Faciliter la circulation des produits alimentaires en Afrique subsaharienne pour assurer la sécurité alimentaire dans cette région, c'est ce qu'on proposé les participants à une rencontre sur l'agriculture dans les pays africains du Sahel organisée par le Réseau de prévention des crises alimentaires dans le Sahel et l'Afrique. Ces derniers ont adopté, vendredi à Bruxelles, des résolutions qu'ils estiment susceptibles d'améliorer les outils assurant une sécurité alimentaire dans cette région, qui englobent également une révision de la charte de l'aide alimentaire afin qu'elle "prenne en compte la sécurité alimentaire dans sa définition globale, dont la disponibilité, l'accès et l'utilisation de l'aide alimentaire, ainsi que les éléments de réponses aux crises et leur atténuation". Ils ont également proposé de "renforcer la capacité d'analyse des dispositifs d'information et d'alerte au niveau national et régional", et envisagé un renforcement de la disponibilité alimentaire à travers notamment l'"appui aux cultures de contre saisons pour que les gens puissent travailler leurs terres au moment des décrues". Après quatre jours de discussions et débats, ils ont constaté que globalement la sécurité nutritionnelle "reste fragile" dans la plupart des pays du Sahel et "nécessite, toujours, un effort soutenu des gouvernements de la société civile et de tous les partenaires pour diminuer durablement l'incidence de la malnutrition". "Même si la situation céréalière est satisfaisante, puisque 14 millions de tonnes ont été récoltées durant la saison agricole 2006-2007, trois pays du Sahel restent, néanmoins, déficitaires", selon le même responsable qui cite le Cap Vert, la Guinée Bissau et le Sénégal. La région a enregistré des inondations et des périodes sèches qui ont provoqué une baisse des superficies cultivables et des rendements par endroits, a-t-il expliqué. Suite à cela, les Etats ont pris des mesures pour atténuer la crise en distribuant des aides alimentaires et en vendant les céréales à des prix modérés pour certaines localités, selon ce dernier. En outre, dans une analyse du marché céréalier et son impact sur la région, les participants estiment que l'évolution globale des prix des céréales locales sur les marchés est restée marquée en 2007 par des niveaux globalement inférieurs à ceux de 2006 et aux moyennes des cinq dernières années (2002-2006) excepté pour la Mauritanie, le Sénégal et la Guinée Bissau. Outre la Mauritanie et le Sénégal, depuis juillet 2007 période durant laquelle les prix des céréales ont entamé une hausse inattendue, au nord du Nigeria, du Benin, du Togo, et dans certains bassins de production du Mali, Burkina Faso et Niger, et dans une moindre mesure certaines localités du Sahel, où les productions seront inférieures aux moyennes, les prix des céréales, principalement le maïs et le sorgho, accusent des hausses "significatives". A titre d'exemple, au marché de Dawanu (Nigeria) le prix du sac de maïs en novembre 2007 a connu une hausse de 68% par rapport à novembre 2006. Pour les autres céréales, la hausse par rapport à 2006 a été de 60 % pour le mil, 43 % pour le sorgho, 51 % pour le maïs et 16 % pour le niébé. Dans cette évaluation, ils estiment, entre autres, que dans les zones susceptibles de connaître des difficultés alimentaires suites aux déficits de production, la rétention des stocks, les spéculations et la demande des industries avicoles et de brasseries "vont accentuer la hausse des prix en cours et rendre l'accès plus difficiles aux céréales". En ce qui concerne les céréales importées, le prix du blé et du riz reste très élevé et poursuit sa hausse, selon eux. De 200 dollars en 2006, la tonne de blé est passée à 360 dollars en septembre 2007 en Mauritanie. Il faut noter que cette céréale connaît depuis 2002 au niveau mondial une hausse des prix liée aux mauvaises récoltes dans certains pays producteurs et la hausse du prix du pétrole, selon les mêmes sources. Ces derniers craignent, à cet égard, le fait que le niveau "exceptionnellement élevé" du prix du blé affecte les populations des pays qui dépendent fortement des importations de cette céréale. S'agissant du marché du bétail, il se caractérise par la poursuite de la hausse des prix des animaux depuis 2005 notamment celui des bovins. Enfin, en terme de perspectives, l'excédent céréalier global au niveau régional "suggère une évolution normale des marchés et des prix courant 2008, et la relance des productions de contre saison engagée dans les pays augmentera les disponibilités alimentaires", espèrent-ils. Le réseau regroupe des experts et représentants du CILSS, des agences d'aide bi et multilatérales, des Organismes et Projets internationaux, d'ONG spécialisées et d'organisations paysannes sahéliennes.