Les cours du pétrole étaient en hausse hier matin en Asie à la faveur d'une baisse du dollar mais les gains étaient limités par le maintien par l'Opep de son niveau de production et la détérioration de la demande chinoise. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet prenait 24 cents, à 58,38 dollars tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison également en juillet s'appréciait de 23 cents, à 62,92 dollars. Le dollar était en baisse sur les marchés asiatiques, s'échangeant 124,44 yens contre 124,47 à New York et 125,56 dollars vendredi. Le pétrole est libellé en dollars et toute baisse du billet vert rend moins chers les achats pour les investisseurs détenteurs de devises plus faibles. La hausse des cours de l'or noir était cependant tempérée par "le ralentissement de la demande chinoise et les inquiétudes quant aux perspectives de voir la décision de l'Opep prolonger la surabondance de l'offre", a déclaré la United Overseas Bank de Singapour. La Chine a vu ses importations dégringoler en mai pour le septième mois consécutif, tandis que ses exportations essuyaient un nouveau repli, symptômes de la détérioration de la demande et du ralentissement de l'activité dans la deuxième économie mondiale. En même temps, l'inflation en Chine a nettement ralenti en mai, à 1,2% sur un an, alimentant les craintes de spirale déflationniste. Les marchés continuent aussi de digérer la décision annoncée vendredi par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de maintenir la production à 30 millions de baril par jour. Le niveau élevé de l'offre d'or noir a largement contribué à faire chuter de moitié les prix au second semestre de l'an dernier, même s'ils ont un peu rebondi depuis le début du printemps. La veille, les cours du pétrole ont reculé à New York, le marché tournant le regard vers l'Iran et la Chine, après la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) vendredi. Le prix du baril de référence (WTI) pour livraison en juillet a perdu 99 cents à 58,14 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a perdu 62 cents à 62,69 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "Nous sommes dans une phase de repli technique", a jugé Michael Smith, chez T&K Futures and Options, notant que toute déclaration sur les progrès des discussions sur le nucléaire iranien ou la faiblesse de la demande chinoise représentait "une excuse pour prendre des bénéfices et quitter le marché". "Le dollar plus faible aide à limiter les pertes, mais les inquiétudes sur la surabondance de l'offre pèsent sur le marché", a fait valoir pour sa part Tim Evans, chez Citi. L'Opep a maintenu vendredi le statu quo, poursuivant ainsi sa stratégie de protection de ses parts de marché, après avoir compté pour beaucoup dans la chute des cours en maintenant déjà à l'automne dernier son plafond de production à 30 millions de baril par jour (mbj). Après cette réunion, les investisseurs sont redevenus attentifs aux négociations entre l'Iran et les grandes puissances sur un accord final sur le nucléaire iranien qui doit être conclu d'ici fin juin. Si elles aboutissent et que les sanctions internationales contre l'Iran étaient levées, le pays pourrait produire un million de barils de pétrole par jour supplémentaires dans les six à sept mois qui suivent, a précisé le ministre iranien du Pétrole, lors du séminaire de l'Opep la semaine dernière. Et l'Iran n'est pas seul à inquiéter le marché: "Il y a aussi l'Irak, ces deux pays auront sans doute beaucoup plus de brut (à exporter) dans l'année qui vient", a noté Bart Melek, chez TD Securities, en relevant que par ailleurs "la demande n'est pas en très forte croissance". Il faisait en particulier référence à la Chine, deuxième plus gros consommateur de pétrole au monde, où les douanes ont fait état de fortes baisses en volume des importations de pétrole brut (-10,9% sur un an), à 5,5 mbj, au plus bas depuis février 2014 et contre un niveau record de 7,4 mbj en avril. "Il se peut que ce soit en réaction aux prix plus élevés, mais tout de même nous continuons à faire face à de forts vents contraires pour le WTI", a souligné M. Melek. "Les importations chinoises ont tendance à être irrégulières, donc nous ne voulons pas tirer trop de conclusions des données sur un mois, mais cela refroidit tout de même l'idée qu'une amélioration de la demande asiatique soutienne les prix", a souligné pour sa part Tim Evans. Globalement, M. Smith a estimé que les prix avaient toutes les chances de rester dans une marge d'amplitude allant de 55 à 63 dollars le baril pour le WTI, "on va probablement en rester là jusqu'à ce quelque chose pousse" à la hausse ou à la baisse, soit un succès des pourparlers avec l'Iran, soit une nette reprise de la demande, a-t-il dit.