Les avions de combat russes ont bombardé samedi des cibles du groupe djihadiste Etat islamique (EI) au quatrième jour de leur intervention en Syrie. Washington et Londres ont continué à dénoncer la stratégie de Moscou visant à défendre le régime de Bachar al-Assad. L'aviation russe a mené plus de 20 sorties en 24 heures en Syrie et neuf raids ont visé des cibles de l'EI, annonce samedi à la mi-journ ée le ministère russe de la Défense. Il a précisé que ces frappes ont détruit un poste de commandement et un bunker de l'EI près de la ville de Raqa, la "capitale" de l'organisation extrémiste située dans le nord-est du pays en guerre. Les avions russes ont en outre détruit un entrepôt de munitions et visé un camp d'entraînement du groupe djihadiste dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon le ministère. CIVILS ET ENFANTS TUES Selon un nouveau bilan de L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les frappes russes ont coûté la vie depuis mercredi à 39 civils dont huit enfants et à 14 djihadistes, 12 de l'EI et deux d'Al-Nosra. Déclenché en 2011 par une révolte populaire brutalement réprimée, le conflit déjà très complexe, a pris un nouveau tournant avec l'implication des Russes, alliés du régime qui a perdu les deux tiers du territoire dans les combats. Or, Moscou considère le régime d'Assad comme un rempart face à l'EI. C'est pourquoi la Russie vise l'EI mais aussi le Front Al- Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et ses alliés rebelles islamistes, selon des sources syriennes et l'OSDH. Elle a également frappé des petits groupes rebelles soutenus par les Etats-Unis. CRITIQUES OCCIDENTALES Les Occidentaux ont critiqu é la stratégie russe, estimant que les raids devraient épargner les groupes rebelles qu'ils soutiennent. Les Russes "ne font pas la différence" et "de leur point de vue, ce sont tous des terroristes. Et c'est une catastrophe assurée", a dit le président américain Barack Obama vendredi. Le premier ministre britannique David Cameron a pour sa part affirmé samedi que l'intervention militaire russe ne faisait qu'aider le président Bachar al-Assad. "Il est évident que la Russie ne fait aucune distinction entre le groupe EI et les groupes syriens d'opposition légitimes. En consé- quence, elle aide le boucher Assad et ne fait qu'aggraver la situation", a souligné M. Cameron. 600 MILITANTS DE L'EI ONT ABANDONNE LEURS POSITIONS La Russie a affirmé samedi que ses frappes aériennes en Syrie entamées mercredi avaient semé la panique chez le groupe Etat islamique (EI), en forçant 600 de ses membres à abandonner leurs positions. Nous avons réussi à réduire significativement le potentiel militaire des terroristes. La panique et la désertion ont commencé dans leurs rangs, a affirmé un haut responsable de l'état-major russe, le général Andreï Kartapolov. Selon lui, environ 600 militants de l'EI ont abandonné leurs positions et tentent de s'enfuir vers l'Europe. Depuis mercredi, l'aviation russe a effectué plus de 60 frappes en Syrie visant plus de 50 sites d'infrastructure de l'organisation terroriste Etat islamique, parmi lesquels des entrepôts de munitions et d'explosifs et des camps d'entraînement de l'EI, a précisé M. Kartapolov, cité dans un communiqué de l'état-major. Compte tenu des premiers résultats, non seulement nous allons poursuivre les frappes aériennes, mais aussi les intensifier, a soulign é le responsable. Il a également répété que les frappes russes ne visaient que les terroristes en Syrie. La Russie a prévenu à l'avance notamment la partie américaine qu'elle allait mener des frappes sur les sites de l'EI, selon M. Kartapolov. Les Américains nous ont informés alors qu'il n'y avait personne d'autre sauf des terroristes dans cette région, a-t-il affirmé. La Russie a commenc é mercredi à mener des frappes en Syrie, dans sa premi ère intervention militaire d'envergure hors de l'ex-URSS depuis l'occupation de l'Afghanistan en 1979. L'Occident et les pays arabes ont critiqué la stratégie russe en Syrie, disant soupçonner Moscou de concentrer ses attaques non sur l'EI mais sur les opposants au régime considé- rés comme des modérés par les Etats-Unis et leurs alliés. Le président américain Barack Obama a estimé vendredi que la stratégie de la Russie en Syrie était une catastrophe assurée.