La trêve humanitaire au Yémen est entrée en vigueur mardi à 20H00 GMT, après sept semaines de raids aériens et de combats meurtriers, a annoncé le porte-parole de la coalition engagée dans une campagne aérienne contre les rebelles Houthis soutenus par l'Iran. Absolument, le cessez-le-feu a commencé à 23H00 (20H00 GMT), a déclaré le général de brigade Ahmed Assiri. Mais il a prévenu les Houthis que la coalition reprendrait ses raids en cas de violation de la trêve, annoncée vendredi pour cinq jours renouvelables. Nous nous engageons à la respecter, a ajouté le gradé saoudien, soulignant toutefois que la coalition allait poursuivre ses opérations de renseignement, de reconnaissance et de surveillance en vue d'une éventuelle riposte. Nous serons prêts à réagir à toute violation de la trêve, a-t-il encore dit, ajoutant: Nous sommes très clairs: s'ils ne respectent pas le cessez-le-feu nous continuerons les frappes, lancées le 26 mars pour empêcher les rebelles chiites de prendre le contrôle de l'ensemble du territoire yéménite, frontalier de l'Arabie saoudite.
Le Conseil de sécurité demande le respect de la trêve Les membres du Conseil de sécurité ont "salué l'initiative de l'Arabie saoudite et du gouvernement du Yémen d'appliquer une pause humanitaire" au Yémen. Ils ont demandé à tous les belligérants de la respecter, dans une déclaration adoptée mardi soir par consensus. Dans cette déclaration, les 15 pays membres "expriment leur profonde inquiétude devant les graves conséquences humanitaires de la poursuite de la violence au Yémen". Ils demandent aux belligérants de "suspendre leurs opérations militaires de manière transparente et fiable" pendant cette trêve. Ils leur demandent aussi de "permettre l'entrée et la livraison des secours essentiels à la population civile, y compris la nourriture, les médicaments et le carburant". Ils exhortent "toutes les parties prenantes à faciliter la livraison urgente de l'aide humanitaire et un accès rapide, sécurisé et sans entraves, pour les acteurs humanitaires".
Discussions "de bonne foi" Les membres du Conseil de sécurité expriment en outre leur "total soutien" à l'émissaire de l'ONU au Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, qui vient d'entamer une visite dans le pays. Ils invitent le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à intensifier ses efforts de bons offices et à convoquer une conférence de négociation pour trouver une solution politique. Ils invitent par ailleurs tous les protagonistes de la crise yéménite à participer à ces discussions sous l'égide de l'ONU "sans conditions préalables et de bonne foi". Selon des diplomates, cette conférence pourrait se tenir à Genève après celle qui doit se tenir à Ryad le 17 mai à l'invitation des pays du Golfe.
Menaces de réplique Enfin, les pays membres rappellent aux belligérants leur obligation de respecter les lois internationales humanitaires et notamment de "prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages causés aux civils". Une trêve humanitaire censée mettre fin à sept semaines de raids aériens et de combats meurtriers est entrée en vigueur mardi soir au Yémen, a annoncé la coalition qui combat les rebelles. Elle a prévenu qu'elle répliquerait à toute violation du cessez-le-feu proposé par l'Arabie saoudite.
L'aide humanitaire iranienne va transiter par Djibouti Un bateau d'aide humanitaire que l'Iran vient d'expédier vers le Yémen doit livrer son aide via l'ONU et une plate-forme internationale à Djibouti, plutôt que directement dans le pays en guerre, a estimé mardi le Pentagone. Nous surveillons ce bateau, a indiqué le colonel Steven Warren, le porte-parole du Pentagone. Nous sommes au courant des déclarations iraniennes selon lesquelles ils prévoient de le faire escorter par des navires militaires, a-t-il ajouté. Nous appelons les Iraniens à faire ce qu'il faut, c'est-à-dire à livrer leur aide humanitaire en accord avec les règles de l'ONU, via la plate-forme de distribution qui a été établie à Djibouti, a-t-il précisé. Toute autre manière de livrer l'aide ne serait pas la bonne chose, a estimé le porte-parole. Le bateau, nommé le Shahed selon l'agence de presse iranienne Irna, a été expédié par le Croissant-Rouge iranien et transporte 2 500 tonnes d'aide humanitaire. Il se trouvait mardi matin dans le golfe d'Oman, selon le site Marine traffic, qui suit le trafic maritime mondial. Le porte-parole du Pentagone s'est refusé à dire ce qui feraient les Etats-Unis si le bateau iranien cherchait à accoster directement au Yémen. Selon l'agence de presse Irna, citant l'amiral iranien Hossein Azad, le bateau d'aide humanitaire doit être escorté par des navires militaires iraniens. Le département d'Etat a indiqué mardi que les Etats-Unis suivaient bien sûr ce convoi de près. Nous le dissuaderons de tout acte de provocation, a ajouté Jeff Rathke, porte-parole du département d'Etat. Les Etats-Unis et l'Iran se sont livrés à plusieurs face-à-face maritimes virtuels dans la zone récemment. Fin avril, les Américains avaient dépêché près des côtes du Yémen leur porte-avions Roosevelt, alors qu'un convoi de bateaux iraniens, escorté par deux patrouilleurs, se dirigeait vers le pays. Les Américains soupçonnaient le convoi de transporter des armes pour les rebelles chiites Houthis, soutenus par l'Iran. Le convoi avait finalement fait demi-tour après quelques jours, et le Roosevelt avait regagné le Golfe Persique. Si les Iraniens sont en train de préparer une sorte de coup dans la région, ils savent aussi bien que nous que (...) cela pourrait potentiellement menacer le cessez-le-feu mis en place si difficilement au Yémen, a souligné le colonel Steven Warren.