Le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a affirmé jeudi à Alger, que son parti accueillait favorablement tout dialogue autour de l'ensemble des questions nationales exceptée celle liée à une période de transition pour la gestion des affaires de l'Etat comme proposé par certaines parties de l'opposition. Le RND est disposé à débattre de toutes les questions à caractère économique, sécuritaire et politique excepté celle touchant au choix du peuple à travers l'urne comme la question de la période de transition, a indiqué M. Ouyahia lors d'une conférence de presse tenue à la fin des travaux de la 4e session ordinaire du conseil national du RND. Il a précisé que le RND "s'oppose aux tentatives de substituer l'opinion d'un groupe politique à celle du peuple", soulignant qu'il existait "une seule voie dans le pluralisme en matière d'alternance au pouvoir à savoir le peuple et non le consensus national ni la période de transition". Il a appelé, à cette occasion, la classe politique à orienter le débat et le dialogue vers les "questions épineuses que connait le pays notamment au plan économique en raison du recul des prix du pétrole" ainsi que la question de la corruption. A une question sur la date de la révision de la Constitution, M. Ouyahia, également ministre d'Etat, directeur de cabinet à la présidence de la République, a estimé que cela était tributaire d'un calendrier et que "la locomotive est d'ores et déjà lancée, le reste relève des prérogatives du président de la République". S'adressant à ceux qui disent que le président de la République "a échoué" dans la réalisation d'un consensus autour de l'amendement constitutionnel, il a rappelé que les parties intéressées avaient pris part aux consultations même celles qui estimaient que "cela n'était pas d'actualité". Concernant les menaces qui pèsent sur la sécurité de l'Algérie, il a évoqué l'organisation autoproclamée Etat islamique "Daech", soulignant qu'il s'agissait d'"une réalité proche et non d'un fantôme" et que sa "graine s'était propagée de l'Algérie durant les années 90". Il a salué à ce propos les forces de sécurité qui ont pu faire avorter plusieurs tentatives d'entrée d'armement lourd en Algérie". L'Algérie était encore ciblée, a-t-il tenu à faire remarquer ajoutant que les "dangers sont réels". Il a rappelé "les tentatives de déstabilisation de l'Algérie en 2011" et la propagation d'armes et de stupéfiants qui transitent par le pays. D'autre part, M. Ouyahia a abordé le message de félicitations adressé par le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'Etat-major de l'Armée nationale populaire (ANP), chef de corps d'armée Ahmed Gaid Salah, au secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN) à l'occasion de la "réussite du 10e congrès". Il a reproché à la presse d'avoir politisé et conféré une dimension disproportionnée à cette question ce qui est selon lui "un motif de préoccupation" appelant à mettre fin à l'anarchie et aux atteintes à l'image des Institutions. "C'était un message de félicitations d'un frère à un frère et rien de plus", a-t-il insisté. Concernant les activités du président du FCE, Ali Haddad et ses rencontres avec les ambassadeurs de certains pays, M. Ouyahia les attribuera aux efforts visant à drainer les investissements au profit de l'économie nationale. "Recevoir des ambassadeurs n'est pas une trahison contre la patrie", a encore argué M. Ouyahia. Il a rappelé à ce titre que l'Etat avait besoin de toutes ses potentialités publiques et privées ainsi et des "autres partenaires disposés à travailler avec nous", a-t-il dit s'interrogeant "pourquoi ne s'élève-t-on pas contre les personnes qui importent la sale marchandise". Rappelant avoir dit lors d'une conférence de presse en juin 2012 que l'argent commandait en Algérie, qu'il commençait à gouverner, à devenir un argent mafieux, il a affirmé qu'"aujourd'hui l'argent sale arrive avec de la sale marchandise". Pour ce qui est de la démission de Bensalah de son poste à la tête du RND, il a répondu que sa démission était volontaire et qu'elle n'était liée à aucune conjoncture "ni à un système qui a besoin de renfort tel que colporté par la presse". Concernant ses fonctions à la présidence de la République et l'éventualité de sa démission après sa nomination à la tête du RND, M. Ouyahya a précisé qu'il assumera les deux fonctions même si cela impliquait davantage de responsabilités. "Je suis un homme d'Etat" et "je serais toujours au service du pays à chaque fois qu'on me sollicite", a-t-il soutenu. A une question sur certaines institutions de l'Etat comme le département du renseignement et de la sécurité (DRS) de l'armée populaire nationale (ANP) que d'aucuns tentent de "diaboliser", le SG par intérim du RND a salué ces Institutions qui veillent à la protection du pays. "Je salue le DRS et je salue Toufik (responsable du DRS), en tant que frère et compagnon, ainsi que les centaines de milliers de personnes qui veillent à la protection du pays et consentent d'immenses sacrifices à cette fin", a-t-il dit. Invité à donner son point de vue sur le problème suscité à In Salah (extrême sud) par le projet d'exploitation du gaz de schiste, il a indiqué que les habitants du sud "ne sont pas les damnés de la terre" et l'Etat "ne fait aucune différence entre les habitants du nord et ceux du sud" affirmant que l'exploitation du gaz de schiste n'était pas possible en Algérie avant au moins 6 ou 8 ans. Il a ajouté dans ce sens que la production du pétrole et du gaz conventionnels diminuait d'année en année et qu'elle pourrait cesser dans 10 à 15 ans. Aussi, l'Algérie doit trouver des ressources de substitution, a-t-il dit en affirmant que l'expérience de l'extraction du gaz de schiste et non l'exploitation effectuée à In Salah a été réalisée par Sonatrach en collaboration avec la société Schlumberger. La société Total n'a jamais été impliquée comme prétendu, a-t-il dit. Certains pays lancent des rumeurs concernant les effets négatifs de l'extraction du gaz de schiste pour des raisons servant leurs propres intérêts, a dit M. Ouyahia citant l'exemple d'un "pays ami, un des plus grand producteurs d'énergie nucléaire et dont la production du gaz de schiste par l'Algérie risque de le désavantager en la matière.
Les partis FLN et TAJ saluent l'initiative d'Ouyahia Le parti du Front de libération nationale (FLN) et Tajamoue Amal Jazair (TAJ) ont salué jeudi l'initiative du secrétaire général par intérim du rassemblement national démocratique (RND) Ahmed Ouyahia de former un "pôle politique" afin de conforter le soutien au président de la République et renforcer la voix de la majorité. Les partis du FLN et TAJ ont salué, dans une déclaration à l'APS, un nouveau jalon dans le processus d'alliance qui les a regroupés durant la dernière élection présidentielle pour "soutenir le programme du président Bouteflika". Le Mouvement populaire algérien (MPA) a pour sa part préféré s'accorder le temps de procéder à une concertation avant de se prononcer sur cette offre. Le membre du bureau politique du parti FLN, chargé de la communication, Said Bouhadja, a estimé que l'initiative de M. Ouyahia était "susceptible d'harmoniser les modalités de soutien au président de la République et de conforter les positions des partis adhérents à cette démarche". Il a rappelé que l'alliance des formations politiques qui soutiennent le président de la République n'était pas une nouveauté. "Cette idée s'est déjà matérialisée durant la campagne électorale pour la présidentielle 2014 et les positions en découlant sont maintenues en ce qui concerne la conduite à tenir vis à vis des questions politiques qui se posent et en terme de mobilisation des masses populaires", a-t-il soutenu. De son côté, Nabil Yahiaoui, membre dirigeant de Taj a apprécié "une avancée dans le processus de soutien au président de la République" d'autant plus, a-t-il argué, que "la conjoncture actuelle met l'Algérie devant moult défis, sécuritaires notamment du fait de l'instabilité que connaissent certains pays du voisinage". L'unification des efforts au sein d'un même pole politique traduit des positions communes déjà adoptées par ces partis lors de la dernière élection présidentielle, a-t-il rappelé. Contacté par l'APS, le Mouvement de la société pour la paix (MSP, un des pôles de l'Alliance présidentielle par le passé), a indiqué qu'"il n'était concerné ni de près ni de loin par l'initiative d'Ahmed Ouyahia". Après avoir été plébiscité secrétaire général par intérim du RND, M. Ouyahia a lancé un appel au secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Ammar Saadani, au président de Tajamou Al Jazair, Amar Ghoul, et au président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounes, les invitant à "œuvrer au sein d'un pôle politique". Il a souligné que son parti "veillera à participer efficacement au débat politique local dans le respect de tous les autres acteurs en vue de contribuer au progrès qualitatif du pluralisme politique en Algérie", ajoutant qu'"il restera disposé à participer à toutes les consultations autour de l'amélioration de la gouvernance dans le pays".