Le Premier ministre irakien, Haider Al-Abadi, a annoncé, dimanche 9 août, des réformes d'envergure, dont la suppression du poste de vice-président détenu par son prédécesseur et rival, Nouri Al-Maliki, après des semaines de manifestations contre la corruption et le délabrement des services publics. L'annonce de ces réformes, dont certaines nécessitent l'approbation du cabinet et du Parlement, vient deux jours après un appel de la plus haute autorité chiite d'Irak, l'ayatollah Ali Al-Sistani, à M. Abadi, d'" être plus courageux " dans la lutte contre la corruption et à dénoncer publiquement les hommes politiques qui se mettent en travers des réformes. Parmi les mesures proposées, la plus drastique est l'appel à la suppression " immédiate " des postes des trois vice-premiers ministres et trois vice-présidents - parmi lesquels Nouri Al-Maliki. Une telle suppression serait un coup dur pour M. Maliki, et ouvrirait la voie à un conflit entre les deux hommes, membres du même parti chiite, Dawa, au sein duquel l'ex-premier ministre a encore beaucoup d'influence.
Plus de quotas de partis et de confessions Dans son communiqué mis en ligne, Haider Al-Abadi a aussi appelé à une révision de la façon dont les responsables sont nommés dans un pays où les communautés jouent un rôle majeur dans le partage des responsabilités. " Les quotas de partis et de confessions " doivent être supprimés, a-t-il dit, proposant à la place que les candidats aux postes à haute responsabilité soient sélectionnés selon " leurs compétences, leur honnêteté et leur expérience ", par un comité désigné par le premier ministre. En Irak, où la communauté chiite est majoritaire, le chef de l'Etat est un Kurde, le premier ministre est un chiite et le chef du Parlement un sunnite.
Moins de gardes du corps M. Abadi a également demandé une " réduction immédiate et globale " du nombre de gardes du corps pour tous les responsables. Cette question est un problème récurrent en Irak, où certains officiels ont de véritables escouades de protection, et d'autres en embauchent moins que permis en empochant la différence de salaire. Depuis plusieurs semaines, à Bagdad et dans d'autres villes, des manifestations ont lieu contre la mauvaise qualité des services publics, et particulièrement les coupures d'électricité, qui laissent les Irakiens sans courant plusieurs heures par jour par des températures dépassant les 50 °C. Les manifestants, majoritairement des Irakiens laïcs, font de la corruption et de l'incompétence de la classe politique la cause de la vétusté des services publics.