Photo : Malik Boumati Par Malik Boumati Le délai que se sont donné les pays africains pour parvenir à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) risque de ne pas être respecté dans la mesure où les actions entreprises dans ce but ne sont pas assez soutenues, notamment en termes de rythme. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, réunis récemment à Charm El Cheikh, en Egypte, ont reconnu cet état de fait non reluisant et profité de cette rencontre pour tirer la sonnette d'alarme et appeler la communauté internationale à tenir ses engagements de développement envers le continent noir. La participation de plusieurs leaders africains, dont le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au sommet du G8 à Hokkaido, au Japon, va dans le sens d'inviter les pays industrialisés à concrétiser leurs engagements relatifs à l'augmentation de leur aide au développement de l'Afrique jusqu'à 50 milliards de dollars d'ici à 2010. Bien entendu, les chefs d'Etat et de gouvernement ne pouvaient se contenter d'attendre l'aide de la communauté internationale pour l'amélioration des populations du continent même si l'Afrique n'est pas responsable de la crise alimentaire qui la frappe de plein fouet. Du sommet de Charm El Cheikh est ressorti un appel aux «partenaires» de tenir leurs engagements, mais aussi et surtout un certain nombre de mesures qu'ils se sont engagés à prendre au niveau continental mais aussi national et régional, dans le but d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement à l'échéance fixée, c'est-à-dire en 2015. Des mesures concernant particulièrement l'alimentation, l'agriculture, l'eau et l'assainissement. la crise alimentaire, résultat de plusieurs facteurs Les leaders ont commencé par évacuer l'idée vicieuse, avancée par certains pays du continent, qui établit un lien direct et exclusiviste entre la crise alimentaire et la hausse du prix du pétrole, battue en brèche par les représentants algériens, avant l'ouverture du sommet, notamment le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, qui rendait souvent compte du déroulement des travaux du conseil exécutif de l'Union africaine à la presse. Pour les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA, la crise alimentaire mondiale est le résultat de plusieurs facteurs, dont la demande croissante des céréales, la réduction de l'offre, la baisse de la production agricole, les atteintes contre l'environnement, le réchauffement climatique, la désertification et la sécheresse, en plus de la hausse du prix du pétrole. Avant de citer les mesures à prendre pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, en matière d'alimentation et d'agriculture, les 53 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA ont rappelé les différentes décisions prises lors de précédents sommets, susceptibles d'être réactivées comme le programme global du développement agricole de Maputo, en 2003, visant l'accélération du développement agricole, la déclaration de Syrte en 2004, relative aux défis de la mise en œuvre du développement intégré et durable concernant l'agriculture et l'eau, la déclaration du sommet d'Abuja, en 2006, qui a appelé à une révolution verte pour assurer la sécurité alimentaire sur le continent. L'amenuisement des ressources inquiète les dirigeants africains Se disant inquiets de la crise engendrée par la hausse des prix des produits alimentaires et son impact sur les pays africains, particulièrement sur les franges sociales les plus pauvres et les plus vulnérables de la population, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine disent d'autre part, dans la déclaration finale adoptée par le sommet de Charm El Cheikh, avoir accueilli avec satisfaction la déclaration du Forum mondial sur la sécurité alimentaire organisé l'organisation onusienne pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), en juin dernier, ainsi que la mise sur pied par le secrétaire général de l'ONU d'un groupe de travail chargé de trouver les moyens d'en finir avec la crise alimentaire mondiale. Ils se disaient surtout inquiets que cette crise alimentaire engendre le détournement des ressources nationales déjà réduites consacrées aux activités de développement vers le paiement de la facture alimentaire plus urgente. Ce sont tous ces paramètres qui ont amené les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine à prendre des mesures sous forme d'engagements à même de mener le continent noir à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement d'ici à 2015. Des engagements multiples parmi lesquels on peut citer «la réduction de 50% du taux des personnes souffrant de mauvaise alimentation à l'horizon 2015 et en finir avec la famine», ainsi que «la prise de toutes les mesures nécessaires en vue d'augmenter la production agricole sur le continent et assurer la sécurité alimentaire, notamment par le biais de la mise en œuvre du programme de développement agricole inscrit dans le cadre du NEPAD et de la déclaration de Maputo [Mozambique] en 2003». Faisant un lien direct entre le développement de l'agriculture et la sécurité alimentaire, les leaders africains se sont fixé des priorités dans leurs actions visant la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement en Afrique, notamment l'augmentation de la production et de la productivité par rapport aux récoltes alimentaires principales et l'organisation de la production animalière et l'amélioration de la production de céréales dans les usines installées, en Afrique, et la recherche des moyens nécessaires pour en créer d'autres. Il s'agira également pour les dirigeants africains de soutenir toutes les initiatives nationales et régionales qui visent la réalisation de la stabilité des prix des produits alimentaires et le renforcement de la sécurité alimentaire, à travers le renseignement agricole et le soutien à la politique de l'anticipation (politique préventive). Les leaders de l'Union africaine qui ont participé au sommet de Charm El Cheikh se sont aussi engagés à soutenir le système d'assurance agricole et la fertilisation des terres grâce aux technologies agricoles ainsi que le renforcement de l'industrialisation alimentaire et l'amélioration des moyens de conservation. «L'amélioration des moyens de transport agricole et la réduction du taux des pertes dans les récoltes figurent également parmi les missions que se sont assignées les dirigeants du continent noir qui se sont, par ailleurs, lancés de nombreux autres défis pour contrer la hausse des prix des produits alimentaires, à travers des mesures immédiates, à court et à long terme. Tout cela aux côtés des engagements qu'ils ont pris concernant les ressources hydriques et les infrastructures sanitaires énumérés dans un autre document que la Tribune a déjà traité, il y a quelques jours. Reste à savoir si tous les dirigeants africains tiendront leurs engagements en faveur de leurs populations et si les pays du G8 tiendront les leurs dans l'aide au développement promise au profit du continent noir. Mercredi prochain verra la clôture des travaux des pays les plus riches du monde qui s'ouvre, aujourd'hui, dans l'île japonaise de Hokkaido. Leur issue donnera une idée de l'évolution que connaître a la réalisation par les pays africains des Objectifs du millénaire pour le développement, inscrits dans l'agenda de l'Union africaine depuis quelques années déjà.