Les pays arabes ont la conviction que le théâtre des opérations prévu pour se situer en Europe durant la guerre froide glisse vers leurs propres territoires qui constitueront la clé pour une reconfiguration géopolitique dont dépendront de nouveaux équilibres dans le monde. Ils sont soumis à trois types de menaces qui n´ont pas disparu avec la fin de la guerre froide et qui se retrouvent plutôt exacerbées. La menace intérieure provient à la fois d´oppositions bâillonnées par l´absence de démocrates et d´islamistes qui recourent à la violence. Une des menaces aux frontières provient de l´espace arabe lui-même pour des raisons liées à des revendications territoriales dont le conflit Irak-Koweït, celui du Sahara occidental, etc. La troisième menace est nouvelle et la guerre menée par une coalition contre l´Irak en est un des exemples. Chacun des pays arabes sait qu´il n´est pas une puissance militaire et que l´ensemble arabe n´est pas une entité cohérente et quand bien même il le serait, il n´est pas une puissance militaire puisqu´il n´est pas autonome en matière d´armement. Les projets d´industrie arabe d´armement ont été avortés. Peut-il y avoir pour la Ligue arabe un nouveau concept de défense exclusivement militaire pour faire face à ce troisième type de menace? Les pays arabes ont tiré les leçons de l´expérience irakienne pour réviser leur concept de défense en investissant plutôt dans la diplomatie comme instrument de leur mise à l´abri d´une telle menace. Ils tiennent compte de l´impuissance de l´ONU, de l´inefficacité de ses résolutions, de la pratique du deux poids deux mesures, pour conclure que seuls sont déterminants les rapports de force et l´unilatéralisme américain. D´un côté, il y a les Etats-Unis qui n´ont plus besoin d´un autre Yalta et de l´autre, «rien» puisque les puissances, telles que la France la Russie, la Chine, ensemble, quoiqu´opposées à la guerre contre l´Irak, ne disposent pas des moyens de dissuader les Américains. Elles étaient admirées pour la constance de leurs positions, mais il est retenu leur incapacité à faire renoncer les Etats-Unis à leur volonté de guerre. Peut-être que dans le long terme, ces puissances connaîtront une évolution qui aboutira à une parité des forces avec les Etats-Unis. Mais le moyen terme laissera les rapports en l´état. La perception du risque d´être pris pour cible ultérieurement est une constante préoccupation, notamment pour ceux qui tiendraient à se conférer une autonomie de décision en ce qui concerne leurs politiques extérieures ou qui seraient analysés comme de futurs potentiels dangers pour Israël. Le monde arabe sera toujours placé sous examen en ce qui concerne son potentiel nucléaire. Certains pays arabes ont cru avoir trouvé une solution à leurs problèmes de sécurité et de stabilité en se rapprochant d´Israël comme gage de leur ouverture. D´autres ont transféré leurs responsabilités de défense vers les Etats-Unis ou aspirent à devenir des sous-traitants régionaux dans une architecture de sécurité définie par les Etats-Unis. Mais Charm El Cheikh, Mauritanie, Arabie Saoudite... la véritable solution n´a donc pas été trouvée. Un siège avec droit de veto au conseil de sécurité de l´ONU? Très improbable.