Les cours du pétrole se sont repliés vendredi, sous les 97 dollars le baril pour le brut léger américain, face au rebond du dollar et alors que certains signes montrent une augmentation de la production de certains pays de l'Opep avant même la réunion ministérielle de l'organisation le 5 décembre à Abou Dhabi. Vers 12h20 GMT, le brut léger abandonnait 99 cents, soit 1,02%, à 96,30 dollars le baril et le Brent cédait 52 cents, soit 0,55%, à 93,98 dollars. "La question de l'Opep reste ouverte", estime David Moore, stratège en matières premières chez Commonwealth Bank of Australia, à Sydney. "Elle pourrait relever son quota de production mais rien n'est certain. Les marchés pétroliers demeurent fondamentalement tendus". L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne montre aucun signe laissant présager une augmentation de sa production, ce qui est perçu par de nombreux analystes comme un facteur aggravant. De nombreux membres du cartel ont même exclu une hausse de la production pour faire baisser les cours. L'Opep examinera ses niveaux de production lors de la prochaine réunion ministérielle à Abou Dhabi le 5 décembre. Lors du sommet présidentiel qui s'est tenu à Riyad les 17 et 18 novembre, le cartel avait jugé le marché correctement approvisionné et mis la hausse des prix sur le compte de la spéculation et de l'inadaptation des infrastructures de raffinage, notamment aux Etats-Unis. Cependant, selon les prévisions de Roy Mason, du cabinet d'études Oil Movements, les exportations de brut de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, en excluant l'Angola, vont progresser de 720.000 barils par jour pour les quatre semaines au 8 décembre. Cette hausse sera, selon lui, la plus importante de l'année, la majeure partie du surplus alimentant des raffineurs occidentaux. Mason estime, en outre, que les exportations maritimes des 11 membres de l'Opep vont atteindre 24,54 millions de bpj, contre 23,82 millions au 10 novembre dernier. Cette pause des cours de l'or noir est également liée à la reconstitution des réserves de brut dans l'un des plus grands terminaux des Etats-Unis. En effet, l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) a fait état mercredi d'une augmentation de 1,2 million de barils des stocks au terminal de Cushing, le plus surveillé par les investisseurs sur le Nymex, au cours de la semaine passée, éclipsant la baisse d'ensemble des stocks de brut sur la période. Les stocks du terminal s'élevaient en fin de semaine à 14,6 millions. "L'augmentation des stocks à ce point clé de livraison physique pour le contrat de brut traité sur le Nymex a semble-t-il pris le marché à contre-pied", écrit First Energy Capital dans son point quotidien sur le marché. Sinon, la statistique hebdomadaire dans son ensemble a fait ressortir une baisse plus forte que prévu de 2,4 millions de barils des stocks de produits distillés dont fait partie le fioul domestique. L'approche de la réunion Opep d'Abou Dhabi, dans moins de deux semaines, devrait alimenter les spéculations sur une possible augmentation durable de l'offre du cartel, susceptible de faire baisser les prix. Selon Ahmed Zaki Yamani, ancien ministre du pétrole d'Arabie saoudite, Le prix du baril de pétrole pourrait retomber à 75 dollars en 2008 si l'Opep décidait de relever ses quotas de production à l'occasion de sa réunion de décembre et si les températures hivernales restaient modérées dans l'hémisphère nord. Le baril pourrait toutefois être propulsé à 200 dollars si les Etats-Unis lançaient une offensive militaire contre l'Iran, a-t-il mis en garde jeudi au cours d'une conférence à Madrid. Enfin, nombre d'analystes s'attendent à ce que le marché, soutenu notamment par les investissements spéculatifs, tente de franchir le seuil symbolique des 100 dollars avant la réunion du 5 décembre à Abou Dhabi.