Les faibles et les forts n'ont pas la même perception de la souveraineté nationale. Pas la même perception des moyens à utiliser pour préserver chacun la sienne. Les forts (militairement bien sûr) ont une conception de leur propre souveraineté qu'ils ne transposent pas sur celles des faibles. Si le concept de souveraineté nationale a été pendant longtemps, sur le plan des interventions militaires, le principe " fondateur de l'ordre international " qui inclut le respect de l'intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires intérieures, il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui, ce ne sont plus ces critères qui servent de base au droit international. Les grandes puissances ont leur propre définition parfois non publique du droit international. Elles ne veulent pas de définition nouvelle précise du droit international, plus particulièrement quand il s'agit d'intervention militaire extérieure qu'imposera bien sûr leur vision portant sur la défense de leurs propres intérêts. Une question capable de " titiller " nos " souverainistes " qui se réveillent sur instructions, ceux qui ont l'habitude de profiter d'un événement national pour nous rappeler qu'ils détiennent le monopole sur toute déclaration d'amour à la patrie. Ils nous rappellent également que nous devons solliciter de leur bienveillance l'autorisation d'user de tous les concepts liés au nationalisme. Par rapport à leur propre perception de leur souveraineté nationale, les grandes puissances sont disponibles à défendre la leur par les moyens militaires de dissuasion qui sont à leur disposition, alors que les autres pays, en particulier les pays en développement savent qu'ils doivent investir dans leur politique d'action diplomatique pour se mettre à l'abri des menaces… militaires. Le fait de sans cesse vouloir se mettre à l'abri de telles menaces a fatalement un coût, soit celui de le payer par un amoindrissement de la notion de souveraineté nationale. Il y a des pays qui sont tout à fait engagés sur cette voie. Leurs politiques de défense et de relations internationales sont transférées dans les mains des grandes puissances. Ces pays (ces royaumes) ont signé des accords de défense avec par exemple les Etats-Unis, et ces accords sont supérieurs aux accords définis dans la charte de la Ligue des pays arabes. Il a besoin de s'intégrer à un ensemble cohérent lié à son voisinage immédiat surtout, un voisinage qui peut s'étendre par intérêt. Dans l'espace arabe nous en sommes encore à des départs en solitaire, sur tous les plans. Qui peut réussir une politique de présence permanente quand il ne possède pas une économie solide soumise et non soumise aux oscillations de la conjoncture ? C'est à la région à laquelle nous appartenons qui devrait devenir une puissance régionale. L'Algérie n'a bien sûr pas des intérêts planétaires comme les Etats-Unis pour donner une finalité politique à son instrument militaire qu'elle ne dimensionne pas pour atteindre un tel objectif. Par contre, elle ne se prive pas de tenter de déployer une offensive diplomatique à l'échelle pratiquement du monde. Peut-être lui faudrait-il d'abord bien identifier l'espace géopolitique régional qui lui permettra de s' en servir de base d'appui à sa politique internationale, car avec une ouverture qui se veut tous azimuts, on ne sait plus vers quel espace régional se tourner et à prioriser le fait que nous savons bien que c'est la géographie qui fournit ses déterminants à la géopolitique. En matière de géographie, l'Algérie est gâtée, car elle appartient à plusieurs espaces qu'il est difficile de départager si elle cherche à promouvoir ses intérêts. Un atout ou une dispersion que cette possibilité d'avoir à choisir l'espace géopolitique qui convient le mieux à ses intérêts ?