Après une première titularisation remarquée avec les Bleus, Anthony Martial continue sa fulgurante ascension. Gerard Bonneau, recruteur à l'OL, se souvient. C'est la nouvelle hype française. Aux quatre coins de l'Europe, Anthony Martial fait les gros titres depuis le début de la saison. Il faut dire que depuis son transfert de Monaco à Manchester United (50 millions d'euros hors bonus), l'attaquant ne cesse d'épater les observateurs à chacune de ses sorties. À tel point qu'il a été élu meilleur joueur de Premier League pour son premier mois de compétition avec les Red Devils en septembre. L'attaquant calme et réservé a pourtant le potentiel pour dépasser le simple effet de mode. Son adaptation très rapide avec le groupe de Didier Deschamps en est l'exemple. Dernier fait en date : sa première titularisation avec l'équipe de France. Le Francilien s'est distingué en réalisant une rencontre de très haut niveau, distillant même une passe décisive pour Olivier Giroud. Cette réussite soudaine au plus haut niveau, entrevue depuis deux ans à Monaco, n'étonne pas ceux qui ont participé à la construction et à la matérialisation de son talent. Gerard Bonneau (responsable de la cellule de recruteur des jeunes à Lyon) fait partie de ses hommes qui ont vite décelé en Anthony Martial, le potentiel d'un joueur international. "J'avais prédit qu'il intégrerait l'équipe de France à 21 ans, s'amuse l'homme contacté par Goal au téléphone. J'avais raison sur le fait qu'il irait chez les Bleus, mais pas aussi tôt."
Un caractère inchangé Pas question pour autant pour le recruteur de fanfaronner à coup de "je l'avais dit" ou "son talent sautait aux yeux"… l'homme a expliqué avec un brin de nostalgie quel genre de garçon était Anthony Martial. C'est à dire à peu près le même qu'il est aujourd'hui. Sans pression. "Un observatoire de joueurs nous avait conseillé d'aller regarder Anthony lors de ses essais à l'INF Clairefontaine, nous a confié Gerard Bonneau. Il nous a plus tout de suite. On a alors décidé de l'observer presque toutes les semaines en pensant qu'il allait intégrer le centre. Finalement, l'INF ne l'a pas retenu. On a alors fait un deal avec ses parents : un an de plus aux Ulis et ils venaient tous à Lyon." Son arrivée dans le Rhône se passe parfaitement. Un an au collège puis direction le centre de formation de l'OL. "C'était un garçon vraiment cool. Je pense qu'il tire ça de ses origines. Un jeune homme qui ne se prenait pas la tête, sans pression, très détaché de ce qu'il se passait autour de lui. Cela peut parfois passer pour de la nonchalance, mais il est comme ça. On avait besoin de le pousser un peu pour en faire plus, mais pour le reste, c'était un bonheur." Un trait de caractère que l'on retrouve chez l'attaquant de 19 ans. Au moment de signer son contrat à Manchester United et devenir le joueur de moins de 20 ans le plus cher de l'histoire, le jeune homme a gardé la même ligne de conduite. Sans penser aux éléments extérieurs. "C'est un trait de caractére qu'il avait très jeune et qui est devenu sa force aujourd'hui, commente Gerard Bonneau. Ses parents et ses frères sont des personnes très aimables. Jamais ils ne sont venus dans mon bureau pour réclamer quelque chose autour d'Anthony. De nos jours, on aimerait que les parents laissent le temps aux enfants. Cela aide un joueur à garder les pieds sur terre." En parlant d'Anthony Martial, on peut avoir l'impression qu'il a fait les choses dans le désordre de la norme. Quand les autres veulent aller très vite mais finissent par prendre leur temps, le Francilien n'a jamais voulu griller les étapes mais côtoie déjà le très haut niveau.
"Un joueur qui aime jouer avec les autres, comme Benzema" Les qualités d'Anthony Martial ont toujours été les mêmes : "marquer des buts". Mais une chose a toujours caractérisé le joueur de ses coéquipiers. "Il avait cette envie de participer au jeu, confirme le recruteur lyonnais. Au début, il ne faisait pas assez les efforts dans le replacement et pour défendre. Il n'avait que le but en tête. Avec le temps, il a appris à avoir cette discipline. Il fallait être un peu derrière lui pour qu'il les fasse. Mais surtout, il a toujours aimé jouer avec les autres. Un peu comme Karim Benzema." Une comparaison récurente à l'OL qui a vu naitre les deux joueurs dans le monde professionnel. Chez les Bleus, Anthony Martial est devenu le plus jeune joueur à glaner une place de titulaire (19 ans et 10 mois) depuis... Karim Benzema en 2007 (19 ans et 9 mois). Comme son homologue du Real Madrid, il n'est pas question cependant d'imaginer que l'attaquant serait meilleur sur un côté. C'est bien dans l'axe qu'il peut exprimer son potentiel dans sa totalité. "À la limite à gauche, poursuit Gerard Bonneau. Mais surtout pas à droite car ce n'est pas un joueur de débordement qui aime centrer." À Manchester United où en équipe de France, à gauche ou dans l'axe, Anthony Martial fait l'unanimité. La simple hype pourrait alors laisser place à l'explosion d'une carrière.