Le Parlement roumain a rejeté hier une motion de censure contre le gouvernement du social-démocrate Victor Ponta, un vote qui lui permet de rester au pouvoir mais ne résout pas la crise provoquée par ses déboires avec la justice. Le Parti national libéral (PNL, opposition), à l'origine de cette troisième motion de censure depuis l'arrivée de Victor Ponta au pouvoir en 2012, avait besoin de 278 voix pour la faire passer. Il en a récolté 194. Ce résultat était largement attendu étant donné la large majorité dont dispose la coalition de centre-gauche au Parlement. Le Parti social-démocrate (PSD) ainsi que ses alliés avaient assuré le chef du gouvernement de leur soutien. Mardi, ils avaient déjà démontré leur dévouement en votant contre la levée de son immunité parlementaire et empêché ainsi le lancement de poursuites pénales qui auraient pu conduire à sa suspension par le chef de l'Etat conservateur Klaus Iohannis. Le Parquet anticorruption (DNA) soupçonne Victor Ponta de conflit d'intérêts dans l'exercice de ses fonctions de Premier ministre. Nous allons nous mettre au travail car le pays doit être gouverné, a déclaré M. Ponta après le vote. L'opposition a de son côté l'intention de maintenir la pression et tenter de trouver des alliés au Parlement. Le PNL va déposer une autre motion de censure à l'automne contre un gouvernement sans légitimité et avec la certitude qu'elle réussira, a réagi la co-présidente du PNL Alina Gorghiu. La motion n'était pas directement liée aux soucis du chef du gouvernement avec la justice. Les conservateurs du PNL accusent notamment l'équipe au pouvoir d'avoir cherché à empêcher le vote des Roumains de la diaspora, traditionnellement favorables à la droite, lors de l'élection présidentielle de novembre. Et ils critiquent l'absence de progrès dans l'élaboration d'une loi, voulue par Klaus Iohannis, permettant aux Roumains de l'étranger de voter par correspondance. Le fiasco du vote des Roumains de la diaspora - des milliers n'avaient pas pu exprimer leur suffrage au premier tour à cause d'un nombre insuffisant de bureaux de vote - avait provoqué un élan de solidarité dans le pays, l'un des plus pauvres de l'Union européenne, notamment de la part des jeunes et des citadins. Leur mobilisation avait finalement conduit à la victoire surprise de Klaus Iohannis, un ardent défenseur de l'indépendance de la justice. Victor Ponta, 42 ans, reste poursuivi pour faux, complicité d'évasion fiscale et blanchiment d'argent du temps où il était avocat puis député, entre 2007 et 2011. Il clame son innocence et exclut de démissionner, comme le lui a demandé le chef de l'Etat. M. Ponta se dit victime d'une tentative de coup d'Etat orchestrée par l'opposition avec la complicité de la justice.