L'Irak vient de tourner la page de l'ex Premier ministre, Nouri Al-Maliki, avec la nomination, hier, d'un nouveau Premier ministre, Haïdar Al-Abadi, qui aura la tâche titanesque de sortir le pays de la guerre et de l'éclatement. Le successeur de Nouri Al-Maliki, Haïdar Al-Abadi, nommé lundi 11 août Premier ministre irakien, a trente jours pour former un gouvernement appelé à rassembler toutes les forces politiques dans un pays en proie à une violente insurrection des djihadistes de l'Etat islamique. Nouri al-Maliki refuse de lui céder la place tandis que les Etats-Unis, l'Union européenne, la Grande-Bretagne, la France et l'ONU ont aussitôt félicité le nouveau Premier ministre. Les Etats-Unis, par la voix de leur président, ont salué la nomination d'un nouveau Premier ministre en Irak, mettant en garde Nouri Al-Maliki qui tente de s'accrocher au pouvoir et dont la politique confessionnelle est pour beaucoup dans la situation difficile à laquelle est confronté l'Irak. «Le pays est entre vos mains», a dit le président Fouad Massoum en nommant Abadi, un membre du parti Dawa de Maliki qui dirige la coalition de l'Etat de droit. Haïdar Al-Abadi venait d'être choisi par l'Alliance nationale, le bloc parlementaire chiite, comme son candidat, le poste de Premier ministre revenant à un chiite selon une règle non écrite. L'Etat de droit fait partie de l'Alliance nationale. Ecarté, Al-Maliki, a estimé avoir la légitimité pour un 3e mandat après l'arrivée en tête de sa coalition aux législatives. Il a dénoncé la nomination de Abadi comme une «violation de la Constitution» soutenue par Washington. Mais ce rejet ne devrait pas avoir d'incidence sur la transition politique, le Premier ministre sortant ayant été lâché autant par ses alliés que des membres de sa propre coalition lesquels l'accusent d'avoir conduit le pays vers le gouffre avec sa politique d'exclusion de la minorité Sunnite et son autoritarisme. Haïdar al-Abadi est un ancien exilé siégeant depuis longtemps au Parlement et qui était considéré comme proche de son prédécesseur Nouri al-Maliki jusqu'à sa nomination. Il était ministre des Communications au sein du gouvernement intérimaire mis en place après le renversement de Saddam Hussein en 2003. Il est membre du parti Dawa de Nouri al-Maliki. Tout comme Maliki et d'autres hommes politiques de haut rang, Haïdar al-Abadi a passé des années en exil avant de rentrer en Irak. Il a vécu en Grande-Bretagne, où il a décroché en 1981 un doctorat en ingénierie électrique et électronique à l'université de Manchester. Il était à l'étranger durant l'essentiel du règne de Saddam Hussein. Le nouvel homme fort de Baghdad dispose désormais de 30 jours pour former un cabinet. Abadi a assuré qu'il avait l'intention de former «rapidement» un large gouvernement à même de contrer la menace que font peser sur l'Irak les intégristes de l'Etat islamique et de construire «un avenir meilleur pour les Irakiens de toutes les communautés».