Les ministres des Finances de la zone euro ont à nouveau échoué jeudi à trouver un accord pour le renflouement de la Grèce. Ils ont ajourné leurs discussions, à cinq jours d'un possible défaut de paiement du pays. Les grands argentiers de la zone étaient réunis pour la quatrième fois en une semaine au chevet de la Grèce. Ils se sont séparés au bout de trois heures sans résultat. Athènes bataille avec le Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne pour obtenir de l'argent frais en échange de promesses de réformes. Selon un responsable de la zone euro, une nouvelle réunion de l'Eurogroupe est prévue samedi matin. Les 19 ministres réunis ont critiqué à la fois les propositions des institutions et celles de la Grèce, a expliqué le ministre grec des finances Yanis Varoufakis. "Nous allons continuer nos discussions, les institutions vont de nouveau examiner les deux documents, nos documents et les leurs, il va y avoir des discussions avec le gouvernement grec et nous allons continuer jusqu'à ce que nous trouvions une solution", a-t-il dit à la presse.
Tsipras toujours optimiste A son arrivée à la réunion, son confrère allemand Wolfgang Schäuble avait estimé que la Grèce et ses créanciers étaient "encore plus éloignés" qu'avant, en dépit des discussions marathon entre les deux parties depuis mercredi. "D'après ce que j'ai entendu aujourd'hui, nous n'avons pas encore fait les progrès nécessaires", a également déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, à son arrivée à Bruxelles pour un sommet européen. Celui-ci a débuté sensiblement au moment où l'Eurogroupe se terminait. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras n'en a pas moins tenu à afficher son traditionnel optimisme, en arrivant lui aussi au sommet. "L'histoire européenne est pleine de désaccords, négociations et compromis (...) Je suis confiant que nous allons atteindre un compromis qui aidera la zone euro et la Grèce à dépasser la crise", a-t-il affirmé. Les négociations pourraient durer, mais "un 'happy end' est en vue" a pour sa part assuré le président du Conseil européen, Donald Tusk. Il "faudra encore de nombreuses heures" pour y parvenir, a-t-il toutefois mis en garde.
Arbitrage politique Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE se réunissaient officiellement jeudi soir et vendredi pour discuter du dossier migratoire et du maintien du Royaume-Uni dans l'Union. Mais face à l'urgence de la crise grecque, la question britannique devrait être reléguée au second plan des discussions. La Grèce doit rembourser à la fin du mois quelque 1,5 milliard d'euros au FMI. Le déblocage d'une tranche d'un prêt en suspens depuis presque un an, de 7,2 milliards d'euros, ou à défaut un geste financier de la BCE sera nécessaire pour qu'Athènes honore cette échéance. Le FMI a dit jeudi s'attendre à ce que la Grèce le rembourse à temps.
"Décisif" pour Merkel, "crucial" pour Hollande La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande ont été très clairs par rapport au dossier grec vendredi matin. Pour l'un comme pour l'autre, la réunion des ministres des Finances de la zone euro samedi sera d'une importance capitale. "Cet Eurogroupe sera décisif, car les délais sont très courts et il faut travailler à un résultat", a déclaré Angela Merkel à l'issue de la première journée du Conseil européen de Bruxelles. "Tous ont soutenu l'idée que tout doit être fait pour trouver une solution samedi", a-t-elle insisté. "Je considère que cette réunion est cruciale parce que nous sommes à l'échéance", a déclaré de son côté François Hollande. Le président du Conseil italien Matteo Renzi pense lui aussi que "le jour final sera samedi". Il s'est dit "confiant de pouvoir atteindre un accord", un optimisme exprimé également par le président du Conseil Donald Tusk dans un tweet. L'enjeu est un accord entre Athènes et ses créanciers (BCE, FMI, Commission européenne) sur des promesses de réformes et coupes budgétaires en Grèce. Il ouvrirait la voie au déblocage d'argent frais pour le gouvernement grec dont les caisses sont vides.
"Volonté politique" Mme Merkel a insisté sur le fait que, même si les dirigeants européens - et elle en premier lieu, à la manœuvre depuis plusieurs semaines - allaient continuer à s'impliquer directement dans le dossier, l'Eurogroupe, forum des ministres des Finances de la zone euro, était l'ultime instance de décision en la matière. "Nous ne pouvons pas nous impliquer dans les discussions techniques", a-t-elle rappelé. "Les chefs d'Etat et de gouvernement ne peuvent que souligner la volonté politique d'arriver à une solution, et cette volonté a été très clairement exprimée aujourd'hui."
Le FMI s'attend à un remboursement à temps Le FMI a dit jeudi s'attendre à ce que la Grèce le rembourse à temps avant l'échéance cruciale du 30 juin, affirmant par ailleurs ne pas être dans une approche à prendre ou à laisser avec le pays. Nous nous attendons à ce que le paiement se fasse le 30 juin et c'est ce que les autorités grecques ont publiquement dit, a assuré Gerry Rice, le porte-parole du Fonds monétaire international à Washington. La Grèce doit rembourser à la fin du mois quelque 1,5 milliard d'euros au Fonds monétaire international, l'un de ses trois créanciers internationaux, mais a jusque-là entretenu le flou sur sa volonté d'honorer ce paiement, alimentant les craintes d'un défaut de paiement aux conséquences imprévisibles. Si la Grèce n'honorait pas cette échéance, elle serait toutefois immédiatement en arriérés de paiement et serait aussitôt privée d'accès aux ressources du FMI, a ajouté le porte-parole. La Grèce, dont les caisses sont vides, avait repoussé de premières échéances au début du mois en invoquant une clause spéciale du FMI lui permettant d'obtenir un sursis. Accusé d'intransigeance et de comportements criminels par la Grèce, le FMI a par ailleurs assuré qu'il restait flexible dans les négociations avec Athènes en cours à Bruxelles et a nié avoir posé un ultimatum au pays. Le FMI n'a pas une approche " à prendre ou à laisser ". Nous ne faisons pas ça avec nos Etats-membres. Ce que nous faisons, c'est donner, en échange de quelque chose, a assuré le porte-parole. M. Rice a par ailleurs également démenti l'existence de divergences au sein des créanciers internationaux de la Grèce (FMI, Commission européenne, Banque centrale européenne) sur le train de réformes exigées de la part du pays. Les trois institutions sont sur la même ligne, a assuré le porte-parole, tout en répétant que le FMI attendait des Européens un geste pour alléger la dette grecque. Nous avons appelé à une approche équilibrée et à ce que toutes les parties jouent leur rôle, a poursuivi M. Rice, refusant de s'exprimer sur l'avancée des discussions avec Athènes. Nous travaillons intensément, autant que nous pouvons, nuit et jour, pour parvenir à un accord, a simplement commenté M. Rice.