Le gaz est aujourd'hui plus que jamais au cœur de nombreux enjeux. Si pour les Européens il s'agit de garantir l'approvisionnement, la problématique est tout autre pour les pays producteurs, car il s'agit, au delà de garantir la demande, de s'orienter vers les marchés les plus valorisants. Il est vrai que les prix du gaz connaissent des fluctuations de plus en plus marquées et s'inscrivent dans une tendance haussière. Cette configuration du marché pousse les pays producteurs à reconsidérer les tarifs du gaz. Néanmoins, le marché du gaz est caractérisé par la prévalence des contrats à long terme. De fait, toute renégociation des prix est ardue et le partenaire européen ne respecte pas toujours les règles du jeu. Dans ce contexte, le cas de l'Algérie avec l'Espagne est plus qu'édifiant. On se souviendra de la réaction des Espagnols lorsque l'Algérie a demandé à renégocier les tarifs du gaz qu'elle vend à l'Espagne à travers le gazoduc Transmed afin de le mettre au niveau du marché. Une demande qui a essuyé un refus des plus catégoriques. Pis encore, ne trouvant pas d'arguments commerciaux à leur position, les Espagnols feignirent de trouver une interprétation politique à la requête algérienne. Les relations contractuelles entre l'Algérie et l'Espagne ont ensuite été sérieusement perturbées par le conflit sur le Medgaz où, là encore, les Espagnols ont fait preuve d'un protectionnisme sans bornes. En effet, les autorités énergétiques espagnoles ne se sont pas gênées pour tenter d'imposer des quotas à Sonatrach pour la commercialisation du gaz transitant via le Medgaz sur le marché espagnol, s'opposant ainsi aux termes du contrat signé entre les différents partenaires. On le sait, aujourd'hui, dépendre du seul partenaire européen à travers des contrats à long terme n'est pas très judicieux et ne saurait s'apparenter à une vision stratégique du marché. Aussi, il semble aujourd'hui que de nombreux pays producteurs de gaz semblent s'orienter vers l'option du GNL. Il vrai que le Qatar qui se caractérise par une position géorgraphique qui ne favorise pas la mise en place de gazoducs le reliant à des clients potentiels a déjà beaucoup investi dans ce segment du marché. Pour l'Algérie, l'écueil espagnol a beaucoup fait réfléchir, et l'option du GNL est prise très au sérieux. Car développer ce segment lui permettra non seulement de diversifier ses partenaires, mais aussi, d'aller vers des contrats à courte ou moyenne échéance. Le ton a été donné lundi par le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil qui avait indiqué sur Beur TV : "Nous préférons aller vers des contrats de GNL (gaz naturel liquéfié) et des contrats à court terme (de 5-10 ans) pour le gaz naturel afin de pouvoir renégocier plus facilement les prix et, par la suite, profiter du marché spot du gaz, une fois qu'il sera mis en œuvre". La lenteur des négociations sur la révision des prix du gaz a engendré, selon le ministre, des pertes pour Sonatrach, contrainte ainsi d'aller à l'arbitrage international pour faire valoir son droit d'augmenter périodiquement ses tarifs. La future stratégie de Sonatrach en faveur de contrats à court terme ermettra d'éviter la "dépendance" de l'Algérie vis-à-vis de ses clients européens et la garantie d'une meilleure flexibilité en matière de renégociations des prix, a indiqué le ministre de l'Energie et des Mines. Il a, par ailleurs, tenu à avertir que les différents clients se doivent désormais d'assurer à Sonatrach "un traitement juste et équitable, au moment voulu". Hier encore, le P-DG de Sonatrach, M. Mohamed Meziane, affirmait qu'il s'agit aujourd'hui pour la Sonatrach de s'orienter vers les marchés les plus valorisants. En tout état de cause, la multiplication des contrats à court terme conduira certainement à l'avènement d'un marché spot pour le gaz. Serait-ce les premiers jalons de la création d'une Opep du Gaz ? L'idée a déjà fait son chemin et a été bien accueillie par de nombreux pays producteurs. Il est vrai que même si le projet se frotte à une vive opposition de l'Occident, la création d'un cartel permettra non seulement de préserver les intérêts des pays producteurs, mais contribuera, également, à garantir la sécurité énergétique pour tous.