François Hollande était à Athènes vendredi pour afficher son soutien à Tsipras. Le Premier ministre grec espère renégocier la dette en échange des réformes. Il est venu afficher le soutien de la France à la Grèce. En déplacement à Athènes depuis jeudi, François Hollande, était accompagné de pas moins de quatre ministres. Après avoir rencontré le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, le chef de l'Etat français s'est exprimé vendredi en début d'après-midi devant les députés grecs pour les encourager à continuer à adopter les réformes exigées par le reste de la zone euro en échange d'un troisième programme d'aide de 86 milliards d'euros de prêts. En échange, la France partagera son expertise. Michel Sapin a ainsi signé un partenariat "pour la mise en œuvre des réformes" pour aider Athènes à réformer son administration, à gérer les privatisations, ou encore à mieux collecter l'impôt.
La Troïka de nouveau à Athènes Depuis l'accord conclu in extremis avec Alexis Tsipras le 13 juillet, au terme d'un week-end extrêmement tendu, la Grèce a déjà touché 13 milliards d'euros remboursables sur 25 ans à partir de 2034, après l'adoption d'un premier train de mesures à la fin du mois. Si le Premier ministre grec a désormais les coudées franches sur le plan politique après sa victoire aux élections législatives de septembre, il doit pourtant encore accélérer le rythme s'il veut continuer à toucher l'argent de ses partenaires, qui ont saucissonné en tranches et sous tranches leur aide, afin de maintenir une pression constante. Pendant que François Hollande s'affichait aux côtés d'Alexis Tsipras, les " hommes en noir " du " quartet ", la fameuse Troïka (BCE, Commission, FMI) ressuscitée sous un autre nom depuis l'ajout du Mécanisme européen de stabilité (MES) vérifiaient sur place que le nouveau paquet de réformes adoptées à la fin de la semaine dernière était bien conforme à ce qui était demandé. Que l'âge de départ à la retraite, par exemple, serait bien relevé à 67. La relation avec Athènes a beau s'être apaisée, les sujets de discorde ne manquent pas. Les représentants des institutions européennes exigent ainsi une nouvelle loi qui permettrait aux banques d'expulser plus facilement les propriétaires incapables de rembourser leur emprunt immobilier. Les ménages concernés deviendraient expulsables lorsque la valeur de leur maison dépasse 120 000 euros et leur revenu annuel 16 000 euros par an (pour un couple). L'objectif poursuivi est de nettoyer le bilan des institutions financières afin qu'elles soient en mesure d'accorder de nouveaux prêts, mais aussi de limiter la facture de la recapitalisation programmée grâce à des fonds européens. Mais le gouvernement grec, lui, voit surtout qu'une telle mesure risque d'augmenter la misère sociale de familles déjà durement frappée par le chômage. Une dette à renégocier Il lui faudra pourtant bien trouver un terrain d'entente avec ses créanciers pour toucher les 3 milliards d'euros qui restent à verser sur la première tranche d'aide de 26 milliards proposée par les Européens. Les autorités grecques ont jusqu'à fin novembre pour remplir les conditions. Ce n'est qu'après, une fois une première évaluation trimestrielle des réformes entreprises, qu'Alexis Tsipras pourra enfin négocier le nouvel allègement de la dette que ses partenaires européens se sont engagés à étudier. Le Premier ministre issu de la gauche radicale a besoin de cette victoire politique pour montrer qu'il n'a pas cédé sur toute la ligne. Qu'il a obtenu quelque chose en échange de sa reddition cet été. Mais ses partenaires de la zone euro n'entendent faire que des concessions minimales. La dette grecque a beau dépasser 175 % de la richesse produite en 2014, son poids ne serait pas réellement un problème, argumentent-ils. Tout simplement parce qu'Athènes n'a presque qu'aucun intérêt à acquitter. Les taux accordés par les fonds de secours européens ont été largement abaissés et une période de grâce a été accordée à Athènes. Résultat, la Grèce ne rembourse plus que des intérêts au FMI et un tout petit peu à ce qu'il reste de créanciers privés. En 2015, Athènes a eu du mal à rembourser la dette détenue par la BCE et le FMI qui arrivait à échéance, faute de pouvoir réemprunter sur les marchés pour y parvenir, ce que fait n'importe quel autre Etat. Mais en 2016, ce problème va disparaître puisque la Grèce pourra utiliser le nouveau plan d'aide européen pour faire face aux remboursements. Et ce prêt ne devrait pas lui coûter plus de 1 %, soit tout juste le coût d'emprunt du MES et ses frais de gestion. " Ce n'est qu'à long terme que les Grecs bénéficieraient d'un allègement ", conclut donc un responsable européen. D'ici là, les partenaires de la Grèce espèrent qu'Athènes aura retrouvé le chemin de la croissance et sera capable de rembourser sa dette avec les intérêts sans trop de difficulté. Ils espèrent donc que les réformes structurelles imposées auront porté leurs fruits.
Des efforts trop importants ? Une réduction pure et simple de la dette grecque est donc totalement exclue. Alexis Tsipras devra sans doute se contenter d'un nouvel allongement de la maturité des prêts (qui atteint déjà plus de 32 ans) voire d'une période de grâce plus importante. Ce qui reviendrait en fait à rapprocher la dette grecque d'une dette perpétuelle (qui n'est jamais remboursée), conformément à ce qu'avait proposé l'ancien ministre des Finances, désormais célèbre, Yanis Varoufakis. Reste que pour beaucoup d'économistes, les exigences des Européens sont irréalistes. Car ils ont calculé le montant de leur aide en espérant que la Grèce serait capable de dégager un excédent budgétaire de 3,5 % par an à partir de 2018 (hors d'intérêt de la dette). Un excédent si important qu'il serait impossible à tenir, sauf à tailler tellement dans les dépenses publiques ou à augmenter les impôts à un niveau tel que cela empêcherait toute croissance.