On se dirige vers un bras de fer entre les nouveaux dirigeants grecs, représentés par le parti Syriza, et l'Union européenne, qui ne veut pas entendre parler d'un effacement de la dette d'Athènes, bien au contraire elle compte l'obliger à respecter ses engagements. "Faire partie de la zone euro signifie qu'il faut respecter l'ensemble des accords déjà passés", a martelé le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, à son arrivée à la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, au lendemain de la victoire éclatante du parti de la gauche radicale Syriza. Il a ainsi affiché la volonté de l'Europe de ne pas céder aux exigences d'Alexis Tsipras, en prévenant le nouvel homme fort à Athènes qu'elle n'était pas près d'effacer la dette de la Grèce et qu'il devait respecter les engagements de son pays. Si l'idée d'un nouvel effacement de la dette est catégoriquement rejetée par Berlin, plusieurs économistes plaident pour une nouvelle réduction des taux d'intérêt de certains prêts consentis à la Grèce, et un allongement de leur durée. C'est une idée évoquée lundi par le Premier ministre finlandais Alexander Stubb, qui figure pourtant dans le camp des durs. Ceci étant, la position de l'Allemagne sera déterminante, et la chancelière Angela Merkel a fait savoir qu'elle attendait du futur gouvernement grec qu'il "respecte les engagements pris". Elle a été relayée par son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, qui a déclaré : "Nous n'allons rien dicter, mais les obligations doivent être respectées." Plus conciliant, le président français François Hollande, qui a invité Alexis Tsipras à se rendre rapidement à Paris, a évoqué "deux principes par rapport à ce que vit la Grèce, c'est-à-dire une austérité qui a été particulièrement douloureuse : la solidarité et la responsabilité". "Des engagements ont été pris et ils doivent être tenus", a-t-il toutefois enchaîné. Tout en rejetant la troïka des créanciers (UE, BCE et FMI), Alexis Tsipras a assuré que son gouvernement était prêt à "négocier avec ses partenaires une solution juste, viable, durable, qui bénéficie à tous". Par ailleurs, l'UE a fixé à la Grèce la limite de fin février pour accomplir certaines réformes nécessaires au déblocage de quelque 7 milliards d'euros d'aide, un délai dont M. Tsipras a jugé qu'il ne "signifiait rien". De son côté, le FMI s'est dit prêt lundi à "continuer de soutenir la Grèce" et "espère entamer des discussions avec son nouveau gouvernement", a-t-il indiqué dans un très court communiqué. Le FMI, qui a accordé le plus grand plan d'aide de son histoire à Athènes, est un des premiers créanciers de la Grèce avec une dette de quelque 25 milliards d'euros à la fin 2014. Le pays vit depuis 2010 sous perfusion de ses créanciers internationaux, qui se sont engagés à lui prêter le montant colossal de 240 milliards d'euros, mais en échange d'une austérité drastique et de réformes qui ont mis le pays à genoux. Sur la dette "on ne va pas échapper à une renégociation", reconnaît une source européenne. Son niveau actuel n'est "pas soutenable", et "toute solution qui ne passe pas par une réelle réduction de cette dette ne pourra qu'entraîner une nouvelle crise en Grèce", affirme Jesus Castillo, de la banque Natixis. Le problème est "particulièrement difficile", reconnaît M. Castillo, en soulignant que "chaque joueur devra trouver la manière d'alléger le fardeau de la dette de la Grèce sans heurter son opinion publique ni donner des incitations à d'autres pays ayant des problèmes de dette", ajoute-t-il. MT./Agences