Les rebelles yéménites et leurs alliés refusent tout dialogue avec le gouvernement en exil et demandent à discuter avec l'Arabie saoudite, a annoncé hier un membre de la délégation arrivée mardi à Genève pour participer aux consultations de paix organisées par l'ONU. Nous refusons tout dialogue avec ceux qui n'ont aucune légitimité. Comment pouvons-nous dialoguer avec ceux qui tuent nos enfants' a déclaré lors d'une conférence de presse Mohammed Zubairi, un membre de la délégation des rebelles d'Ansarullah et de leurs alliés. Le délégué réclame en revanche un dialogue avec l'Arabie saoudite pour arrêter l'agression, faisant référence aux frappes menées par la coalition arabe dirigée par Ryad contre les rebelles. La délégation qui regroupe, outre le mouvement Ansarullah allié de l'Iran, des partisans du président déchu Ali Abdallah Saleh et de certains partis politiques, est arrivée mardi à Genève pour participer aux consultations organisées par l'ONU avec le gouvernement en exil en Arabie saoudite. L'ONU va chercher à les convaincre de conclure sinon un accord, du moins une trêve dans les combats. La guerre qui a cristallisé les tensions régionales entre l'Iran et l'Arabie saoudite, a fait depuis mai plus de 2 600 morts, selon le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Les positions des deux parties sont tellement éloignées que les Nations unies ont opté pour des consultations séparées avec chaque délégation dans un premier temps.
Le chef d'Al-Qaïda tué par une frappe de drone Le chef yéménite d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) Nasser al Wouhaïchi a été tué, apparemment par une frappe de drone américain, selon CNN. Le groupe armé a confirmé sa mort et annoncé un successeur. AQPA avait revendiqué l'attentat contre Charlie Hebdo. Dans une vidéo postée sur internet, un porte-parole du groupe armé islamiste implanté au Yémen déclare que Nasser al Wouhaïchi a été victime d'une frappe de drone américain avec deux autres combattants. Il annonce son remplacement par Kassim al Raïmi, jusqu'ici commandant militaire d'AQPA. Le chef d'AQPA, qui avait revendiqué l'attentat contre Charlie Hebdo qui a fait 12 morts à Paris en janvier, a également tenté de faire exploser des avions de ligne. Il était un proche du chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden. Selon CNN, qui cite deux responsables de la sécurité yéménite, l'attaque a eu lieu vendredi dans la région de l'Hadramaout.
Trop tôt Selon des responsables américains non identifiés, il est trop tôt pour savoir si le dirigeant a été tué. Les Etats-Unis étudient les informations sur sa mort, a déclaré l'un d'eux, sous le sceau de l'anonymat. Il n'a pas voulu confirmer ou infirmer la participation des Etats-Unis. Un responsable yéménite local a de son côté déclaré qu'al Wouhaïchi avait probablement été tué dans un raid à Mukalla, tenu par Al-Qaïda, dans le sud-est du Yémen, et que son corps se trouverait dans une morgue locale entouré de strictes normes de sécurité.
AQPA, branche la plus radicale Al-Qaïda au Yémen est considérée par Washington comme la branche la plus dangereuse du mouvement islamiste radical. Les Etats-Unis avaient annoncé en octobre 2014 offrir 45 millions de dollars de récompense pour la capture de huit des dirigeants du groupe, dont son chef Nasser al Wouhaïchi. AQPA est née de la fusion en janvier 2009 des branches saoudienne et yéménite d'Al-Qaïda. Cette dualité s'exprime à la tête de l'organisation. Le chef d'AQPA est un Yéménite qui s'est échappé de prison en 2006, et a notamment été désigné en 2013 adjoint du chef du réseau Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri. L'adjoint de Wouhaïchi est un Saoudien, Saïd al-Shihri, libéré du centre militaire de détention américain de Guantanamo (Cuba) en 2007. Le groupe extrémiste, surtout présent dans le sud et le sud-est du Yémen, a profité de l'affaiblissement du pouvoir central en 2011, à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ex-président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer son emprise dans le pays.