Le Premier ministre grec Alexis Tsipras se rendra lundi prochain à Berlin pour sa première visite en Allemagne depuis son arrivée au pouvoir, à l'invitation de la chancelière Angela Merkel dans un contexte de tensions diplomatiques accrues entre les deux pays, a annoncé lundi le gouvernement grec. Angela Merkel a demandé lundi matin à s'entretenir par téléphone avec son homologue et lui a adressé au cours de la conversation une invitation à venir la rencontrer à Berlin lundi 23 mars, selon un communiqué du cabinet du Premier ministre qui a accepté l'invitation. L'annonce de ce déplacement en Allemagne peut sonner comme une volonté d'apaisement de la part des deux dirigeants alors que la guerre des mots n'a cessé de s'amplifier entre Athènes et Berlin depuis une semaine sur fond d'âpres négociations européennes quant au programme économique du gouvernement de gauche radicale Syriza. La Grèce veut s'affranchir des mesures d'austérité qui accompagnent l'aide financière de ses partenaires de la zone euro, alors que ces derniers, Allemagne en tête, sont réticents à relâcher la pression sur le pays. Le gouvernement d'Alexis Tsipras a accru l'antagonisme avec Berlin en ravivant le sujet des réparations de guerre dues selon lui par l'Allemagne à la Grèce tandis que plusieurs dirigeants grecs ont pris à partie les responsables politiques allemands, et notamment le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, accusé de mener la ligne dure contre la Grèce parmi les pays de la zone euro. Dans une interview lundi, Alexis Tsipras lui-même a mis en cause, sans les nommer, les forces qui préfèreraient l'affrontement pour permettre la poursuite de l'austérité et qui, pour cette raison, bloquent l'application de l'accord du 20 février, accord qui a décidé de la poursuite de l'aide financière à la Grèce. Mais le versement d'une tranche de 7,2 milliards d'euros d'aide internationale qui matérialiserait la poursuite de cette aide est suspendu à la mise en œuvre par le gouvernement Tsipras de réformes concrètes. La Grèce fait cependant face à un calendrier serré d'obligations financières qui rendent sa situation précaire sans apport de liquidités.
La Grèce rembourse une tranche de prêts au FMI La Grèce, dans une situation financière précaire, a remboursé lundi une nouvelle échéance de prêts de 560 millions d'euros au Fonds monétaire international (FMI), l'un de ses créanciers, dans le cadre du plan d'assistance international en cours depuis 2010, a-t-on appris de source gouvernementale. Le paiement "a été effectué", a indiqué une source ministérielle. La Grèce doit encore rembourser vendredi 336 millions d'euros à cette institution financière, ce sera la dernière des quatre tranches d'un montant total de 1,5 milliard d'euros qu'elle avait à verser au FMI en mars. Les échéances d'avril et mai envers le FMI sont plus légères, respectivement 400 millions et 746 millions d'euros. Cette semaine, la Grèce doit aussi rembourser ou renouveler 1,6 milliard en bons du Trésor à court terme, l'un des seuls outils de financement du pays privé d'accès aux marchés d'emprunt à moyen et long terme. Une émission de 1,3 milliard d'euros en bons à trois mois a été réalisée la semaine dernière, une autre est prévue mercredi. Ces échéances sont particulièrement sensibles alors que le pays attend le déblocage, au moins partiel, de la dernière tranche de prêts (7,2 milliards d'euros) prévue dans le cadre de la prolongation de l'aide financière décidée le 20 février par la zone euro et le FMI. Ce versement est suspendu à la mise en œuvre de réformes par le gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras.
Toute la zone euro veut que la Grèce reste dans l'euro, dit Regling Tous les gouvernements de la zone euro souhaitent que la Grèce reste dans l'euro et il est de la responsabilité d'Athènes, des institutions internationales et des Européens d'éviter une sortie accidentelle, déclare le directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), Klaus Regling. Dans un entretien publié lundi dans le quotidien "Le Monde", il souligne qu'il n'est pas possible de débloquer des prêts à la Grèce tant que les institutions représentant les créanciers n'ont pas terminé la revue du deuxième plan d'aide. "Il faut que les parties s'entendent sur un niveau de déficit public, de surplus primaire, une liste de réformes à lancer", déclare-t-il. Klaus Regling dirige également le Fonds de soutien de la zone euro (FESF), le fonds d'urgence européen qui est le premier créancier de la Grèce, dont il détient 40% de la dette. "Le 'Grexit' n'est pas un objectif politique. Tous les gouvernements de la zone euro veulent que la Grèce reste dans la zone euro", ajoute-t-il. Quant au risque d'une sortie accidentelle de la Grèce de la zone, "c'est la responsabilité commune du gouvernement grec, des institutions et des ministres des Finances de l'union monétaire d'éviter qu'une sortie accidentelle de la Grèce de la zone euro se produise", poursuit-il.