La chancelière allemande Angela Merkel est prête à laisser la Grèce sortir de la zone euro, au cas où la Gauche radicale remettrait en cause la politique de rigueur budgétaire dans ce pays, affirme l'édition en ligne du magazine Spiegel. Le gouvernement allemand juge quasiment inévitable une sortie (de la Grèce) de la zone euro, si le chef de l'opposition Alexis Tsipras (gauche radicale Syriza) dirige le gouvernement après les élections (législatives), abandonne la ligne de rigueur budgétaire et ne rembourse plus les dettes du pays, affirme le site web de l'hebdomadaire, en s'appuyant sur des sources proches du gouvernement allemand. Angela Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble (tous deux conservateurs) ont changé d'avis et désormais ils jugent supportable une sortie du pays de la monnaie unique en raison des progrès accomplis par la zone euro depuis le sommet de la crise en 2012, assure le Spiegel Online, toujours sur la base de ces sources. Le risque de contagion pour d'autres pays est limité car le Portugal et l'Irlande sont considérés comme assainis. Par ailleurs, le MES (mécanisme européen de stabilité) fournit un mécanisme de sauvetage puissant et l'Union bancaire assure la sécurité des instituts de crédit, auraient encore confié ces sources. Au sein du gouvernement, la première réaction à l'article du Spiegel est venue du secrétaire d'Etat social-démocrate aux Affaires européennes, Michael Roth. La Grèce est membre de la zone euro. Et doit le rester. Il faut éviter de provoquer, par la parole, des conséquences politiques et économiques qui seraient malvenues, a-t-il déclaré sur son compte Twitter. Le Parlement grec a annoncé mercredi sa dissolution et a confirmé l'organisation le 25 janvier d'élections législatives anticipées pour lesquelles la gauche radicale, Syriza, est donnée favorite dans les sondages. Le leader de Syriza, Alexis Tsipras, veut en finir avec la politique d'austérité imposée au pays par ses créanciers internationaux (la troïka UE, BCE et FMI) en échange de quelque 240 milliards d'euros de prêts. Il souhaite aussi négocier une nouvelle restructuration de la dette publique qui plombe l'économie grecque. Lundi, Wolfgang Schäuble avait jugé que la Grèce était tenue de continuer sur la voie des réformes déjà engagées, sans aucune alternative, quel que soit le résultat du futur scrutin. Deux jours plus tard, un responsable du parti conservateur CDU de Mme Merkel estimait dans une interview qu'aider financièrement Athènes n'était plus une nécessité aujourd'hui, évoquant une possible sortie du pays de la zone euro. Il n'y a plus de potentiel de chantage. La Grèce ne représente pas un risque systémique pour l'euro, avait ajouté ce responsable, Michael Fuchs, vice-président du groupe parlementaire CDU au Bundestag.
Athènes, amorce d'un changement nécessaire en Europe Une victoire de Syriza aux élections législatives de janvier en Grèce marquerait l'amorce d'un changement nécessaire en Europe qui entraînerait notamment l'Espagne et l'Irlande dans la même direction, a pronostiqué samedi Alexis Tsipras, chef du parti de la gauche grecque en tête des sondages. Dans un discours à Athènes reprenant les principaux points du programme de Syriza, Alexis Tsipras a estimé que le changement nécessaire en Europe commence ici, en Grèce, et gagnera progressivement toujours plus (de pays). Il a notamment cité le cas de l'Espagne où le nouveau parti anti-libéral Podemos a le vent en poupe pour les législatives de 2015 et celui de l'Irlande où des élections sont prévues en 2016. Tsipras veut faire de la Grèce un exemple positif de progressisme en Europe tablant aux élections du 25 janvier sur la fin d'un vieux monde politique, celui des conservateurs de la Nouvelle Démocratie et des socialistes du Pasok actuellement au pouvoir au sein d'une coalition. Grâce à des négociations énergiques, nous garantissons une participation réellement équitable de notre pays à la zone euro, sans l'austérité que n'imposent pas les règles européennes, a déclaré le dirigeant de Syriza. Il faut en finir avec l'austérité, a-t-il insisté. L'édition en ligne du magazine Spiegel a affirmé samedi que la chancelière allemande Angela Merkel était prête à laisser la Grèce sortir de la zone euro, au cas où Syriza remettrait en cause la politique de rigueur budgétaire dans ce pays. Alexis Tsipras, dont le parti mène de trois à six points dans les sondages, a présenté un programme de gouvernement qui ne créera pas de nouveaux déficits, basé sur quatre piliers et une cinquantaine de mesures concrètes. L'un des propositions phare de Syriza reste l'effacement de la majeure partie de la valeur nominale de la dette grecque (177% du PIB prévu pour 2014), à l'origine de la crise en 2009 et qui n'est toujours pas viable, selon M. Tsipras. Cet effacement de la dette détenue en majeure partie par les banques centrales européennes passerait par une négociation dans le cadre de l'Union européenne et des institutions européennes et serait sans dommage pour les peuples d'Europe. Syriza souhaite également une période de moratoire sur le remboursement de la dette pour pouvoir d'abord consacrer des dépenses à la relance de l'économie du pays. Les quatre piliers du programme mettent l'accent sur la lutte contre la crise humanitaire, la relance de l'économie, la reconquête du travail, la réforme de l'Etat. Parmi les mesures envisagées figurent le relèvement du salaire minimum de 580 à 751 euros, électricité gratuite et bons de ravitaillement pour 300.000 ménages, une réforme fiscale, une loi sur les arriérés d'impôts et les prêts non remboursés, une révision du programme de privatisation, un gouvernement resserré de dix ministres, une réforme et un renforcement de la brigade financière, des réformes des procédures en vigueur dans la fonction publique pour lutter contre la corruption.