Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a sommé vendredi la Grèce, en situation de plus en plus critique, de vite s'entendre avec ses créanciers, faute de quoi elle ira droit vers le défaut de paiement, dans un message vidéo sur internet. Nous nous rapprochons du point où le gouvernement grec va devoir choisir entre accepter ce que je pense être une bonne proposition des créanciers (UE et FMI) et aller droit vers le défaut de paiement, a dit M. Tusk, à trois jours d'un sommet extraordinaire de la zone euro consacré à la Grèce, lundi à Bruxelles. Il ne reste que quelques jours, l'épreuve de force doit cesser, a averti Donald Tusk. La Grèce pourrait se retrouver en défaut de paiement à la fin de la semaine prochaine si aucun compromis n'est trouvé d'ici là pour la mise en œuvre de réformes destinées à faire repartir son économie exsangue. Un accord permettrait de débloquer une tranche de prêts de 7,2 milliards d'euros, indispensable pour régler les prochaines factures. Athènes doit rembourser quelque 1,5 milliard d'euros au FMI le 30 juin. Vendredi soir, Donald Tusk a précisé qu'outre les chefs d'Etat ou de gouvernement des 19 pays de la zone euro, la patronne du FMI, Christine Lagarde, et celui de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, étaient conviés au sommet extraordinaire de lundi. En tant que président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, est également invité. La situation de la Grèce devient critique. Le programme de soutien financier en cours arrive à échéance dans onze jours. Quatre mois de négociations n'ont pas permis de déboucher sur le nécessaire compromis, poursuit M. Tusk dans son message vidéo, rappelant l'échec jeudi d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Luxembourg. Ce n'est plus le moment de jouer, insiste le président du Conseil européen, qui représente les 28 Etats membres. Le sommet extraordinaire doit permettre d'assurer, explique-t-il, que nous comprenions tous les positions des uns et des autres, ainsi que les conséquences qu'auront nos décisions, les inquiétudes sur une sortie de la Grèce de la zone euro étant de plus en plus ouvertement exprimées par certains dirigeants européens. Athènes réclamait de longue date une concertation au plus haut niveau politique. Mais M. Tusk met en garde le gouvernement issu de la gauche radicale d'Alexis Tsipras contre l'illusion qu'il puisse y avoir une solution magique au niveau des dirigeants de l'UE lundi. Il rappelle que les négociations techniques détaillées relèvent des ministres des Finances et que ce sont elles qui permettront in fine d'arracher un accord.
Hollande appelle à tout faire pour parvenir à un compromis Le président français François Hollande a appelé vendredi à tout faire pour parvenir à un compromis sur la dette grecque d'ici au sommet extraordinaire de la zone euro qui aura lieu lundi à Bruxelles. Nous devons utiliser le temps qui (nous) sépare de cette réunion pour tout faire pour que les négociations reprennent, que les discussions puissent aboutir à un compromis mais à un compromis fondé sur les règles européennes, a déclaré devant la presse le chef de l'Etat français aux côtés de son homologue slovaque Andrej Kiska qu'il retrouvait à Bratislava pour un sommet régional. Le contexte est lourd, il est dangereux et il appelle des décisions, a-t-il souligné évoquant, outre la Grèce, la question de l'immigration. En marge de ce sommet, le président français à fait aussi un point de situation sur la Grèce au téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel, selon l'Elysée. Le sommet de lundi sera important et je ne voudrais pas que nous puissions nous réunir simplement pour faire un constat qui serait celui de l'échec, a-t-il insisté. De son côté, le Premier ministre slovaque Robert Fico, qui venait de s'entretenir à Bratislava avec son homologue britannique David Cameron, a déclaré que son pays était préparé mentalement et techniquement à un éventuelle sortie de la Grèce de l'euro. Nous voulons que la Grèce reste dans la zone euro, mais pas à tout prix, nous insisterons fortement pour que la Grèce remplisse ses devoirs, a-t-il dit.
Le plafond du financement d'urgence des banques augmenté La Banque centrale européenne (BCE) a relevé vendredi, pour la deuxième fois cette semaine, le plafond de l'aide d'urgence (ELA) qu'elle accorde aux banques grecques, a indiqué une source bancaire grecque, mais pour un montant qui n'a pas été révélé. L'agence semi-officielle grecque ANA affirmait cependant que le relèvement avait été de 3,3 milliards d'euros, de loin le plus fort montant depuis que la BCE a décidé en février de financer par ce seul moyen les banques grecques. Ce montant serait en tout cas en rapport avec les chiffres inquiétants circulant ces derniers jours sur les retraits d'épargne, qui auraient atteint plus de trois milliards d'euros cette semaine, de la part de ménages et d'entreprises inquiets d'une possible instauration d'un contrôle des capitaux en cas d'échec du sommet européen de lundi. Mais, selon la même source bancaire, "il n'a pas été constaté de problème avec le financement des banques grecques", et "les gouverneurs espèrent un résultat positif" du sommet de lundi à Bruxelles. La dernière hausse du plafond de l'ELA remonte à mercredi seulement: la BCE l'avait relevé de 1,1 milliard d'euros pour le porter à 84,1 milliards d'euros. Vendredi matin, fait rare, le gouvernement et la Banque de Grèce avaient publié en même temps le même communiqué mentionnant une rencontre entre le ministre en charge des négociations avec les créanciers du pays, Euclide Tsakalotos, et le gouverneur de la Banque de Grèce Yannis Stournaras. Ainsi, au cours de cette réunion, M. Stournaras "a confirmé que la stabilité du système bancaire est entièrement assurée par des actions conjointes de la Banque de Grèce et de la Banque centrale européenne". Les deux hommes sont tombés d'accord aussi pour constater que la distance à parcourir pour un accord entre Athènes et ses créanciers "n'est pas grande".