Les pluies diluviennes, qui s'abattent sur le nord du pays depuis samedi, ont certes causé des pertes humaines et matérielles mais il n'en demeure pas moins qu'elles ont eu aussi des effets positifs sur le monde agricole. En effet, les dernières précipitations qualifiées de salvatrices auront certainement un impact positif tant au niveau de l'agriculture qu'au niveau du remplissage des barrages et de la nappe phréatique. A coup sûr, le monde rural connaîtra un regain de dynamisme et les éleveurs n'auront plus à s'inquiéter du devenir de leur cheptel. Ils ne seront désormais nullement acculés à le brader à des prix dérisoires. D'autant plus qu'ils mettent tout leur espoir sur les dernières précipitations en termes d'amélioration des parcours et du couvert végétal. Ces pluies interviennent à moins d'un mois de la fête de l'Aïd Al Adha. Un moment durant lequel le rural côtoie l'urbain et inversement. Aussi, faut-il garder à l'esprit que les transactions afférentes à l'Aïd dépendent de la qualité, de la race, de l'âge des bêtes et sont aussi fonction du lieu et de la durée qui sépare le jour de l'Aïd de celui de l'achat et/ou de la vente. A ce titre, il faut aussi retenir que le cheptel ovin, constitué, entre autres, de races locales demeure encore de type extensif et dépend donc essentiellement, dans la longue période, de l'état des parcours. Ce système extensif qualifié de traditionnel est caractérisé par une faible et irrégulière productivité et au sein duquel le bétail tire l'essentiel de son alimentation de terrains de parcours, de la jachère et des résidus de culture. Ce qui renvoie à la problématique de l'alimentation du cheptel et la contribution de chaque ressource aux besoins du cheptel. On a déjà annoncé la cherté de l'aliment de bétail. Ce qui pourrait donc se répercuter sur les prix des têtes. Quand la campagne céréalière est bonne, le bilan fourrager ne peut être que bon. En cas de mauvaise récolte ou de sécheresse, les disponibilités alimentaires se font rares et l'on recourt, moyennant des importations, à des ressources alimentaires exogènes. Par conséquent, le prix des moutons est revu à la hausse.Avec 18 millions de têtes, essentiellement des populations locales (Ouled Djellal, Rembi, Hamra, D'man, barbarine, berbère du Tell, Sidaou), le marché national fonctionne de manière atypique. Il est libre et isolé du marché mondial, ce qui a permis aux prix intérieurs d'atteindre des niveaux excessivement élevés et autorisé la constitution de rentes à tous les niveaux des marchés. En termes économiques, ces élevages occupent une place prépondérante dans les comptes économiques agricoles. La valeur du patrimoine animal représente quelques 438 milliards de DA, alors que la valeur de la production est estimée à 161 milliards de DA. Mais au-delà de l'importance de ces élevages, ces derniers restent toutefois marqués par le caractère extensif des systèmes de production, fortement dépendants des aléas climatiques, ainsi que la faiblesse de la productivité des élevages. Un développement limité par la modicité des ressources fourragères et, dans le cas extrême de l'élevage ovin, une production de viande se faisant au prix d'une dégradation des écosystèmes steppiques (externalités négatives à la charge de la collectivité et de l'Etat).La pluviométrie est, dés lors, considéré comme l'unique roue de secours. Le couvert végétal permet de nourrir le bétail. La pluie est toujours la bienvenue dans le monde agricole et rural.