"Je suis choqué de voir la tomate que j'ai produite et vendue à 30 DA le kg, se vendre à 150 DA à Zeralda", s'est indigné un agriculteur venu de l'est du pays pour participer à une réunion qui a regroupé le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, et l'Union nationale des paysans algé- riens (Unpa). cet état de fait témoigne, si besoin est, du dysfonctionnement dans le circuit de commercialisation des produits agricoles. Pourtant, on note 1 597 marchés, dont 43 dédiés au commerce de gros, 654 au commerce de détail, et 623 marchés hebdomadaires. Mais, il y a aussi les marchés informels et les spéculateurs qui font que les prix surtout des produits de première nécessit é se trouvent au sommet touchant particulièrement les poches des citoyens. C'est ainsi que lors de cette réunion tenue lundi dernier à Alger, plusieurs propositions ont été émises dans la perspective de réguler ce phénomène de la cherté des prix des produits agricoles. Parmi les propositions émises, on notera donc la première qui n'est autre que le plafonnement des prix des produits agricoles de large consommation dans la perspective de "freiner la spéculation pratiquée par les mandataires et les intermédiaires, poussant les prix à la hausse et nuisant au pouvoir d'achat du consommateur". Le secrétaire général de l'Unpa, Mohamed Alioui, et d'autres représentants de cette organisation, ont ainsi proposé au gouvernement une prise en charge de ces contraintes à commencer par celles liées aux prix et aux subventions. L'adoption d'un double régime fiscal favorisant la production agricole et dissuadant l'importation des produits agricoles cultiv és localement a également été préconisée. Concernant le plafonnement des prix, le ministre du Commerce, a estimé que la mise en place des marchés de gros allait permettre une confrontation de l'offre et la demande, ce qui dévoilera la réalité des prix. Mais selon lui, un plafonnement direct des prix s'avère une question plus compliquée car "cela nécessite des études approfondies pour définir les produits concernés, qui doivent, au préalable, être de large consommation et faire l'objet de spéculations cycliques". D'autre part, l'Unpa a suggéré une augmentation du prix du sachet de lait, fixé actuellement à 25 DA, pour permettre aux producteurs de faire face aux coûts de production lesquels ont connu des hausses importantes ces derni ères années. Toujours du côté de l'Unpa on déplore la stagnation du prix du sachet de lait depuis 20 ans, alors que le prix du même produit a augmenté, selon eux, de 6 fois en Europe et de 5 fois dans les pays voisins durant la même période. On fait savoir à titre d'argumentation que le coût de production dépasse parfois 60- 70 DA/litre, un coût auquel s'ajoute celui de l'aliment du bétail. Concernant le cas de la viande , l'Algérie importe actuellement des viandes congelées de pays d'Amérique latine et de l'Inde notamment. Sur ce sujet, les agriculteurs ont souhaité l'autorisation de l'importation de la viande fraîche auprès de certains pays d'Afrique comme le Soudan. "Les viandes du Soudan sont de bonne qualité, elles sont vendues dans plusieurs pays arabes mais nous ne comprenons pas pourquoi nous n'arrivons toujours pas à avoir l'aval du ministère de l'Agriculture pour importer de la viande de ce pays et pouvoir renforcer nos stocks stratégiques", s'est interrogé le président de l "'UNPA. Ace propos, M. Belaïb a assuré qu'il présenterait prochainement au gouvernement un projet portant révision des conditions d'importation des viandes en Algérie. "Nous voulons arriver à importer de la viande d'autres pays et dans des conditions meilleures que celles d'aujourd'hui", a-t-il dit. Evoquant les licences d'importation, le ministre n'a pas écarté l'intégration de certains produits agricoles, en cas de besoin, dans les produits concern és par ces licences. Aune proposition de l'Unpa de réviser la loi régissant le troc dans les zones frontalières du sud, M. Belaïb a avancé que ce texte, datant de 1964, allait être amendé pour ajouter ou supprimer des produits de la liste des produits concernés par ce type de commerce. Enfin à noter que selon l'Unpa, la population rurale en Algérie est actuellement de 14 millions d'habitants dont 4 millions d'agriculteurs alors que le nombre des petits agriculteurs tourne autour de 1,4 million de personnes.