Wall Street, après une semaine de surplace, reste à la merci des annonces de la Fed et des évolutions de la crise de la dette grecque, ce qui devrait inciter les investisseurs à la prudence. En cinq séances, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 0,28% à 17 898,84 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, a cédé 0,34% à 5 051,10 points. L'indice élargi Standard and Poor's 500, jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, a progressé de juste 0,06% à 2 094,11 points. La semaine a connu des soubresauts, épousant largement les évolutions des marchés européens, eux-mêmes soumis aux flux et reflux de l'optimisme quant au règlement de la question de la dette grecque. C'est ainsi que la nette hausse enregistrée sur deux jours mercredi et jeudi a fini par tourner court vendredi, le marché se laissant rattraper par les inquiétudes sur la Grèce. La direction de la semaine à venir, qui sera surtout marquée mardi et mercredi par la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed, n'est pas plus facile à prévoir, ont expliqué les analystes. "Le marché est très volatil, il est sensible à l'actualité", a souligné Hugh Johnson, chez Hugh Johnson Advisors. Vu le niveau actuel élevé des valorisations, "il est très difficile de plaider pour une hausse du prix des actions alors qu'on se retrouve face à une hausse des taux d'intérêts par la Réserve fédérale" (Fed). Chez Natixis, Evariste Lefeuvre n'a guère dit autre chose. "C'est une semaine où on n'a pas très envie de s'engager sur les actions", a-t-il dit, vu les événements prévus: "le 17 il y a (la décision du Comité de politique monétaire de) la Fed, et le 18 l'Eurogroupe (ndlr: la réunion des ministres des Finances de la zone euro). Vu le niveau actuel des indices, il n'y a aucun intérêt à être exposé". Pour ce qui est de la Fed, les analystes unanimes s'attendent à ce qu'elle laisse ses taux inchangés, mais ils scruteront de près tout changement de langage dans le communiqué, puis dans la conférence de presse que doit donner la présidente Janet Yellen. "On se demande comment elle va communiquer", a déclaré M. Lefeuvre, en notant que la prudence exprimée jusqu'à présent a surtout pour effet de créer une incertitude inconfortable, "cela génère de la volatilité". "Est-ce que la Fed va cesser de dire qu'elle se fonde sur les chiffres économiques, pour dire voilà, on va le faire" et monter les taux? se demande-t-il. "Une fois que la Fed aura commencé à redresser les taux, les marchés connaîtront la tendance et (..) on verra clair", a-t-il ajouté. En attendant, "en début de semaine les investisseurs risquent d'être un peu inquiets de la mollesse des chiffres sur le logement", a souligné pour sa part Sam Stovall, chez Standard and Poor's Capital IQ.
Correction dans le temps? Les investisseurs découvriront en effet mardi les nouveaux chiffres des permis de construire et des mises en chantier. "Ces chiffres devraient baisser un peu" par rapport au mois dernier, qui avait été particulièrement favorable, a noté M. Stovall. L'indice des prix à la consommation attendu jeudi s'annonce également médiocre, selon lui, alors même que les prix à la production annoncés vendredi ont affiché leur plus forte hausse en trois ans. Si le même jour il y a constat d'échec dans les négociations sur la Grèce, "ça pourrait déclencher un mouvement de ventes, au moins à court terme". En tout état de cause, cela fait 44 mois que le marché n'a pas subi de correction, c'est à dire de chute de 10% ou plus, ce qui est inhabituel, note-t-il. Si la correction n'arrive pas, on pourrait voir durer le surplace, estime-t-il, ce qui s'apparenterait à "une correction dans le temps". Dans ce scénario, Wall Street resterait au point mort jusqu'à ce que les bénéfices d'entreprise finissent par justifier les valorisations du marché, "ce qui pourrait prendre un moment". "Cela voudrait dire supporter l'ennui, mais sans subir la douleur" d'une chute des marchés, conclut-il.