Les cours du pétrole s'affichaient en repli hier matin en Asie dans des volumes modestes pour cause de jour férié à Singapour et sous l'effet d'inquiétudes persistantes concernant le déséquilibre entre l'offre et la demande mondiales. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet, qui comme le Brent s'était fortement apprécié la semaine dernière, repassait sous la barre des 60 dollars, à 59,78 dollars, en retrait de 52 cents. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance cédait 51 cents, à 65,05 dollars. Si les opérateurs se sont provisoirement réjouis de la baisse hebdomadaire des stocks de brut aux Etats-Unis au cours de la semaine achevée le 22 mai, ils restent en majorité sceptiques quant à une remontée durable des cours tant l'offre demeure abondante, sinon en augmentation. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui pompe 40% du brut mondial, se réunit vendredi à Vienne pour débattre du niveau de production de ses membres. Lors de la dernière réunion en novembre, le cartel, sous l'impulsion de l'Arabie saoudite, avait refusé de bouger pour soutenir les cours. La plupart des analystes s'attendent à un maintien de ce quota à 30 millions de barils par jour, selon une enquête de Bloomberg News. L'Arabie saoudite ne manifeste en effet aucune velléité de renoncer à ses positions sur le marché: le royaume a pompé 10,25 millions de barils en mai, inchangé par rapport à avril mais au plus haut depuis 1989. "La production va devoir diminuer pour empêcher les cours du pétrole de s'éroder" de nouveau alors qu'ils se sont nettement repris depuis le début de l'année après avoir perdu environ 60% de leur valeur entre juin et mars, note Ric Spooner chez CMC Markets, cité par Bloomberg. "Non seulement la production saoudienne est stable mais la production américaine est également repartie à la hausse. C'est pourquoi nous sommes prudents sur (les probabilités) d'une appréciation des cours", souligne-t-il. Vendredi, le baril de "light sweet crude" avait bondi de 2,62 dollars à 60,30 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le Brent avait connu une hausse encore plus forte, gagnant 2,98 dollars à 65,56 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).
L'offre de l'Opep au plus haut depuis 2012 L'offre de pétrole de l'Opep a encore augmenté en mai pour atteindre son niveau le plus élevé depuis plus de deux ans, a établi Reuters à partir des données de compagnie pétrolières, de l'Opep et de consultants. Elle a atteint 31,22 millions de barils par jour contre 31,16 millions (révisé) en avril, dépassant ainsi l'objectif officiel de 30 millions de barils de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et confirmant l'accent mis par l'Arabie saoudite et les autres grands producteurs sur la défense de leurs parts de marché. La production de mai a en particulier été dopée par les chiffres élevés de l'Arabie saoudite et de l'Irak et par une augmentation des exportations de l'Angola. La production saoudienne est restée à son niveau record d'avril, soit 10,30 millions de bpj, et celle de l'Irak, également à son plus haut en avril, n'a que faiblement diminué à 3,56 millions de bpj. L'Angola de son côté a exporté l'équivalent de 58 pétroliers, plus que prévu. Si la production de mai de l'Opep n'est pas révisée, elle sera la plus importante depuis celle de 31,53 millions de bpj relevée en août 2012. L'organisation se réunit vendredi et devrait laisser son objectif de production inchangé alors que le cours du Brent est revenu au niveau de 65 dollars après son point bas de 45 dollars touché en janvier. "On attend une confirmation de l'objectif de production, tout autre scénario serait une surprise totale", déclare Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank. "La hausse rapide de la production américaine a été enrayée et les cours du brut se sont considérablement redressés."