L'affaire Khalifa est entrée dans sa dernière phase dimanche , avec les ultimes plaidoiries des avocats de la défense et le début des délibérés qui permettront au tribunal criminel de Blida, présidé par le magistrat Antar Menouar, de prononcer le verdict le 23 juin courant. Durant tout une semaine, les avocats de la défense ont mis l'accent dans leurs plaidoiries sur l'absence de "fondement juridique aux accusations portées contre leurs clients. Plaidant par conséquent l'innocence des prévenus, dont 21 sont encore en détention. Prenant la parole lors de la dernière séance conformément à la loi, Abdelmoumène Khelifa, principal accusé dans l'affaire, avait "clamé" son innocence de tous les chefs d'inculpation dont il fait l'objet: "association de malfaiteurs, abus de confiance, faux et usage de faux dans des documents administratifs et bancaires, corruption, trafic d'influence, banqueroute frauduleuse". Un drame national évité: Sonatrach n'a pas fait de placements Le liquidateur judiciaire de la Banque Khalifa, Moncef Badsi, avait souligné lui aussi qu'il a œuvré à limiter les dégâts générés par la faillite de la banque dès mai 2003, et qui pouvaient se transformer en un drame national si le groupe Sonatrach avait procédé au dépôt de 400 milliards de dinars au sein de cette banque privée. Il avait expliqué que la mission de la liquidation était et demeure complexe au vu de la situation de la banque, issue d'une mauvaise gestion et une anarchie à travers toutes les agences, le pillage et les escroqueries commis par des individus dans le but de s'accaparer des avoirs illégalement. Par ailleurs, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, avait affirmé que la Banque Khalifa a atteint en 2003, un seuil déficitaire qui l'a conduit à une cessation de payement ce qui a motivé la décision de retrait d'agrément, avant de procéder à sa liquidation par la suite. Le gouverneur avait exposé la courbe descendante des dépôts de la banque privée auprès de la BA, qui sont passés de 18,9 milliards de dinars de fin février 2003, à 5,3 milliards au mois de mars. Des propos confortés par le directeur de l'inspection général de la Banque d'Algérie, Mohamed Khemoudj et des membres de la Commission bancaire qui ont alerté en 2004 le parquet général de la cour de Blida sur les infractions relevées au sein de cette banque, afin de prendre les mesures nécessaires. Le vice-gouverneur de la Banque d'Algérie, Ali Touati, et l'administrateur Mohamed Djellab, ont abondé dans le même sens. M. Touati avait affirmé que M. Khelifa n'avait pas les qualifications requises pour gérer une banque, et M. Djellab avait souligné de son côté que les crédits non déclarés sont à la cause de la faillite de Khalifa Bank. Le représentant du parquet général, Mohamed Zerg Erras, avait requis des peines allant de la réclusion à perpétuité, contre Abdelmoumène Khelifa, 20 et 15 ans de réclusion criminelle pour ses proches collaborateurs, à 18 mois de prison ferme assortis d'amendes, contre le autres accusés. Des peines qui ont suscité l'étonnement des avocats dont Me Miloud Brahimi et Khaled Bourayou, puisque, ont-ils estimé, "plus lourdes que celles du procès de 2007", ajoutant que le procès "n'a rien ramené de nouveau puisque le milliardaire déchu a préféré garder le silence sur certaines vérités" vidant l'affaire de tout son contenu.