La Russie a conduit hier de nouveaux raids en Syrie, dont le président Bachar al-Assad a affirmé que le succès de Moscou contre les terroristes était vital pour éviter la destruction du Moyen-Orient. Pour le cinquième jour consécutif, les avions russes ont mené des frappes dans le pays ravagé par quatre ans et demi de conflit, détruisant, selon Moscou, des positions du groupe jihadiste Etat islamique (EI). Mais une fois de plus, les pays occidentaux ont regretté que ces bombardements visent surtout des groupes rebelles hostiles au régime de Damas, et non exclusivement l'EI. La Russie doit «changer de cap», a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron. S'exprimant pour la première fois depuis le début de l'intervention russe mercredi, M. Assad a jugé indispensable le succès de la coalition contre «le terrorisme» formée par son pays, la Russie, l'Iran et l'Irak. Elle «doit réussir, sinon la région entière sera détruite et pas seulement un ou deux pays», a-t-il averti dans un entretien à la télévision iranienne Khabar. «Le prix à payer sera certainement élevé», a ajouté M.Assad, en se disant confiant que «les chances de succès» de cette coalition étaient «grandes et non minimes». Elle lui permet d'espérer inverser la série de revers militaires subis par l'armée syrienne ces derniers mois. Moscou a indiqué hier que ses avions Sukhoï avaient effectué vingt sorties en 24 heures et frappé «10 cibles des bandits de l'EI». Ces nouveaux raids ont été menés quelques heures après l'annonce que Moscou allait «intensifier» la campagne de frappes conduites par ses appareils positionnés sur une base dans l'ouest de la Syrie. Cette campagne a été jugée hier «inacceptable» par le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays, frontalier de la Syrie, suit avec inquiétude l'internationalisation du conflit. «Malheureusement, la Russie commet une grave erreur» car son intervention va «isoler la Russie dans la région à terme et n'augure rien de bon», a-t-il prévenu. La Russie et la Turquie s'opposent sur la Syrie depuis le début du conflit en 2011, Ankara exigeant le départ du président syrien Bachar al-Assad qui bénéficie du soutien indéfectible de Moscou. Le départ d'Assad est également réclamé par de nombreux dirigeants occidentaux, comme David Cameron, qui a lancé hier un appel en ce sens aux Russes. «Je leur dirais: +changez de cap, rejoignez-nous pour attaquer (le groupe) EI mais reconnaissez que si nous voulons une région stable, nous avons besoin d'un autre dirigeant qu'Assad», a-t-il déclaré hier sur la BBC. «De manière tragique, la plupart des frappes aériennes russes, autant que nous avons pu constater jusqu'ici, ont été effectuées dans des zones en Syrie qui ne sont pas contrôlées par l'EI mais par d'autres opposants au régime», a regretté M. Cameron. Le Premier ministre français Manuel Valls a également appelé hier Moscou à «ne pas se tromper de cibles» en frappant d'autres organisations que l'EI. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande Bre tagne) a indiqué que des bombardements avaient visé dans la nuit de samedi à dimanche la ville de Raqqa, la «capitale» de l'organisation jihadiste qui contrôle près de la moitié du territoire syrien. Mais l'ONG n'était pas en mesure de déterminer si ces raids avaient été menés par des avions russes, du régime ou de la coalition menée par les Etats-Unis. Par ailleurs, des «avions vraisemblablement russes, ont mené plusieurs raids contre deux villages dans le nord de la province de Homs» (centre), une zone est en grande partie contrôlée par des groupes rebelles, notamment le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al Qaîda. Un haut responsable de l'état-major russe, le général Andreï Kartapolov, avait répété samedi que la Russie ne visait que des «terroristes», un terme qui englobe, pour le Kremlin comme pour le régime syrien, tous les groupes mettant en danger la stabilité de l'Etat syrien