ministère de l'Energie. Il s'agit, a-t-il poursuivi, "d'échanger les analyses sur le marché pétrolier à court et moyen termes, de voir quels sont les impacts (de la baisse des cours du pétrole) sur les économies de nos pays et de voir également les possibilités de renforcer la cohésion entre tous les pays exportateurs en vue de trouver une solution commune à cette situation". Questionné par l'APS sur les résultats de la démarche consensuelle initiée par le Président Bouteflika, qui a dépêché, depuis février dernier, plusieurs ministres portant des messages aux pays producteurs de pétrole pour rétablir l'équilibre du marché pétrolier, M. Yousfi a indiqué que "les consultations continuent", en ajoutant que l'Algérie "va renforcer davantage ce dialogue et cette concertation". Dans ce sens, il a tenu à souligner que le marché pétrolier traverse une "situation délicate" et que le déséquilibre de ce marché a provoqué "une chute drastique des prix qui a eu des répercussions et des impacts extrêmement négatifs sur les économies de tous les pays exportateurs qu'ils soient membres ou non membres de l'Opep". Pour sa part, le ministre angolais du Pétrole a mis l'accent sur l'importance de cette consultation pour les pays africains producteurs de pétrole. Selon lui, cette rencontre à Alger a pour objectif "d'échanger les points de vue et les réflexions sur la situation qui prévaut dans le marché pétrolier international". "Nous avons aussi échangé nos expériences et nos points de vue (...) concernant l'industrie pétrolière", a ajouté M. Bothelo de Vasconcelos. L'ambassadeur nigérian a, quant à lui, salué l'initiative du Président Bouteflika qui vise aussi "à réunir les pays africains producteurs de pétrole dans le but de discuter de la situation de l'industrie pétrolière mondiale". "Les effets de la chute des prix de pétrole sont tellement profonds surtout pour les pays africains. C'est pourquoi il est nécessaire que nous soyons toujours ensemble pour pouvoir partager nos expériences et formuler des stratégies qui nous permettront de trouver une solution à ces problèmes", a-t-il insisté. A rappeler que dans le cadre de la démarche consensuelle initiée par l'Algérie sur la conjoncture pétrolière actuelle, les messages du Président Bouteflika ont été transmis, jusqu'à maintenant, à l'Arabie Saoudite, Sultanat d'Oman, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Mexique, Russie, Colombie ainsi qu'aux pays membres de l'Association des producteurs de pétrole africains (APPA) qui sont le Nigeria, le Gabon, l'Angola, le Congo et la Guinée-équatoriale. La visite effectuée, dimanche et lundi derniers à Alger, par le ministre norvégien des Affaires étrangères, Borge Brende, dont le pays est parmi les plus gros pays producteurs de pétrole en se classant 14ème producteur mondial de brut et 7ème exportateur mondial, a aussi été l'occasion de discuter du marché mondial de pétrole. Après avoir été reçu, lundi, par le Président Bouteflika, le chef de la diplomatie norvégien avait déclaré que la question de la baisse du prix du pétrole a été parmi les questions évoquées lors de l'entretien. Une rencontre a aussi regroupé, lundi, M. Brende avec M. Yousfi au cours de laquelle ils ont discuté, entre autres, de la situation sur les marchés internationaux du pétrole et de la baisse des cours du brut.