Selon le rapport de l'Aiea, le plafond de production des 11 pays membres de l'Opep dépasserait de 1,8 million de barils par jour les quotas auxquels ils sont soumis. La réduction historique de 4,2 millions de barils par jour décidée par les Etats membres de l'Opep en 2008 pour tenter de mettre fin à la sévère dégringolade des prix du pétrole et rééquilibrer la situation entre l'offre et la demande, ne semble être qu'un vieux souvenir. Les cours de l'or noir qui ont repris de la vigueur depuis pour frôler les 83 dollars la semaine passée, ont apparemment encouragé certains pays producteurs à mettre plus de pétrole sur le marché. Le rapport de l'Agence internationale de l'énergie, qui défend les intérêts des pays consommateurs, l'atteste. Les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole soumis aux quotas (hormis l'Irak) dépassent de 1,8 million de barils par jour le plafond de leur production. Le Koweit, qui détient 10% des réserves de brut prouvées dans le monde, ne s'en est pas caché. Il avait annoncé au mois de décembre 2009 qu'il avait porté sa capacité de production à quelque 3,13 millions de barils par jour et n'a pas caché que son ambition était d'atteindre les 4 millions de barils par jour d'ici 2020. «Grâce à la modernisation de plusieurs projets, nous avons pu porter la capacité de production de la Kuweit Oil Compagny à 2,85 millions de barils par jour. Si l'on ajoute la part du Koweit dans la zone neutre (exploitée avec l'Arabie Saoudite) qui est comprise entre 270.000 et 280.000 barils, cela portera la capacité de production du Koweit à 3,13 millions de barils par jour», avait indiqué Sami al-Rachid, le président de la KOC, la Kuweit Oil Compagny, dont les déclarations ont été reprises par le quotidien Al Raï. Les récents prix du pétrole font tourner les têtes. Cheikh Ahmad Abdallah al Sabah a qualifié le prix du baril de pétrole à 82 dollars de «fantastique». Le ministre koweitien du Pétrole a aussi assuré que son pays militerait pour un maintien des quotas de production lors de la prochaine réunion de l'Opep qui doit se tenir au mois de mars prochain. Quel impact pourra avoir sur les prix cette indiscipline notoire au sein de l'Opep, maintes fois dénoncée par le ministre algérien de l'Energie Chakib Khelil, et qui consiste à ne pas respecter les quotas imposés dans le cadre des réductions décidées en 2008 à Vienne en Autriche ainsi qu'à Oran en Algérie (2,2 millions de barils par jour le 17 décembre)? Il y a encore beaucoup de pétrole sur les marchés et cela pourrait contribuer à les perturber. Le rapport hebdomadaire portant sur l'état des réserves américaines publié chaque mercredi par le DoE, le département américain de l'énergie, a fait apparaître une augmentation des stocks de brut aux Etats-Unis de l'ordre de 3,7 millions de barils, trois fois plus que ce qui était attendu, tandis que ceux de l'essence ont progressé de 3,8 millions de barils, contre une hausse prévue et estimée à 1 million de barils. Cette progression aussi massive que surprenante a de nouveau relancé les craintes sur l'état de la demande mondiale de brut. Les cours de l'or noir n'y ont pas été insensibles malgré la vague de froid qui continuait à sévir. A New York, le baril de «Light Sweet Crude» a terminé la séance de mercredi à 79,55 dollars cédant 1,24 dollar. Le repli des prix du brut s'est accéléré les jours suivants. Ils ont reculé pour la cinquième fois consécutive après avoir progressé 10 fois de suite entre le 22 décembre 2009 et le 6 janvier 2010 enregistrant des gains supérieurs à 7 dollars. Le rapport mensuel de l'Agence internationale de l'énergie, rendu public vendredi, qui faisait mention d'un léger rebond de la consommation mondiale de pétrole estimée à 1,7% en 2010, celle-ci devrait être portée essentiellement par les économies des pays tels que la Chine, l'Inde...La consommation d'or noir qui était de 84,9 millions de barils par jour en 2009 atteindrait les 86,3 millions de barils par jour en 2010. Ce menu frémissement annoncé de l'économie mondiale, n'a pas eu d'impact sur les cours de pétrole. Le «brut léger américain» échangé sur le New York Mercantile Exchange a clos la semaine sur une perte de 71 cents à 78,68 dollars, retrouvant ainsi une fourchette où il avait évolué pendant des semaines et qui fait les affaires des pays membres de l'Opep.